1-1 Etude comparative en fonction des périodes

Une analyse de variance à deux facteurs (Groupe)6 x (Période)10, en mesures répétées pour le deuxième facteur, a été réalisée sur les taux de réponses obtenus pour les souvenirs flashes.

L’analyse révèle un effet principal du facteur Groupe (F (5,102) = 12.28, p = 0.001) et un effet principal du facteur Période (F (9,918) = 161.84, p = 0.0001) Une interaction significative entre les facteurs Groupe et Période (F (45,918) = 5.06, p = 0.0001) est aussi apparue (voir Figure 1). Des analyses séparées ont donc été effectuées pour chaque groupe de sujets afin de rendre compte précisément de cette interaction.

Pour le groupe âgé de 20 à 29 ans (F (9,153) = 61.16, p = 0.0001), les analyses locales montrent davantage de souvenirs flashes évoqués par rapport aux événements de la période 1990/1999 (50%), comparativement aux années 2000 et 2002 (F (1,153) = 94.22, p = 0.0001 et F (1,153) = 23.94, p = 0.0001, respectivement). Néanmoins, ce sont les événements de l’année 2001 sui suscitent le plus de souvenirs flashes (74%), comparativement à la période 1990/1999 (F (1,153) = 24.28, p = 0.0001).

Pour le groupe âgé de 30 à 39 ans (F (9,153) = 38.57, p = 0.0001), la période 1990/1999 suscite également plus de souvenirs flashes (51%) que les périodes suivantes,1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,53) = 49.03, p = 0.0001, F (1,53) = 88.63, p = 0.0001 et F (1,53) = 25.10, p = 0.0006, respectivement). Par contre, la période 1990/1999 ne suscite pas significativement plus de souvenirs flashes que l’année 2001 (54%).

Pour le groupe âgé de 40 à 49 ans (F (9,153) = 26.11, p = 0.0001), une fois encore les souvenirs flashes sont plus nombreux pour la période 1990/1999 (53%), comparativement aux périodes suivantes, 1970/1979, 1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,153) = 37.85, p = 0.0001, F (1,153) = 10.18, p = 0.001, F (1,153) = 29.38, p = 0.0001 et F (1,153) = 13.51, p = 0.004, respectivement). Par contre, les souvenirs flashes évoqués pendant la période 1990/1999 sont significativement moins nombreux que ceux évoqués pour l’année 2001 (66%) (F (1,153) = 4.47, p = 0.03).

Pour le groupe âgé de 50 à 59 ans (F (9,153) = 24.98, p = 0.0001), la formation de souvenirs flashes pour la période 1990/1999 est plus importante que pour les périodes suivantes, 1960/1969, 1970.1979, 1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,153) = 24.97, p = 0.0001, F (1,153) = 17.83, p = 0.0001, F (1,153) = 39.71, p = 0.0001, F (1,153) = 35.67, p = 0.0001 et F (1,153) = 21.10, p = 0.0004, respectivement). Les souvenirs flashes générés par rapport aux événements qui se sont produits en 2001 sont plus nombreux comparativement aux périodes suivantes, 1960/1969, 1970/1979, 1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,153) = 30.78, p = 0.0001, F (1,153) = 22.79, p = 0.0001, F (1,153) = 46.97, p = 0.0001, F (1,153) = 42.57, p = 0.0001 et F (1,153) = 26.47, p = 0.0001, respectivement). Par contre, l’année 2001 ne suscite pas plus de souvenirs flashes (54%) que la période 1990/1999 (49%).

Pour le groupe âgé de 60 à 69 ans (F (9,153) = 24.98, p = 0.0001), la période 1960/1969 suscite une augmentation de la génération de souvenirs flashes (54%), comparativement aux périodes suivantes, 1950/1959, 1970/1979, 1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,153) = 48.37, p = 0.0001, F (1,153) = 23.70, p = 0.0001, F (1,153) = 8.73, p = 0.0001, (F (1,153) = 16.21, p = 0.0001 et F (1,153) = 4.66, p = 0.05, respectivement). La période 1990/1999 (57%) ne se différencie pas de la précédente et entraîne aussi une augmentation du nombre de souvenirs flashes, comparativement aux périodes suivantes 1950/1959, 1970/1979, 1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,153) = 54.4, p = 0.0001, F (1,153) = 27.97, p = 0.0001, F (1,153) = 11.40, p = 0.0009, F (1,153) = 19.78, p = 0.0001 et F (1,153) = 6.66, p = 0.01, respectivement). Enfin, les scores les plus élevés sont observés pour l’année 2001 avec 68% de souvenirs flashes générés. Ce score se différencie significativement de celui observé pour la période 1960/1969 (F (1,153) = 5.15, p = 0.02) et est à la limite de la significativité lorsqu’on le compare à la période 1990/1999 (F (1,153) = 3.41, p = 0.06).

Pour le groupe âgé de 70 à 79 ans (F (9,153) = 24.98, p = 0.0001), le pourcentage de souvenirs flashes est plus nombreux pour la période 1960/1969 (44%), comparativement aux périodes suivantes, 1940/1949, 1950/1959, 1970/1979 et 2000 (F (1,153) = 18.89, p = 0.0001, F (1,153) = 24.52, p = 0.0001, F (1,153) = 24.06, p = 0.0001 et F (1,153) = 34.06, p = 0.0001, respectivement). Une tendance est observée entre la période citée précédemment et la période 1980/1989 (F (1,153) = 3.50, p = 0.06). La période 1990/1999 est celle qui génère le plus de souvenirs flashes (58%) et se distingue significativement des périodes 1960/1969 et 2001 (F (1,153) = 5.50, p = 0.02 et F (1,153) = 3.74, p = 0.05, respectivement). Quant aux scores observés pour l’année 2001 (47% de souvenirs flashes), ils sont plus élevés comparativement aux périodes suivantes 1940/1949, 1950/1959, 1970/1979, 1980/1989, 2000 et 2002 (F (1,153) = 22.62, p = 0.0001, F (1,153) = 28.74, p = 0.0001, F (1,153) = 28.25, p = 0.0001, F (1,153) = 5.20, p = 0.02, F (1,153) = 39.01, p = 0.0001 et F (1,153) = 3.71, p = 0.0001, respectivement).

En résumé, les événements qui se sont produits au cours des périodes 1990/1999 et 2001 éveillent des souvenirs flashes plus nombreux pour l’ensemble des témoins. Les événements relatifs à la période 1960/1969 augmentent aussi la formation de souvenirs flashes chez les témoins âgés de 60 à 79 ans.

Figure 1. Taux de souvenirs flashes évoqués par groupe en fonction des périodes
Figure 1. Taux de souvenirs flashes évoqués par groupe en fonction des périodes

Une analyse supplémentaire Groupe6 * Période5, en mesures répétées pour le dernier facteur, a été conduite, en vue de vérifier si des différences significatives apparaissent entre les groupes pour les vingt dernière années, c’est-à-dire de 1980 à 2002 (voir figure 2). Cette analyse a montré deux effets principaux, le premier concernant le facteur Groupe (F (5,102) = 4.31, p = 0.001), le deuxième le facteur Période (F (4,408) = 109.41, p = 0.0001). Une interaction significative entre ces facteurs est aussi apparue (F (20,408) = 3.2, p = 0.0001). Pour étudier plus précisément cette interaction, des analyses utilisant le t de Student ont été conduites afin de rendre compte des différences entre les groupes pour chacune des périodes.

Pour la période 1980/1989, les témoins âgés de 20 à 29 ans ne produisent pas de souvenirs flashes. Aucune différence significative n’est apparue entre les tranches d’âge suivantes, 30-39 ans, 40-49 ans et 50-59 ans. Par contre, la tranche d’âge 30-39 ans se distingue significativement des tranches d’âge 60-69 ans (t(34) = -2.24, p = 0.03) et 70-79 ans (t(34) = -2.14, p = 0.03), avec une génération plus importante de souvenirs flashes pour les personnes plus âgées (36% et 33% respectivement contre 18% chez les témoins âgés de 30 à 39 ans). La tranche d’âge 50-59 ans se différencie aussi significativement des 60-69 ans (t(34) = -2.62, p = 0.01) et 70-79 ans (t(34) = -2.58, p = 0.01), toujours en faveur des personnes plus âgées (16% de souvenirs flashes pour les 50-59 ans).

Pour la période 1990/1999, aucune différence significative n’est apparue entre les groupes de sujets. Les sujets jeunes produisent autant de souvenirs flashes que les sujets âgés.

Pour la période 2000, des différences significatives sont apparues entre la tranche d’âge 20-29 ans et les tranches d’âge suivantes, 40-49 ans, 50-59 ans, 60-69 ans (t(34) = -2.94, p = 0.005, t(34) = -2.58, p = 0.01 et t(34) = -5.46, p = 0.0001, respectivement), en faveur des témoins plus âgés. Aucune différence significative n’est ressortie entre les témoins âgés de 20 à 29 ans et ceux âgés de 70 à 79 ans (4% versus 10%). La tranche d’âge 30-39 ans se différencie aussi significativement des tranches d’âge suivantes, 40-49 ans, 50-59 ans, 60-69 ans (t(34) = -2.33, p = 0.02, t(34) = -1.99, p = 0.05 et t(34) = -4.67, p = 0.0001, respectivement). Ce sont toujours les témoins plus âgés qui génèrent un taux de souvenirs flashes plus importants. Tout comme pour les jeunes de 20-29 ans, aucune différence significative n’est ressortie entre les témoins âgés de 30 à 39 ans et ceux âgés de 70 à 79 ans (6% versus 10%). Enfin, une différence significative est révélée entre les témoins âgés de 60 à 69 ans et ceux âgés de 70 à 79 (t(34) = 4.22, p = 0.0002). La tranche d’âge 60-69 ans produit significativement plus de souvenirs flashes (30%) que la tranche d’âge 70-79 ans (10%).

Pour la période 2001, les jeunes de 20-29 ans produisent significativement plus de souvenirs flashes que les tranches d’âge suivantes, 30-39 ans, 50-59 ans, 70-79 ans (t(34) = 2.49, p = 0.01, t(34) = 2.89, p = 0.006 et t(34) = 3.33, p = 0.002, respectivement). La tranche d’âge 70-79 ans génèrent aussi moins de souvenirs flashes que les tranches d’âge suivantes, 40-49 ans et 60-69 ans (t(34) = -2.65, p = 0.01 et t(34) = -2.88, p = 0.006, respectivement).

Pour la période 2002, aucune différence significative n’est ressortie, au même titre que pour la période 1990/1999.

En résumé, les périodes 1980/89, 2000 et 2001 entraînent des différences significatives entre les groupes. Pour la première période citée, les jeunes sujets, c’est-à-dire âgés de 20 à 39 ans sont moins performants que les personnes plus âgées. Pour la période 2000, les sujets jeunes sont toujours moins performants pour générer des souvenirs flashes, comparativement aux autres tranches d’âge. Néanmoins, on constate pour cette dernière période un effet délétère de l’âge chez les 70-79 ans : la formation des souvenirs flashes semble être réduite. Pour la période 2001, une diminution du pourcentage de souvenirs flashes générés apparaît aussi pour les personnes âgées de 70 à 79 ans.

Figure 2. Taux de souvenirs flashes évoqués pour les périodes récentes en fonction de l’âge
Figure 2. Taux de souvenirs flashes évoqués pour les périodes récentes en fonction de l’âge

Une deuxième analyse supplémentaire Groupe3 * Période9, en mesures répétées pour le dernier facteur, a été conduite, en vue de vérifier si des différences significatives apparaissent entre les tranches d’âge 50-59 ans, 60-69 ans et 70-79 ans et affiner nos hypothèses en fonction de l’âge d’encodage. La période 1920/1939 a été supprimée de cette analyse car elle suscitait très peu de souvenirs flashes. Cette analyse a montré deux effets principaux, le premier concernant le facteur Groupe (F (2,51) = 7.35, p = 0.001), le deuxième le facteur Période (F (8,408) = 53.39, p = 0.0001). Une interaction significative entre les facteurs Groupe et Période est aussi apparue (F (16,408) = 3.73, p = 0.0001). Pour étudier plus précisément cette interaction, des analyses utilisant le t de Student ont été conduites afin de rendre compte des différences entre les groupes pour chacune des périodes (figure 3).

Pour la période 1940/1949, les sujets âgés de 50 à 69 ans génèrent significativement moins de souvenirs flashes que les témoins âgés de 70 à 79 ans (t(34) = -5.07, p = 0.0001 et t(34) = -4.91, p = 0.0001, respectivement).

Pour la période 1950/1959, les sujets âgés de 50 à 59 ans génèrent significativement moins de souvenirs flashes que les 60-69 ans et 70-79 ans (t(34) = -2.63, p = 0.01 et t(34) = -3.57, p = 0.001, respectivement).

Pour la période 1960/1969, le pourcentage de formation de souvenirs flashes est réduit pour les sujets âgés de 50 à 59 ans, comparativement aux sujets âgés de 60 à 79 ans (t(34) = -3.96, p = 0.0004 et t(34) = -2.37, p = 0.02, respectivement).

Pour la période 1970/1979, les sujets âgés de 50-59 ans génèrent cette fois significativement plus de souvenirs flashes que les sujets âgés de 70 à 79 ans (t(34) = 2.32, p = 0.02).

Pour la période 1980/1989, le pourcentage de souvenirs flashes est réduit pour les sujets âgés de 50 à 59 ans, comparativement aux tranches d’âge 60-69 ans et 70-79 ans (t(34) = -2.62, p = 0.01 et t(34) = -2.58, p = 0.01, respectivement).

Pour la période 1990/1999, aucune différence significative entre les groupes ne ressort.

Pour la période 2000, les personnes âgées de 60 à 69 ans sont significativement plus performantes que les sujets âgés de 70 à 79 ans (t(34) = 4.22, p = 0.0002).

Pour la période 2001, les personnes âgées de 60 à 69 ans forment significativement plus de souvenirs flashes que les sujets âgés de 70 à 79 ans (t(34) = 2.88, p = 0.006).

Pour la période 2002, aucune différence significative ne ressort.

En résumé, les personnes les plus âgées génèrent plus de souvenirs flashes pour les années anciennes. Pour les années très récentes, c’est-à-dire à partir de l’année 2000, le pourcentage de souvenirs flashes est réduit chez les personnes âgées de 70 à 79 ans notamment.

Figure 3. Taux de souvenirs flashes évoqués pour les périodes en fonction des témoins âgés de 50 à 79 ans
Figure 3. Taux de souvenirs flashes évoqués pour les périodes en fonction des témoins âgés de 50 à 79 ans