2 L’organisation de la mémoire autobiographique

2-1 L’imagerie mentale

La mémoire autobiographique peut regrouper des données très différentes ce qui complique la lecture de la littérature. Ce terme concerne pour certains auteurs la mémoire épisodique autobiographique (Rubin, 1986, Wagenaar, 1986, Conway, 1992),pour d’autres la mémoire personnelle (Nigro et Neisser, 1983) ou encore les incidents autobiographiques (Kopelman et al., 1989). Brewer est l’un des premiers à proposer une classification des représentations en mémoire autobiographique distinguant deux formes de représentations : imagées ou non et, deux types d’expositions : unique ou répétée. Ceci conduit à quatre type de souvenirs.

La mémoire personnelle concerne des faits uniques et imagés (je me souviens du jour de notre rencontre à ce fameux concert) : seule cette mémoire est associée à la conscience autonoétique,

Les faits autobiographiques concernent des faits uniques mais n’ont pas de représentation imagée (je « sais » que je me suis abonnée pour aller régulièrement au concert en septembre 2005),

La mémoire personnelle générique concerne des évènements imagés mais dont la répétition a fait disparaître tout caractère phénoménologiques (je me souviens de mes leçons de piano, tous les mercredi matin)

Le schéma de soi représente nos goûts ou notre caractère (j’aime la musique).

Ce type de classification a conduit à toutes une série d’études visant à rechercher ce qui détermine la nature épisodique d’un souvenir. Plusieurs auteurs soulignent l’importance de l’imagerie mentale du souvenir : plus l’image étant précise, plus de détails étant récupérés. Conway (1988) va jusqu’à distinguer les indices visuels sur les « acteurs » de la scène mnésique, l’espace (le décor) et le temps où elle s’est déroulée. Certains auteurs s’intéressent à la capacité de rappeler un souvenir imagé selon que le sujet se situe dans le « rôle » de l’acteur ou du spectateur (Nigro et Neisser, 1983 ; Robinson et Swanson, 1993 ; Schacter, 1999).La réponse en tant qu’acteur serait plus fréquemment associée au fait de se « souvenir » de l’événement (Conway, 1996) lorsqu’on utilise le paradigme proposé pae Gardiner (1988) : « je me souviens (R) et je sais (K) ». Un sujet peut en outre changer de « rôle » pour un même souvenir. Le fait de passer d’acteur à spectateur diminue la tonalité affective du souvenir et ce changement est plus difficile pour les souvenirs plus anciens qui seraient pour Conway (1992) davantage réorganisés.