4-1. Etudes comparatives TOP 30 * EVE 30

Une analyse de la variance à trois facteurs (Groupe)3 * (Batterie)2 * (Subtest)4 en mesures répétées pour les deux derniers facteurs, a été réalisée sur les taux de réponses obtenus aux batteries EVE 30 et TOP30.

Pour les taux de réponses considérés avec la batterie TOP 30, nous avons totalisé les scores obtenus lors de l'évocation des personnes célèbres (l'évocation de la profession et l'évocation du nom) et les scores obtenus lors de la reconnaissance (reconnaissance de la profession et reconnaissance du nom).

Cette première analyse rassemblant donc les items des deux batteries EVE 30 et TOP 30 pour les trois types de groupes a révélé des effets principaux significatifs des facteurs Groupe F(2,27) = 21.48, p = .0001, Batterie F(1,27) = 38.04, p = .0001, et Subtest F(3,81) = 1.13, p = .0001, et deux interactions significatives entre les facteurs Groupe et Subtest F (8,108) = 6.02, p = .0001., ainsi qu’entre les facteurs Batterie et Subtest, F (3,81) = 6.71, p = .0004. Nous ne décrirons que la deuxième interaction dans la mesure où la première interaction sera à nouveau considérée dans les analyses suivantes.

Figure 2 : Taux de réponses pour les batteries EVE et TOP en fonction des subtests
Figure 2 : Taux de réponses pour les batteries EVE et TOP en fonction des subtests

L’interaction entre les facteurs Batterie et Subtest (Figure 2) indique que quel que soit le groupe, le taux de réponses correctes obtenu en Evocation est significativement plus élevé avec la batterie TOP-30, comparativement à la batterie EVE-30 (F(1,81) = 24.39, p = .0001), et il en est de même pour les questions de détail et la datation relatives aux personnalités (F(1,81) = 41.42, p = .0001 et F(1,81) = 26.17, p = .0001, respectivement). Par contre, en reconnaissance, les sujets ont des performances comparables dans les deux batteries.

Afin d'exploiter au mieux les données obtenues avec EVE 30, deux analyses de la variance à deux facteurs (Groupes)3 * (Subtest)4, d'une part, et (Groupes)3 * (Périodes)10, d'autre part, ont été réalisées. La première a été effectuée sur chacun des subtests composant la batterie EVE-30, quelle que soit la période donnée, la deuxième a été réalisée sur chacune des périodes, quel que soit le subtest donné.

Concernant EVE 30, la première analyse de la variance, (Groupes)2 * (Subtest)4 , a montré un effet principal du facteur Groupe, F(2,27) = 18.64, p = .0001, Subtest, F(4,108) = 1.11, p = .0001 et une interaction significative entre les facteurs Groupe et Subtest F(8,108) = 4.02, p = .0003.

Les patients ont le même profil de réponses (Figure 3). Néanmoins, l'interaction révèle que le taux de réponses correctes des personnes contrôles est plus élevé, comparativement aux taux de réponses observés pour les patients MCI et MA, quels que soient les subtests. La différence est significative entre les patients MCI et MA seulement pour les subtests Evocation et Datation.

Figure 3 : Taux de réponses à la batterie EVE en fonction des subtests
Figure 3 : Taux de réponses à la batterie EVE en fonction des subtests

Les analyses réalisées sur chacun des scores événementiels (évocation, reconnaissance, questions de détail, datation) montrent que les témoins obtiennent de bonnes performances dans EVE-30 (75% de BR en évocation, 96% en reconnaissance), y compris pour les questions de détails (72% de BR) et la datation (76%). Les patients MCI ont le même profil de réponses, mais obtiennent seulement 49% de BR en évocation. Ils sont bien aidés en situation de reconnaissance (83% de BR). Par contre, le taux obtenu pour la datation est peu élevé (57% de BR) et surtout celui pour les questions de détail (33% de BR). Enfin, les patients MA obtiennent 29% de BR en évocation, reconnaissent assez bien (74% de BR) mais sont pénalisés pour la datation (24% de BR) et les questions de détails (42% de BR).

La deuxième analyse de la variance à deux facteurs (Groupes)3 * (Périodes)10 en mesures répétées pour le deuxième facteur, a été réalisé tous subtests confondus, c'est-à-dire à partir du score qui cumule les taux de bonnes réponses en Evocation, Reconnaissance, Questions de détail et Datation. L'analyse révèle des effets principaux significatifs des facteurs Groupe, F(2,27) = 19,46, p = .0001 et Période, F(9,243) = 4.02, p = .0001, mais aucune interaction entre ces deux facteurs. Le taux global de bonnes réponses aux questions événementielles des patients MA est significativement plus faible (37%) que celui des témoins (76%). Par contre, aucune différence significative n'a été observée entre les patients MCI et MA, ainsi qu'entre les patients MCI et les contrôles. De plus, la période 1940-1949, et ce quel que soit le groupe de participants, suscite globalement de meilleures performances que toutes les autres périodes, excepté pour la décennie 1980-1989 et pour les années 2000 à 2003.

Les analyses locales montrent que la période 1940-1949 donne lieu à de meilleures performances que les périodes :

1. 1950-19569 et 1960-1969, F(1,243) = 20.3, p = .0001, qui ne diffèrent pas entre elles,

2. 1990-1999, F(1,243) = 10.35, p = .0015,

3. 2004, F(1,243) = 3.57, p = .05.

Nous présentons sur la figure 4, le profil de chaque groupe de sujets tout en prenant bien en compte que l'interaction entre les facteurs Groupe et Période n'est pas significative.

Figure 4 : Taux global de réponses correctes aux questions évènementielles par périodes
Figure 4 : Taux global de réponses correctes aux questions évènementielles par périodes

Concernant TOP 30, deux analyses de la variance à deux facteurs (Groupes)3 * (Subtest)4 et (Groupes)3 * (Périodes)8 ont été réalisées (Annexes 8 et 9, respectivement).. La première a été effectuée sur chacun des subtests composant TOP-30, quelle que soit la période donnée, la deuxième a été réalisée sur chacune des périodes, quel que soit le subtest donné.

La première analyse de la variance, (Groupes)3 * (Subtest)4 , a montré un effet principal des facteurs Groupe, F(2,27) = 17.81, p = .0001, Subtest, F(5,135) = 3.71, p = .0002 et une interaction significative entre les facteurs Groupe et Subtest, F(10,135) = 3.719, p = .0002.

Concernant l’interaction (figure 5), les comparaisons de moyennes entre les trois groupes de sujets ont montré que les témoins ont de meilleures performances, comparativement aux deux autres groupes de sujets et quels que soient les subtests. Par contre, entre les patients MCI et MA, la différence n'est pas significative pour les subtests Reconnaissance du nom et la Datation. La différence est tout juste significative pour les subtests Reconnaissance de la profession et Evocation du nom. On peut noter une tendance pour le subtest Evocation de la profession. La différence est significative pour les Questions de détail. On peut d’ailleurs conclure que la tâche la plus sévèrement déficitaire est celle des Questions spécifiques aux personnes célèbres (81% pour les témoins, 59% pour les MCI et 32 % pour les MA).

Figure 5 : Taux de réponses à la batterie TOP en fonction des subtests
Figure 5 : Taux de réponses à la batterie TOP en fonction des subtests

Les analyses réalisées sur chacun des scores événementiels (Evocation, Reconnaissance, Questions de détail, Datation) montrent que les témoins obtiennent de bonnes performances à la batterie TOP 30 (91% de BR en Evocation de la profession et 97% de BR en Reconnaissance). Leurs performances sont significativement plus faibles pour la Dénomina-tion (79% de BR), comparativement à l'Evocation de la fonction sociale, F(1,45) = 24.89, p = .0002. Par contre, la Reconnaissance des noms est équivalente (96% de BR) à la Reconnaissance de la profession (97% de BR). La différence entre les scores obtenus pour l'Evocation et la Reconnaissance est significative, F(1,45) = 51.44, p = .0001, que ce soit pour les noms ou la profession. Les performances obtenues pour la Datation (88% de BR) et les Questions de détail (82% de BR) sont bonnes, cette dernière épreuve étant la plus difficile.

Concernant les patients MCI, les scores obtenus dans TOP 30 sont significativement plus faibles que les scores obtenus par les témoins. Le taux de BR est de 72% pour l’évocation de la profession, et est significativement plus faible pour la dénomination (51% de BR), F(1,45) = 14.81, p = .0004. Les patients MCI sont aidés pour la Reconnaissance des noms ou des professions, par rapport à l'Evocation, F(1,45) = 5.96, p = .01. Les performances observées pour la Datation sont de 68% de BR et pour les Questions de détail de 60% de BR.

Les patients MA peuvent évoquer dans 53% des cas, la profession, et la reconnaître dans 73% des cas. Ils évoquent significativement moins bien les noms (32%), F(1,45) = 18.49, p = .0001, et en reconnaissent 75%. Au même titre que pour les témoins et les patients MCI, ils sont aidés par la reconnaissance, F(1,45) = 86.41, p = .0001. Par contre, ils sont très pénalisés pour les questions de détail (32% de BR). Enfin, pour la datation, leur taux de BR est de 55%.

La deuxième analyse de la variance à deux facteurs (Groupes)3 * (Périodes)10 en mesures répétées pour le deuxième facteur, a été réalisé tous subtests confondus, c'est-à-dire à partir du score qui cumule les taux de BR en Evocation, Reconnaissance, Questions de détail et Datation. L'analyse révèle des effets principaux significatifs des facteurs Groupe, F(2,27) = 23.25, p = .0001 et Période, F(7,189) = 7.47, p = .0001. Une interaction significative entre les facteurs Groupe et Période a aussi été observée, F(14,189) = 2.46, p = .0032.

Cette interaction (figure 6) révèle que les témoins situent mieux dans le temps les personnes célèbres, comparativement aux patients MCI et MA. Par contre, les périodes intermédiaires, à savoir les décennies 1940-1949, 1960-1969 et 1970-1979 ne diffèrent pas significativement entre les patients MCI et MA.Les célébrités récentes (périodes de 1980 aux années 2000) sont mieux situées par les patients MCI que par les patients MA, ainsi que les personnalités représentatives des époques 1920-1939 et 1950-1959.

Figure 6 : Taux global de réponses correctes aux questions sur les personnes célèbres par périodes
Figure 6 : Taux global de réponses correctes aux questions sur les personnes célèbres par périodes

Concernant les témoins, les analyses locales montrent que la période 1940-1949 donne lieu de meilleures performances, comparativement aux périodes suivantes :

- 1950-1959 et 1960-1969, F(1,63) = 3.76, p = .05, ces dernières ne différant pas entre elles.

- 1980-1989, F(1,63) = 5.42, p = .02,

- 1990-1999, F(1,63) = 10.91, p = .001,

- 2000 +, F(1,63) = 7.04, p = .01.

Les personnages, comme Joséphine Baker, Charlie Chaplin et Maurice Chevalier, célèbres entre 1920 et 1939, donnent aussi lieu à de très bonnes performances chez les sujets âgés, comparativement aux périodes suivantes :

- 1950-1959 et 1960-1969, F(1,63) = 7.4, p = .008, ces dernières ne différant pas entre elles.

- 1980-1989, F(1,63) = 9.03, p = .003,

- 1990-1999, F(1,63) = 15.85, p = .0002,

- 2000 +, F(1,63) = 11.09, p = .0006.

La décennie 1970-1979 représente aussi une période pour laquelle les performances sont bonnes, puisque le taux de bonnes réponses obtenu à cette période ne diffère pas significativement des périodes 1920-1939 et 1940-1949. Par contre, les périodes anciennes (1920 à 1949) sont significativement mieux rappelées (F(1,63) = 23.08, p = .0001) que les périodes plus récentes (des années 1980 à aujourd’hui).

Concernant les patients MCI, les analyses locales montrent que les périodes 1970-1979 et 1980-1989 donnent lieu à un taux de réponses significativement plus élevé (76% de BR et 72% de BR, respectivement) que celles observées pour les périodes 1950-1959 et 1960-1969 (60% de BR et 56% de BR, respectivement), F(1,63) = 5.48, p = .02. Par contre, les performances observées pour la période de 1970 à 1989, ne sont pas significativement plus élevées que celles observées pour la période de la guerre, 1940-1949.

Enfin, pour les patients MA, les analyses locales montrent que la période 1940-1949 donne lieu à de meilleures performances, comparativement aux périodes suivantes :

- 1950-1959 et 1960-1969, F(1,63) = 27.24, p = .0001, ces dernières ne différant pas entre elles.

- 1980-1989, F(1,63) = 6.75, p = .01,

- 1990-1999, F(1,63) = 8.24, p = .0056,

- 2000 +, F(1,63) = 7.27, p = .009.

Pour ce groupe de patients, les performances observées en 1920-1939 ont chuté comparati-vement à celles des sujets témoins et ainsi les personnalités célèbres à cette époque sont moins bien situées dans le temps, comparativement à la période 1940-1949, F(1,63) = 15.81, p = .0002, et aussi comparativement à la période 1970-1979, F(1,63) = 15.35, p = .0002. La période 1970-1979 donne lieu à des performances aussi bonnes que pour la période 1940-1949 et qui diffèrent significativement des périodes suivantes :

- 1950-1959 et 1960-1969, F(1,63) = 26.54, p = .0001,

- 1980-1989, 1990-1999 et 2000, F(1,63) = 10.64, p = .0018.