2-6 Jean Paul Sartre (1905-1980)

Jean Paul Sartre découvrit la phénoménologie à Berlin alors qu’il avait vingt-huit ans chez Husserl et Heidegger et « vulgarisa » les thèses et le vocabulaire de la phénoménologie allemande dans des notes et critiques telles que  Esquisse d’une théorie des émotions  publiée en 1939.« La phénoménologie pour Husserl place le sujet au sein de son entreprise comme un « sujet magnifique » de l’idéalisme allemand et (…) le Je et la conscience sont des fonctions « contingentes » pour la subjectivité phénoménologique qui peut se concevoir sans eux ». Le dégoût de Sartre pour la société bourgeoise et les conventions sociales, son athéisme engagé et les évènements de l’époque le conduisirent à devenir le chef de file du mouvement « existentialiste » avec des ouvrages fondateurs dont le principal pour notre propos est peut-être  l’Etre et le Néant  (1943). En se refusant à déduire l’homme d’une nature préétablie et fixée, il résume sa doctrine dans la phrase célèbre : « l’existence précède l’essence ». Dans une œuvre pessimiste où l’écrivain va jusqu’à écrire : « tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre», et par un engagement politique et humain singulier (et souvent mal compris), il participa pendant près de trente ans à insuffler un discours phénoménologique dans la littérature et le monde des idées d’après-guerre.