Les origines

Dans un premier temps, nous avions circonscrit le castrum primitif, remontant jusqu’à l’époque romaine pour mieux définir ses limites originelles, datant même la construction de son enceinte entre 250 et 350, afin de prendre la mesure de la mutation urbaine qui accompagne ultérieurement le développement de l’abbaye. Il est probable qu’il soit le siège de la première église de Tournus, à fonction « paroissiale ». De la période qui court jusqu’à l’an mil, où sa fortification continue à jouer un rôle important, une fouille trop mesurée laissait juste deviner, et la continuité d’occupation du plus vieux quartier de Tournus, et la richesse potentielle de son sous-sol autour de l’église actuelle de la Madeleine.

Du monastère, dédié à saint Valérien avant l’arrivée des reliques de Philibert, les origines hautes restent largement muettes. Il est situé à 600 m du castrum, en bordure de la voie d’Agrippa. Mais il faudra interroger le sous-sol de la butte abbatiale pour en savoir plus sur son occupation dans le haut moyen âge ; nos investigations en fouille comme les découvertes du début du XXe s. y laissent entrevoir une passionnante réserve archéologique. On devine au moins un établissement initial plus restreint, concentré au sommet de la butte, entouré d’une nécropole matérialisée par la présence de sarcophages des Ve - VIIe s. La période comprise entre 875 et l’an mil semble avoir suscité d’importants terrassements, correspondant à un remaniement d’ensemble du site.

Aussi avons-nous idée de ce que sont les deux pôles principaux de Tournus, nettement séparés l’un de l’autre, à l’époque carolingienne. En revanche, à défaut de véritable fouille, et en l’absence de vestiges en élévation (habituelle au demeurant pour ces périodes), le secteur qui s’étend entre les deux, cette « villa » de la donation de 875, reste totalement méconnu avant l’an mil. La seule question que nous ayons pu poser à partir d’indices archéologiques, sans pouvoir y répondre avec certitude, concerne le tracé de la voie principale entre castrum et abbaye, vraisemblablement dévié petit à petit vers l’ouest à l’approche du monastère. Avec les fouilles et découvertes de sarcophages mérovingiens sur les hauteurs de Julienne et de Belné au cours du XXe s., on en sait plus sur les environs immédiats de Tournus que sur le cœur de l’agglomération pour le haut moyen âge.