2-2 La mémoire autobiographique et la mémoire évènementielle

Maguire et Mummery (1999) ont étudié en TEP puis en IRMf (Maguire et al., 2000), la récupération de quatre types de représentations proches de celles qui ont été distinguées par Larsen (1985) en distinguant spécificité personnelle ou non et spécificité temporelle ou non : les représentations sémantiques (conceptuelles), les représentations historiques (factuelles), les représentations sémantiques d’identité et les représentations épisodiques autobiographiques. Dans la première étude, 8 sujets entendaient 96 phrases présentées en douze blocs , correspondant aux 4 classes de représentations et devaient répondre vrai ou faux (les sujets avaient répondu à un questionnaire quelques semaines auparavant afin d’élaborer des informations vraies et fictives). Une phase de repos et deux phases contrôles étaient réalisées.  Les résultats montrent des activations communes aux quatre représentations (passé lointain) dans le gyrus parahippocampique gauche, le cortex antéro-latéral gauche et le cortex cingulaire postérieur. Il existe en plus des activations propres aux représentations personnelles (jonctions bitemporo-pariétale) et des activations propres aux représentations personnelles et situées dans le temps (hippocampe gauche, pole temporal gauche, cortex préfrontal médian.

Cette étude a été repliquée en IRMf et les résultats confirmés (Maguire et al., 1999). Ces résultats semblent suggérer que la mémoire sémantique peut s’effectuer sans l’implication de l’hippocampe (Vargha-Kadem et al., 1997). Ils seraient également interprétables dans des conceptions distribuées de la mémoire où certaines zones coopèrent pour la récupération de certaines informations alors que d’autres sont impliquées quelque soit la récupération (Damasio et al., 1985). Par contre l’implication majoritairement de l’hémisphère gauche est plutôt à l’encontre des résultats attendus au vue des données neuropsychologiques (Markowitsch, 1995). Ceci pourrait être dû selon les auteurs au type de tâche utilisée (tâche auditivo-verbale), au fait que les souvenirs avaient une dimension temporelle (hippocampe gauche) prépondérante et une dimension spatiale (hippocampe droit) plus modeste. Certains souvenirs pourraient ne pas être épisodiques, au sens phénoménologiques du terme.

Dans une autre étude, Maguire et al,(2001a) étudie la récupération d’évènements autobiographiques et d’évènements publics récents (deux semaines avant le questionnaire) et anciens (il y a plus de 20 ans). Les auteurs considèrent ces deux types de souvenirs comme faisant partie de la mémoire épisodique du fait d’un contexte spatiotemporel précis. Maguire et al. (2001b) étudie le même paradigme chez le patient Jon présentant une amnésie bihippocampique précoce et chez 6 sujets contrôles. Ces auteurs se sont intéressés également à la réponse hippocampique en fonction de l’âge des souvenirs autobiographiques et des souvenirs des faits publics chez 12 sujets jeunes ( âge moyen de 32 ans) et chez 12 sujets âgés (âge moyen de 75 ans), et à l’effet de l’âge des sujets selon les quatre types de représentations. Maguire et ses collaborateurs montrent que la récupération mnésique, quel que soit le type de représentations, active un vaste réseau neural latéralisé à gauche comprenant le cortex préfrontal médian, les lobes temporaux externes et internes, le cortex cingulaire postérieur et la jonction temporopariétale bilatérale. Au sein de ce réseau, la récupération des évènements autobiographiques active plus spécifiquement l’hippocampe, le cortex préfrontal médian et le pôle temporal alors que les faits autobiographiques active plus particulièrement la jonction temporopariétale. Le pôle temporal et le cortex préfrontal médian sont deux régions impliquées dans la mémoire des connaissances personnelles, Maguire et Mummery, (1999). La récupération des évènements autobiographiques active l’hippocampe gauche, le pôle temporal gauche, le cortex préfrontal médian, la jonction temporopariétale bilatérale, le gyrus parahippocampique gauche, le cortex antérieur gauche et le cortex cingulaire postérieur. La récupération des faits autobiographiques active la jonction temporo-pariétale bilatérale, le gyrus parahippocampique gauche, le cortex antérieur gauche et le cortex cingulaire postérieur. La récupération des évènements publics et des connaissances générales active le gyrus parahippocampique gauche, le cortex antérieur gauche et le cortex cingulaire postérieur. Les auteurs démontrent ainsi qu’une région activée peut avoir de multiples fonctions. De plus, ils suggèrent l’existence d’un substrat neural spécifique aux évènements autobiographiques incluant le gyrus parahippocampique et l’hippocampe préférentiellement à gauche. En ce sens, l’étude du patient Jon est exemplaire, Maguire et al., 2001b. L’augmentation de la connectivité entre l’hippocampe et le gyrus hippocampique observée chez les sujets contrôles lors du rappel autobiographique n’apparaît pas chez Jon. Par contre d’autres régions sont recrutées en particulier le cortex rétrosplénial et le cortex préfrontal médian. Ce réseau « peu fonctionnel » expliquerait que Jon n’acquiert qu’un nombre très limité de souvenirs d’évènements autobiographiques.

Maguire et al, (2001a) montrent une augmentation de l’activité dans le cortex préfrontal ventrolatéral essentiellement droit lors de la récupération de souvenirs autobiographiques anciens. Cette différence ne s’observe pas pour les évènements publics. Par contre aucune modification de l’activité n’apparaît dans l’hippocampe en fonction de l’intervalle de rétention et ce quel que soit le type d’évènements.

Avec l’âge, les sujets ont tendance à recruter plus de régions, Maguire et al., (2001,a,b). la récupération des évènements autobiographiques active chez les sujets jeunes l’hippocampe gauche, le cortex frontal médian et le cortex rétrosplénial gauche et chez les sujets âgés, ces mêmes régions mais également l’hippocampe droit, le gyrus temporal moyen bilatéral.