5-2-2 La répétition, l’imagerie mentale

Comme l’a souligné Brewer (1986, 1996), le concept de mémoire autobiographique regroupe des terminologies et des définitions divergentes selon les auteurs. Brewer (1986) classifie la mémoire autobiographique en quatre types de représentations qui se différencient en fonction de la forme des représentations (imagées ou non) et de la nature de la source d’acquisition (unique ou répétée) : les souvenirs personnels (souvenirs strictement épisodiques), les souvenirs personnels génériques, les faits autobiographiques et le schéma de soi. Les travaux de cet auteur se focalisent sur deux caractéristiques phénoménologiques que sont l’imagerie mentale visuelle et la répétition du souvenir.

De nombreuses études ont mis en évidence l’interaction entre imagerie mentale visuelle et souvenir épisodique autobiographique. L’imagerie serait un gage de récupération d’un souvenir riche en informations génériques sur les principaux personnages, sur le lieu et l’organisation temporelle du souvenir vécu. La perspective « acteur » serait caractéristique des souvenirs épisodiques (Nigro et Neisser, 1983) mais le sujet pourrait changer facilement de perspective. Gardiner (1988) montre ainsi que la perspective « acteur » s’accompagne d’une réponse « se souvenir » et que ces réponses sont plus fréquentes pour les évènements récents, qu’anciens qui seraient davantage réorganisés (Conway, 1992). Dans ce courant de pensée, le rappel d’évènements publiques y compris riches en détails contextuels placeraient les sujets dans un rôle exclusif de « spectateur ».

Brewer souligne également que la répétition des souvenirs autobiographiques peut être de deux types : la répétition interne (raconter ou repenser un événement) qui serait un facteur de persistance d’un souvenir vivace, soit une répétition externe (vivre des évènements semblables) qui serait à l’origine d’un processus d’abstraction des représentations mnésiques autobiographiques. De nombreux auteurs (Cermark (1984), Barclay (1986), Linton (1988)) considèrent que la répétition conduit à une décontextualisation ou une sémantisation de l’information répétée alors que pour d’autres, la répétition renforce les souvenirs épisodiques. De la même façon, la répétition pourrait être un facteur favorisant la génération (et/ou le maintien et la constance) des souvenirs flashes.