3-3 Cas particulier des amnésies transitoires

L’ictus amnésique se caractérise par une apparition brutale des troubles de la mémoire et un retour à la normale en quelques heures (durée moyenne de 4 à 7 heures). Le patient garde une amnésie définitive de ces quelques heures. Pendant l’épisode il pose de nombreuses questions itératives et se montre le plus souvent anxieux. Il existe toujours une note d’amnésie rétrograde mais son étendue est très variable. Certains patients ont pu oublier les activités faites quelques heures ou quelques jours avant l’épisode tandis que d’autres oublient plusieurs décennies (Evans et al., 1993 ; Guillery et al., 2000). La durée de cette amnésie dépendrait de la durée de l’ictus (Kritchevsky, 1992). Ainsi Evans et al., (1993) rapporte l’observation d’une femme de 55 ans qu’ils ont pu évalué le jour d’un ictus amnésique, deux jours après et 7 semaines plus tard. La mémoire autobiographique a été évaluée avec l’AMI (Kopelman et al., 1989). La mémoire non biographique a été évaluée avec une épreuve de visages : la patiente devait dénommer 50 visages (sans puis avec un indice sémantique puis à partir du prénom) et une épreuve d’évènements : la patiente devait reconnaître 50 évènements parmi des leurres puis les dater. Il existait un gradient temporel pour l’atteinte des connaissances biographiques sémantiques, la patiente n’ayant des difficultés que pour la période la plus récente. Par contre l’évocation de faits personnels épisodiques était difficile à toutes les périodes. Il y avait peu de difficultés pour les épreuves non biographiques : dénomination de visages (épreuve toutefois difficile y compris lors du re-test avec 70% de bonnes réponses) et évènements (hormis concernant les fausses reconnaissances assez nombreuses, dans 20% des cas). Les performances étaient normalisées dès 48 heures. L’amnésie concerne dans ce cas exclusivement les faits personnels mais dans d’autres observations peut concerner également les connaissances non biographiques tels que les questionnaires de personnes célèbres ou d’évènements publics (Hodges et Ward, 1989 ; Kapur et al., 1998 ; Guillery et al., 2000).

On peut rapporter aussi le cas de TB, secrétaire de 44 ans qui présenta une amnésie aigüe autobiographique, alors qu’elle se trouvait dans un magasin et qu’elle s’était rendue normalement à son travail le matin. Elle connaissait son nom mais ne pouvait fournir aucun détail la concernant, Venneri et Caffarra, (1998). Elle ne savait plus décrire son travail et ne reconnut ni son mari ni sa fille à l’hôpital. Elle réalisa le questionnaire autobiographique de Borrini et ne pût rappeler aucun souvenir épisodique et ce quelles que soient les périodes de vie. La mémoire personnelle épisodique et sémantique était également altérée. Par contre elle réussit parfaitement l’épreuve des visages célèbres et une épreuve d’évènements publics concernant des évènements survenus depuis 18 mois. Elle n’avait aucune difficulté pour enregistrer les faits nouveaux et se distinguait en cela d’un patient présentant un ictus amnésique. L’épisode dura 17 heures. Un examen par SPECT à l’HMPAO objectiva un hypodébit dans les régions temporopariétales droites. Une semaine plus tard, l’examen était normal. L’EEG objectiva un ralentissement frontotemporal bilatéral. Une semaine plus tard, il était normalisé. Comme toujours, ce type d’observation fait discuter une origine fonctionnelle ou organique. Néanmoins dans ce cas particulier, le phénomène est bref (17 heures), s’accompagne de données d’examens paracliniques troublantes et semble s’être installé sans événement de vie particulier et sans bénéfice secondaire évident. Cette observation évoque par tous ces éléments un tableau proche de ce qu’on observe parfois dans l’ictus amnésique mais bien sûr « en miroir » et est un nouvel exemple d’une atteinte dissociée d’un secteur de la mémoire rétrograde.