Synthèse générale : L’abbaye et la ville, un developpement conjoint

Nous arrivons au terme de notre enquête. Après une mise au point sur les formes d’occupation urbaine aux origines de Tournus dans l’Antiquité et le haut moyen âge, nous avons parcouru successivement le site de l’abbaye Saint-Philibert, puis la ville qui s’est développée sur son flanc sud, étirée jusqu’au noyau fortifié d’origine romaine, ces « villa » et « castrum » de la donation de 875, enfin reconnus au XIIe s. comme une seule et même entité, un « burgus » à l’ombre du monastère. L’identification d’un certain nombre de vestiges antérieurs à la fin du XIVe s., inconnus ou mal perçus, la mise en phase d’ensembles homogènes en chronologie et leur datation, constituent les principaux apports de notre étude. Ces éléments sont conservés en élévation pour la plupart, et dans quelques cas seulement, issus de fouilles ou de sondages ponctuels. Pour la datation, préalable nécessaire à toute réflexion sur la durée, il aura fallu définir nos critères, à partir de chronologies relatives solides, d’après l’évolution de la construction maçonnée essentiellement, d’après des niveaux d’occupation stratifiés trop rarement, nous appuyant sur quelques mesures absolues (radiocarbone, dendrochronologie), sur les données du mobilier trouvé en fouilles, sur d’autres constructions bien datées dans la région, sur de rares données textuelles à l’abbaye, enfin sur des comparaisons d’histoire de l’art, en ordonnant les points de correspondance.

Au total, c’est la nature même de ces restes, qui nous a conduit à mettre en valeur, pour l’abbaye comme pour la ville, la période qui s’étend de l’an mil aux prémices de la guerre de Cent ans. La lente démarche archéologique que nous nous sommes imposée, dénouant patiemment l’écheveau des reconstructions successives, exigeait pour cette période une approche séparée des deux ensembles. En somme, l’étude du site abbatial, dense et bien identifié, se sera faite intensive ; extensive aura été celle des témoins d’une vie urbaine qu’il fallait glaner ici et là, au fil de paroisses, de rues et de « plastres » aux contours incertains. L’une et l’autre forment le corps principal de notre ouvrage.

A l’heure de conclure, après un bref rappel des données essentielles obtenues sur les origines du site et du monastère, ce sont donc les liens unissant l’abbaye et la ville, de l’an mil au milieu du XIVe s., qui doivent retenir notre attention.