2. Interprétation

2.1. Sainte-Marie et la paroisse du « Châtel »

La restitution de l’église Sainte-Marie dans son état du XIIe s. ne présente pas de difficulté majeure. Ses dimensions en plan sont restées inchangées depuis l’origine : 32,50 m de longueur interne, sur 14,10 m de large. Outre les portes et fenêtres aujourd’hui bouchées que nous avons déjà signalées, il faut faire abstraction des baies gothiques de l’abside et de la chapelle à l’entrée du bas-côté nord (d’ailleurs très restaurée au début du siècle), pour rétablir des ouvertures du type de celles du transept par exemple ; quant au couvrement, il faut probablement restituer des voûtes d’arêtes séparées par des doubleaux sur la nef et les collatéraux. En somme, les volumes d’ensemble n’ont guère été modifiés. Le clocher de croisée, lui, se reconnaît assez bien, tel qu’il se présente actuellement, sur la vue cavalière publiée au XVIe s. par Saint-Julien-de-Balleure, et sur plusieurs vues du XVIIe s. - en particulier celle d’Israël Sylvestre (ill. couverture, et 5 et 6). En revanche, la gravure de Dubercelle publiée par Juénin au XVIIIe s. montre un curieux étagement de toitures sur une tour à trois ressauts, qui ne paraît guère correspondre à la réalité (ill. 7).

Il ne fait pas de doute que l’actuelle église « de la Madeleine », intitulée comme telle depuis le XVe s., soit l’église-mère de la paroisse du « Châtel », attestée dès 1215 (cf. supra, I, Le contexte historique : 3.2. L’occupation du territoire urbain : les paroisses... ). Si sa construction remonte au XIIe s., on a évoqué plus haut la probabilité d’une église dans le castrum du haut moyen âge (supra, première partie : prémices... B. Tournus avant 875. 3.3. L’hypothèse d’une église « paroissiale » à l’intérieur du castrum). Sa situation en plein cœur d’un quartier occupé sans discontinuité depuis l’Antiquité, sur la rue principale, à mi-parcours du tronçon intérieur à l’enceinte (cf. ill. 264), suggère de reconnaître à son emplacement, la première église de Tournus à fonction paroissiale.

Enfin, le fait que cette église ait été reconstruite en entier d’un seul élan (voire, fondée de novo), témoigne du dynamisme du quartier à la fin du XIIe s. Cette initiative fait éclater les limites de l’ancien castrum en mordant sur le tracé du rempart antique - dont nous avons vu qu’il est malmené en plusieurs endroits dans cette période.