4-1 Dissociation entre la mémoire antérograde et la mémoire rétrograde

Certains auteurs ont rapporté des observations de patients qui présentaient une préservation de la mémoire antérograde dans des épreuves de mémoire épisodique alors qu’ils présentaient une importante amnésie personnelle épisodique rétrograde (Wilson et Baddeley, 1988 ; Van der Linden et al., 1992) ou le tableau inverse (Stuss et Guzzman, 1988). Dans la plupart des cas lorsqu’il y a atteinte de la mémoire rétrograde, et préservation des capacités antérogrades, celles-ci sont en fait très discrètement altérées.

L’amnésie rétrograde « relativement isolée » et toutefois rare. Markowitsch et al., (1993) rapporte ainsi l’observation d’un patient âgé de 45 ans qui après un traumatisme cranien (avec lésion des deux pôles temporaux prédominant à droite et du cortex préfrontal droit), présentait un profil de ce type. Celui-ci présentait dans l’AMI, une amnésie biographique plus importante pour la partie épisodique et moins sévère pour la période la plus récente ainsi que des difficultés dans l’évocation des visages célèbres alors qu’ils pouvaient acquérir des connaissances depuis l’accident : didactiques (localisation du Kilimanjaro) et personnelles (cadeaux et contexte d’acquisition). Certains auteurs interprètent ces dissociations par le fait que les processus de récupération, d’encodage et les délais de stockage de ces deux types de souvenirs seraient différents (Conway, 1990 ; Van der Linden, 1992). Pour d’autres auteurs, il s’agit d’un niveau de difficulté différent (Warrington et Mc Carthy, 1988) ou le fait que les connaissances épisodiques personnelles constituent unn domaine bien particulier (Baddeley, 1992). Ces données font discuter le statut « des souvenirs épisodiques » biographiques.