Conclusion

Indéniablement, une dynamique urbaine s’affirme à la fin du XIIIe et au début du XIVe s. Elle se traduit surtout par une nouvelle configuration du bâti civil, et par de nouvelles formes d’emprise du sol urbain.

Parmi de nombreux vestiges d’habitat, souvent ténus, ou limités à des ouvertures parfois remontées, mais dans quelques cas très complets en élévation, se détache un modèle majoritaire de maison-bloc sur rue. Celui-ci comprend atelier ou entrepôt sans doute au rez-de-chaussée, et habitat à l’étage (aux étages, dans quelques rares cas), tous deux desservis directement depuis la rue, sur laquelle donnent également les fenêtres géminées aux montants moulurés de l’étage, formant parfois claire-voie. Dans plusieurs salles du rez-de-chaussée, le plancher de couvrement est soutenu par une file centrale de piliers, permettant le dégagement d’un espace utile plus vaste ; à l’étage, des galeries de bois peuvent donner sur la rue ou sur l’arrière. D’autres types de maisons sont moins bien représentés : certains s’inscrivent dans la continuité des logis en hauteur sur cellier du XIIe et du début du XIIIe s. ; d’autre annoncent peut-être des développements ultérieurs, comme l’immeuble de la rue du Bac avec sa vis d’escalier, ou comme la riche demeure du 61, rue du docteur Privey, qui assure la transition entre le modèle ancien de la maison - tour, et celui de l’hôtel noble sur cour privée intérieure, à corps de logis successifs reliés par des galeries - promis à bel avenir en France. Partout, de grandes fenêtres à coussièges attestent des progrès du confort domestique (accompagnées dans deux ou trois cas seulement de nouvelles cheminées), mais aussi du développement de l’ornementation urbaine, quand la répartition des ouvertures trahit de subtiles hiérarchies. Les maisons du type majoritaire se rencontrent surtout dans le sud de la ville, dans le quartier du « Châtel », et jusqu’au bief Potet - probablement aussi le long de la grand-rue.

Ultérieurement, dans le mouvement de reconstruction qui suit la guerre de Cent ans, la maison-bloc sur rue continue à se répandre à la fin du moyen âge, avec la généralisation du modèle de maison de ville sur boutique, pourvue de grands arcs, éventuellement disposés en ouvroirs ; de plus en plus, l‘accès aux étages se fait par un escalier sur cour, accessible au bout d’un couloir latéral. Parallèlement se développe le modèle de l’hôtel à galeries sur cour intérieure privée. Le tissu urbain se resserre, et achève de s’unifier à travers la ville.