Section 2. Les approches théoriques relatives aux BCIM

La prise de conscience à partir des années 60 -70 de l’existence des problèmes de nature globale, tels qu’évoqués précédemment, a suscité dans l’univers académique l’émergence de réflexions cherchant à donner un cadre conceptuel cohérent à ces questions ainsi qu’aux politiques et instruments à mettre en œuvre pour les résoudre. Ces réflexions partent du constat que l’intégration croissante des économies affaiblit de plus en plus la portée des décisions ou des politiques strictement nationales. La résolution d’un certain nombre de problèmes est renvoyée à l’échelle internationale et nécessite une coordination des politiques publiques et des comportements des acteurs privés. La coordination passe par des règles et des institutions à renforcer ou à construire 88 .

Ces réflexions ont donné lieu à plusieurs approches qui s’opposent et renvoient aux questions de l’efficience des marchés, du rôle de l’Etat dans la sphère économique et de l’intérêt de l’action collective à l’échelle mondiale pour faire face aux problèmes mondiaux et garantir des intérêts communs globaux. La problématique de la mondialisation, souvent associée à celle du dépérissement ou de l’affaiblissement des Etats, pourrait constituer la clé de voûte de ces analyses. En effet, la vitesse et la compression de l’espace accroissent l’importance de la mondialisation en tant que discours remettant en cause la légitimité de l’Etat- nation ; même si ce constat n’est pas directement perceptible au premier abord. L’Etat ne se trouve pas occulté du simple fait qu’il dépend davantage des échanges avec l’extérieur ou qu’il subit la contrainte extérieure 89 .

Dans cette section, il sera donc question, dans premier temps, d’opposer deux approches distinctes qui renvoient à deux conceptions différentes de BCIM, celle fondée sur la logique du marché, inscrite dans une perspective libérale, se réfère aux défaillances des marchés et aux moyens d’y remédier par des arrangements collectifs (2.1) et celle de l’économie politique internationale, privilégiant les patrimoines communs, les rapports de force et les déséquilibres internationaux, et considérant que ce sont des interventions publiques qui garantissent les intérêts collectifs mondiaux (2.2). Nous concevrons enfin une approche hybride qui se veut conciliant entre les deux (2.3).

Notes
88.

Voir infra, chapitre 2.

89.

La contrainte extérieure s’explique là par l’interdépendance croissante des économies qui limite la capacité des Etats à réaliser leurs propres avantages indépendamment des intérêts collectifs mondiaux.