Conclusion – section 2

Au-delà des controverses que suscitent la détermination de BCIM et leur hiérarchisation dans le contexte de l’interdépendance croissante des nations, la fourniture de ces biens se heurte à des divergences de perception sur la tâche à assigner à l’Etat sur le plan économique. Elle soulève en effet le débat du collectif au sein d’une vision libérale du marché et renvoie à une conception aimée constituant un puissant levier politique. Au nom des exigences économiques, l’unanimité semble faite sur la nécessité d’assigner aux pouvoirs publics un objectif fondamental : garantir les conditions nécessaires à une utilisation optimale des ressources afin de maximiser le bien-être des individus. Pour ce faire, les théories défendent en premier lieu des mesures de lutte contre les trois grands types de défaillance du marché : les pouvoirs de marché, les imperfections informationnelles et la non-prise en compte des externalités. La puissance publique doit également offrir les conditions de la croissance : assurer un équilibre macroéconomique satisfaisant, encourager l’innovation et l’accroissement du capital humain, assurer la qualité des institutions nécessaires au bon fonctionnement du marché notamment.

Cette « légitimation » des interventions publiques se recoupe avec des besoins nouveaux de l’environnement international. Les enjeux qui naissent avec les concepts de BCIM justifient l’intérêt des actions collectives des Etats et le soutien à leur capacité de régulation. Ils songent que la somme de toutes les décisions des individus ne constitue pas une stratégie et que « la main invisible » de la théorie économique traditionnelle a besoin d’un regard pour être guidée. Ce regard, c’est celui de la collectivité, donc de son émanation l’Etat, qui, par ses choix de politique guide (devrait guider) le pays vers des objectifs communs 115 .

Il serait toutefois simpliste de croire que les objectifs fondamentaux assignés par les théories économiques aux pouvoirs publics sont issus d’une démarche objective, similaire à celle empruntée par les sciences exactes. En tant que science sociale, les sciences économiques ne peuvent pas se prévaloir d’une démarche purement scientifique : l’économiste est partie prenante de l’objet qu’il analyse. Ce point est particulièrement critique en sciences économiques puisque le but ultime de la démarche est de conseiller les autorités sur la mise en œuvre d’une politique visant à agir sur l’environnement économique des individus 116 . L’équivoque est souvent raffermie par l’impossibilité de réaliser des expériences visant à infirmer ou confirmer les enseignements retenus.

Enfin, nonobstant le décalage qui subsiste entre les approches théoriques, leurs enseignements majeurs résident dans la gamme des outils qu’elles offrent pour envisager une production optimale de BCIM. Ce qui conduit à examiner de près les mécanismes qui ont déjà permis de répondre aux aléas souvent avisés en matière de production et de financement de BCIM.

Notes
115.

La régulation serait-elle un bien collectif produit par l’Etat pour guider la main invisible du marché.

116.

Cf. Aussilloux et al (2003).