3.1. Un nouveau modèle de maison, majoritaire

3.1.1. Disposition générale : un immeuble orienté sur la rue

Une façade privilégiée pour une distribution simple et un plan en profondeur

Un premier ensemble de maisons, majoritaire, se distingue par une façade principale sur rue qui comprend, dans un mur goutterot, un portail cintré (en arc segmentaire) flanqué d’une porte à linteau droit sur coussinets au rez-de-chaussée (l’intervalle entre les deux pouvant se réduire à un simple pilier de pierres de taille), et à l’étage, une belle fenêtre à meneau ou une claire-voie. Dans certains cas - là où le réseau viaire est serré, dans le quartier du « Châtel » - c’est même la seule façade qui concentre toutes les ouvertures, le bâtiment étant mitoyen sur trois côtés.

Le portail bas donne accès à une grande salle au rez-de-chaussée, tandis que la porte à linteau droit dessert directement, par le biais d’un escalier droit appuyé contre un des murs latéraux, l’étage qui prend jour sur la rue. Ces deux niveaux, susceptibles d’être complétés par un second étage ou un comble, peuvent tout de même ouvrir vers l’arrière, par des portes et fenêtres moins nombreuses qu’en façade sur rue, sur un terrain attenant, une cour, ou simplement un ruisseau (bief Potet). Dans quelques cas, un accès se fait peut-être aussi à l’étage en façade arrière, par un escalier extérieur. Il n’est pas non plus exclu que le quartier du « Châtel » ait présenté des exemples de parcelles traversantes, où des fenêtres auraient pris jour de part et d’autre, sur deux rues parallèles (on peut se poser la question avec le n° 11, rue de la Fripperie, adossé au n° 8, rue Jules Ferry, et qui pourrait lui avoir correspondu). Sur les côtés enfin, les pignons sont, ou bien aveugles, ou bien faiblement percés de petites fenêtres, aux étages uniquement.

Dans tous les cas, le plan d’un tel immeuble, souvent mitoyen, est rectangulaire, toujours allongé à la perpendiculaire de la rue, parfois franchement en lanière. Divers appendices, à vocation utilitaire, peuvent néammoins s’y greffer.

Dans cette série, la maison 17, rue de l’Hôpital, s’affirme particulièrement grande (avec 11,70 m de large, pour 16 m de profondeur, hors-œuvre) : édifiée dans la seconde moitié du XIIIe s., c’est peut-être l’une des plus anciennes. Les maisons de ce quartier (rue de l’Hôpital, rue des Lambrois) sont de toutes façons parmi les plus larges (7 m et plus), quand les plus étroites (de 4,50 m, à 6 ou 7 m) s’observent dans le quartier du « Châtel » et de part et d’autre du bief Potet.

Encore une fois, cela ne signifie pas nécessairement que la parcelle correspondante soit à son tour étirée en profondeur. Ainsi, la maison 17, rue de l’Hôpital est-elle établie lors de sa construction dans l’angle d’un terrain ouvert, ou peut-être clos, mais beaucoup plus large que la maison elle-même ; à moins qu’un mur de clôture ait prolongé sa façade ouest en partie basse - ce qui à son tour ne préjuge pas de la forme et de l’extension du terrain arrière. De la même façon, il nous est difficile de nous prononcer sur l’espace qui s’étend à l’arrière des maisons rue de l’Hôpital ou rue des Lambrois, lequel ne se réduit pas forcément à la « cour arrière », chère à certains analystes de la forme urbaine. En revanche, de part et d’autre du bief Potet, où les façades arrières donnent à l’évidence sur le ruisseau, comme pour les rues les plus serrées du « Châtel », le plan de la parcelle se confond bel et bien avec celui de la maison.