Puissance abbatiale, contrôles spirituel et temporel du développement urbain (vers 1115 / 1120 - vers 1250 / 1260)

Dans la période qui court des années 1115 /1120 au milieu du XIIIe s., les vestiges offrent une vision plus complète du site abbatial. Or c’est, sans conteste, l’impression de richesse et de puissance qui l’emporte au monastère, quand des deux côtés de la clôture, les constructions nouvelles mettent en scène enjeux et relations de pouvoirs.

L’abbaye connaît alors son apogée. Ses revenus augmentent avec l’accroissement de ses possessions, proches ou lointaines, qui atteignent leur extension maximale ; les deux reprises successives du cellier des moines, au XIIe et XIIIe s., en fournissent peut-être une illustration concrète. Son indépendance est renforcée à partir de 1121 par l’obtention de l’exemption pontificale - fruit d’une patiente activité diplomatique si l’on en croit I. Cartron-Kawé1093. Et les tutelles laïques sont pratiquement inexistantes.

Cette prospérité semble rejaillir en partie sur la ville, qui fait irruption véritablement à cette époque. Deux faits tangibles accréditent son développement : l’éclatement du « castrum » au cours du XIIe s., dont l’antique muraille est désossée ici pour y appuyer une maison construite à l’extérieur, et abattue là pour faire place au chevet de la nouvelle église Sainte-Marie, et l’éclosion de ces églises et belles demeures de pierre du XIIe s. et du début du XIIIe, le long de la voie qui mène à Saint-Philibert. Or derrière cette évolution, on devine l’implication de l’abbaye, qui semble s’ouvrir à la réalité urbaine. La construction ou la réfection au cours du XIIe s., des trois oratoires qui s’alignent du nord au sud de Tournus, n’aura pas eu lieu sans son intervention; mais les puissantes demeures de privilégiés, qui structurent à leur tour le paysage urbain, nous apparaissent comme d’autres relais du pouvoir monastique, de type seigneurial celui-là.

Curieusement, même pour l’abbaye, cette période n’aura guère intéressé les historiens de l’art et spécialistes d’architecture monumentale. La coupole de l’église abbatiale, quelques éléments de scuplture, ont sucité de rares études ponctuelles1094. Seul, Jean Valléry-Radot s’est véritablement attardé sur les constructions du XIIe s., presque uniquement à l’église Saint-Philibert ; J. Henriet se contente de les mentionner après avoir récapitulé le contexte historique, dans les parties qu’il ne réattribue pas au XIe s., sujet de son étude ; enfin, E. Vergnolle présente les grandes lignes d’une chronologie de l’église, pour situer le contexte du groupe de sculptures qu’elle étudie. Quant aux restaurations du XIIIe s., elles ont tout juste droit à quelques lignes1095.

Il est vrai que cette longue période n’est pas parfaitement lisse, que l’abbaye paraît plus forte au début du XIIe s. qu’au XIIIe, et que la fin du XIIe s. est difficile pour elle sur les plans financier, politique et social. Ce n’est pourtant pas là que nous voyons une rupture essentielle. L’abbatiale et le cloître reçoivent même à ce moment quelques-uns de leurs plus beaux décors; au début du XIIIe s. en tout cas, la crise est dépassée. Et la lutte des habitants contre la seigneurie monastique entre 1165 et 1202, profitant sans doute de l’affaiblissement passager de la communauté criblée de dettes, est elle-même contemporaine de certaines des plus belles réalisations de l’architecture religieuse et civile dans la ville. Au fond, elle paraît s’inscrire dans la même dynamique : comme si l’impulsion donnée par les moines s’était propagée dans la ville, pour finalement se retourner contre eux. Au reste, l’accord de 1202, qui semble avoir ramené le calme pour cinquante ans, consacre la reconnaissance des Tournusiens par les moines, plus qu’il ne transforme fondamentalement leurs vies. Bien sûr, plusieurs historiens auront souligné avec raison, dans une perspective plus large, combien l’intervention dans la région du roi en personne à partir de 1166, et surtout l’installation définitive de ses agents, à Saint-Gengoux puis à Mâcon, changent la donne dans l’équilibre des pouvoirs1096. A Tournus, où le souverain reste d’abord l’allié des religieux, les conséquences ne semblent pas s’en faire sentir avant la seconde moitié du XIIIe s. L’abbaye conserve son prestige, et son autorité.

Dans les faits, l’inspiration religieuse n’a pas disparu des préoccupations des moines aux XIIe et XIIIe s. Mais ce n’est plus tant sur ce plan-là qu’ils innovent.

Assurément, leur spiritualité s’exprime dans des cycles iconographiques dont le monastère conserve d’intéressants témoins, sous forme de peintures essentiellement, voire de sculptures historiées, ou par le grand calendrier de mosaïque installé dans le déambulatoire du chœur de l’abbatiale, autour du maître-autel, dans la seconde moitié du XIIe s. Mais fondamentalement, on se situe dans la continuité des réformes du XIe s., et sur tout l’ensemble claustral, aucune disposition nouvelle ne vient remettre en cause l’organisation qui en est issue. Au mieux, on aura fondé quelque chapelle nouvelle. Et on aura cherché à raviver le culte de saint Valérien, ou à canaliser un pèlerinage demeuré populaire, par la fondation ou la totale reconstruction d’un oratoire à sa dévolution, juste à l’extérieur de l’enclos monastique - sans doute accompagnée d’un transfert de reliques. Peut-être a-t-on après cela, déplacé d’autres reliques - celles de Philibert ? - à l’intérieur du chœur, justifiant la mise en place de la mosaïque, comme le suggère E. Vergnolle.

Quoi qu’il en soit, l’opulence de la communauté s’affiche clairement dans les formes architecturales et l’exigence générale de qualité, qui affecte jusqu’à la mise en œuvre des maçonneries ; dans la recherche esthétique aussi, exprimée par une ornemention abondante, à l’abbaye comme aux églises dont les moines ont la charge, toutes reconstruites au XIIe s. à Tournus.

Au monastère, l’architecture du XIIe s. montre une réelle capacité d’innovation, illustrée par exemple, dans la coupole de croisée de l’abbatiale, ou dans la cuisine monumentale à plan centré, au fait des dernières recherches constructives de l’époque, sinon franchement d’avant-garde. Les influences croisées de la vallée du Rhône ou de l’Anjou trahissent autant la capacité d’échanger, de recevoir et d’adapter des exemples glanés d’un bout à l’autre de ses domaines : comme au XIe s. il est vrai, mais peut-être plus encore qu’au XIe s., surtout dans la France du Midi au sens large (Auvergne et Velay compris), du fait de l’expansion dans ces contrées des dépendances de Saint-Philibert. Dans le second quart du XIIIe s., l’adoption du style gothique dans les nombreuses restaurations de l’église et du cloître, s’avère moins novatrice. Peut-être est-elle aussi le reflet d’une influence royale grandissante, que l’abbé Bérard s’emploie à relayer.

Pour tous ces travaux, le décor est foisonnant. Il est certain que la sculpture du XIIe s. sous toutes ses formes est un joyau de l’abbaye - auquel il faut ajouter les effets de découpe de certains parements de pierres de taille, et de polychromie des matériaux. On en trouve des échos dans les trois oratoires édifiés ou restaurés dans la foulée des travaux de l’abbaye et sous leur influence, de la chapelle Saint-Valérien voisine à l’église Sainte-Marie « in castro », en passant par les probables restes, aujourd’hui dispersés, du décor de l’église Saint-André. A l’aune de la stylistique gothique, les crochets, pampres de vignes, culots ornés de têtes ou rosettes de l’abbatiale, du chapitre et du cloître, s’ils déclinent un répertoire plus standardisé, sont au moins représentatifs de leur époque. On ne saurait non plus faire abstraction des vestiges de décor peint des XIIe et XIIIe s., des Christ en majesté de la galilée et de la crypte, et des frises végétales mêlées d’animaux fantastique des grands arcs de la nef abbatiale, à la crucifixion de la chapelle Saint-Laurent : même s’il est difficile de les comparer à des représentations plus anciennes, aujourd’hui disparues. En revanche, le passage est saisissant, dans le déambulatoire de Saint-Philibert, du sol de terre battue du XIe s., au précieux pavement mosaïqué de la fin du XIIe, avec son message d’universalité, contenu dans la représentation des mois et signes du zodiaque, du cycle de la nature et du temps de Dieu. La confrontation est éloquente, elle traduit une sensibilité nouvelle, selon laquelle rien n’est trop beau pour célébrer la grandeur de Dieu... et de la communauté qui le sert.

Ainsi est mise en scène la fortune nouvelle du monastère. L’expression de puissance qui en découle s’adresse autant aux membres de la communauté qu’au monde environnant.

A l’abbaye même, l’affirmation symbolique du pouvoir est frappante dans la construction des deux clochers à grande flèche de l’église, de plus en plus richement décorés. Repérables de très loin, servant d’emblème aujourd’hui encore à la ville de Tournus, ils affirment à l’évidence, à des lieues à la ronde, la supériorité de l’autorité divine, et la faveur dont bénéficie la communauté de Saint-Philibert dans la proximité de Dieu. Plus discrètement, et à une échelle plus terrestre en quelque sorte, la petite tour qui domine le cloître au sud-est, face au clocher majeur, et entre dortoir et réfectoire, exprime à notre avis assez clairement, l’autorité de l’abbé sur les moines, au-dessus des lieux de vie par excellence, de la communauté. De fait, le pouvoir de l’abbé s’affirme plus que jamais depuis la fin du XIe s., au sein de toute la congrégation si l’on en croit Isabelle Cartron-Kawé, et dans un rapport direct avec le pape après l’exemption de 1121. C’est l’époque où l’on prend la peine d’officialiser le culte de saint Ardain, grand abbé réformateur du siècle précédent, par la translation solennelle de ses restes en 1140 : sans doute comme un exemple inspirateur, méritant la vénération de la communauté. Certes, l’institution de la salle du chapitre offrait déjà un lieu à l’expression de cette autorité ; et sa restauration au XIIIe s., confirme assurément sa valeur emblématique. Mais peu à peu, l’écart se creuse avec les autre moines.

Par rapport à l’extérieur, outre la magnificence affichée dans les bâtiments et le décor de l’église, l’abbé et la communauté illustrent aussi leur alliance avec la noblesse, leur pleine inscription dans le système seigneurial, dans le renouvellement profond de tout le pôle ouest du monastère, tourné vers le monde laïc. A ce titre, la reconstruction de tout le front occidental au début du XIIIe s. n’est probablement pas anodine, au moment où l’abbé Bérard poursuit une politique active d’extension de son pouvoir féodal et d’alliances équilibrées ; où il offre sépulture au comte de Mâcon dans la galilée à l’entrée de l’église, où il reçoit la comtesse de Chalon « comme une moniale et une sœur », et lui concède deux maisons à l’entrée du monastère - où enfin, il héberge la fiancée du roi Louis IX, en route vers son mariage. Dans ce contexte aussi, les deux tours rondes qui encadrent la grande porte d’entrée de la clôture abbatiale, devant la façade de l’église, affirment explicitement, dans un registre militaire cette fois-ci, non seulement l’indépendance du monastère, mais aussi son ancrage dans le monde féodal, dont elles reprennent symboles et valeurs.

Mais au-delà de la clôture, les moines se veulent sans doute, plus que jamais, ordonnateurs du paysage, monastique et urbain. Au XIIe s., ils ont visiblement les moyens de l’ubiquité, qui les conduit à étendre leur grande campagne de travaux à tout ce qui dépend de la communauté et relève du champ religieux à Tournus, depuis la chapelle Saint-Laurent au nord, jusqu’à l’église Sainte-Marie au sud. Cette vague s’étend peut-être même jusqu’aux prieurés immédiatement voisins du Villars et d’Uchizy, reconstruits eux aussi dans la première moitié du XIIe s.

Si l’on s’en tient à la ville, l’intervention du monastère paraît de fait incontournable dans la succession chronologique des travaux qui affectent tour à tour la chapelle Saint-Valérien, édifiée ou totalement reconstruite dans le second quart du XIIe s., dans la foulée du chantier principal de l’abbaye, puis l’église Saint-André 200 m plus au sud, à mi-chemin entre abbaye et castrum, au moins restaurée vers 1150, et enfin Sainte-Marie « in castro » à l’extrémité sud de la ville, entièrement reconstruite dans le milieu ou le troisième quart du XIIe s. On garde ici l’impression d’une avancée concertée. L’abbaye prend acte de la réalité de l’extension de la ville, mais l’accompagne et la régit - au temporel comme au spirituel. La destruction de tronçons des murailles du castrum pour agrandir l’église Sainte-Marie ne se sera pas faite sans l’aval de l’abbé, pas plus que l’apparition d’un nouveau siège de paroisse à Saint-André, dont le desservant est nommé par ses soins. Même le rôle de la chapelle Saint-Valérien n’est pas à négliger dans cette optique, qu’il y ait eu déjà un reste de cimetière à cet endroit, ou que sa fondation soit à l’origine de la nécropole où se feront inhumer les Tournusiens durant des siècles, «  juxta monasterium », à côté du monastère. En cherchant à raviver à cet endroit le culte du patron primitif de Tournus, en même temps qu’ils s’efforçaient de réintégrer cette tradition hagiographique locale dans la geste philibertine propre à leur communauté, les moines ont sans doute voulu à établir un pont entre l’abbaye et la ville. En définitive, c’est aussi par l’implication du monastère, que se sera faite l’unification des noyaux urbains d’origine, de ces « castrum et villa », bientôt regroupés sous le nom de « burgus » - ce qui suppose une forme de délimitation physique de l’ensemble, et peut-être, l’octroi d’un statut spécifique à ses habitants. Non sans heurts toutefois, car les moines s’adressent à un monde laïc en plein mouvement, qui ne se contente pas de cette tutelle : la commune de 1165 - 1170 en apporte la preuve.

De ce point de vue, le manque de vestiges attribuables à l’initiative des moines dans la ville au début du XIIIe s., alors que le monastère est en pleins travaux, illustre peut-être le reflux d’une part des prétentions abbatiales, une fois les structures mises en place, et une paix relative obtenue avec la communauté des habitants. Seuls y feraient exception les moulins sur la Saône édifiés par l’abbé Bérard, aujourd’hui disparus. On imagine que dans le discours des moines, cette réalisation d’ordre laïc, revendiquée comme œuvre de prestige, et qui fit l’objet de contestations, aura eu vocation charitable, puisqu’elle contribue à la subsistance de la population. D’un point de vue moderne, on l’analysera aussi comme une expression du pouvoir seigneurial.

Mais l’accompagnement par les moines, sinon le contrôle, du développement urbain, ne se sera pas fait sans relais de leur pouvoir à l’intérieur de la ville, dans le monde laïc. C’est le rôle qu’on peut attribuer aux propriétaires des quelques grandes maisons de pierre repérées par l’archéologie pour les XIIe et XIIIe s. Vraisemblablement, il s’agit de chevaliers ou familiers du monastère, ou encore de petits nobles des alentours, alliés des moines. La silhouette en hauteur de certaines de ces demeures, parfois leurs proportions, évoquent irrésistiblement le modèle de la tour du cloître de Saint-Philibert, que nous avons attribuée à l’abbé. Au reste, celle-ci est située, à l’intérieur de la clôture, du côté de la ville, qu’elle domine de fait, juchée sur la butte qui porte l’abbaye : ces belles maisons se succèdent en contrebas, dans son sillage - comme si l’autorité du père s’étendait ainsi sur ses dépendants.

Bien sûr, l’élan en hauteur des principales revendique un modèle plus large d’habitat aristocratique, celui de la résidence seigneuriale et de la maison forte : mais dans Tournus, entre « castrum »et abbaye, sous la houlette du pouvoir abbatial, celles-ci ne s’accordent aucun attribut défensif. Il semblerait qu’on touche, dès le début ou le milieu du XIIe s., une catégorie de Tournusiens aisés, peu conforme à l’image d’humbles serviteurs donnée par Falcon à la fin du XIe s.

A l’évidence se dessine une hiérarchie des habitants. Dans la topographie urbaine, qui se précise peu à peu entre «châtel» et abbaye, la situation des plus grandes de ces maisons, qui n’ont sans doute jamais été très nombreuses, n’est pas anodine. Parmi les plus anciennes que nous connaissions, deux d’entre elles ont été construites côte à côte, tout près de la grand’rue, devant l’église Saint-André, peu ou prou lorsque celle-ci était en travaux, vers le milieu du XIIe s. Sans doute se regroupent-elles autour d’un « plastre », espace ouvert commun, à la charnière des domaines public et privé. Une autre, au début du XIIIe s., est édifiée à la confluence des deux rues principales de l’agglomération. Et il n’est pas exclu que la maison du prévôt, principal officier de l’abbaye dans la ville, dont l’installation est attestée tardivement sur le vaste marché qui s’étend à la sortie de l’ancien «castrum », ait fait partie de ce groupe au XIIIe s.

Sans doute, l’élan en hauteur des plus grandes exprime aussi, avec la même volonté d’ostentation qu’à l’abbaye, une autorité réelle sur les habitants de Tournus. Ces belles demeures de pierre apparaissent comme des centres intermédiaires de pouvoir. Après le noyau de l’ancien «castrum », les principaux axes viaires ou l’aire de marché, avec les églises ou le cimetière, elles structurent elles aussi l’organisation nouvelle du tissu urbain, par cellules juxtaposées. Les plus puissants des habitants de Tournus regroupent sans doute autour d’eux, par le jeu des solidarités lignagères, alliés et protégés. Vraisemblablement, les maisons des plus humbles, dont les vestiges n’ont pas été reconnus à ce jour, se pressent à leurs côtés : on peut les imaginer peu différentes des maisons du bourg de Saint-Bénigne de Dijon à la même époque, de physionomie encore très rurale. Il faudra attendre la fin du XIIIe s., pour voir apparaître un nouveau type d’habitat.

Ainsi, à une ville qui se cherche, l’abbaye qui contrôle les paroisses offre son unité. Les habitants, dépendants des moines, encore soumis pour beaucoup à la main-morte avant 1202, se regroupent probablement par petites cellules, autour des nouveaux centres paroissiaux et derrière les plus puissants d’entre eux, alliés ou fidèles de l’abbé.

Notes
1093.

CARTRON-KAWE 1998, vol. III, p. 491 à 498.

1094.

DURLIAT 1975, VERGNOLLE 1975, 1978, 1994, et 2004 ; THIRION 1995, et ANGHEBEN 2003.

1095.

VALLERY-RADOT 1955 ; HENRIET 1990, p. 241 - 242, et 274 - 277, et HENRIET 1992, p. 116 ; VERGNOLLE 1975 et 2004.

1096.

DUBY 1953 (1988), AUMONIER-BRACCONI 1977, MEHU 2001.