3 La théorie de la disconnexion

La théorie de la disconnexion propose que la reconstruction d’un souvenir nécessite un système de stockage des représentations et un système de médiation cognitive sous la dépendance du lobe frontal qui opère sur ces représentations, Warrington et Weiskrantz (1982). La récupération active d’un souvenir dépendrait du lobe frontal, les informations sémantiques dépendraient du lobe temporal, les informations épisodiques du fait de la richesse de leur indiçage sensoriel plus ou moins distribué dans les cortex associatifs temporopariéto-occipitaux, Hodges et Mc Carthy, (1995). La récupération du souvenir peut être automatique permettant un accès direct aux fragments épisodiques (« la petite madeleine de Proust »). La disconnexion peut conduire à un trouble d’intégration des connaissances autobiographiques avec déficit d’accès aux connaissances spécifiques (Cermark et O’Connor, (1983) ; Tulving et al., 1988) ou déficit d’accès aux connaissances générales (Ellis et al., 1989).

Le niveau de récupération et la spécificité d’un souvenir dépendrait de l’étendue de l’activa-tion multirégionale, elle-même dépendante du nombre de zones de convergence en cause réparties dans les régions frontales et temporales antérieures, Damasio et Damasio, (1994). Cette conception de vastes réseaux interconnectés permet d’expliquer des tableaux d’amnésie rétrograde isolée et sévère observés dans des lésions focales respectant le lobe temporal interne (Tanaka et al., 1999).

La jonction frontotemporale serait prédominante dans la récupération des souvenirs anciens (Markowitsch, 1995). Certaines données cliniques suggèrent une asymétrie cérébrale dans la récupération des souvenirs compatible avec le modèle HERA (Tulving et al., 1994) : la jonction frontotemporale droite jouant un rôle prépondérant dans la récupération se souvenirs épisodiques anciens et la jonction gauche un rôle prépondérant dans la récupération d’informations sémantiques anciennes, Kopelman et al., (1999a).