Ce qui constitue la particularité des BCIM, c’est l’absence de mécanisme économique ou politique permettant de les gérer de manière effective et efficace. Si une terrible tempête détruit une part significative de la récolte de maïs des Etats-Unis, l’ajustement des prix et des comportements des agriculteurs permettra de restaurer un équilibre entre les besoins et les disponibilités. Si le système routier français doit être modernisé, le gouvernement peut collecter des fonds nécessaires au développement d’une infrastructure de transport plus efficace. Mais pour les biens collectifs internationaux, il n’existe pas de mécanismes de marché, ou de système de gouvernement, disposant de moyens politiques nécessaires et capables de créer les incitations appropriées, qui permettraient de résoudre efficacement ce genre de problèmes. Les marchés peuvent certes faire des prodiges mais sont généralement incapables d’organiser la production de BCIM.
Ainsi, les BCIM qui occupent une place de plus en plus importante dans le monde d’aujourd’hui - en raison de l’interdépendance internationale croissante qui n’épargne aucune économie aussi lointaine soit-elle – se caractérisent essentiellement par l’existence de problèmes de production. Par leur nature, ils ne peuvent être facilement produits par la « main invisible » du marché. Qui plus est, il n’existe pas d’autorité supranationale ayant la légitimité de prélever des fonds internationaux pour leur financement et gestion. D’où, la théorie énonce que ces biens sont généralement produits en quantité insuffisante ; et que le sous-investissement considérable en ces biens vaut à la planète de connaître des crises globales en nombre croissant 117 .
Ainsi, nous tenterons, dans cette section, d’examiner les mécanismes de production de BCIM ainsi que les problèmes souvent insolubles que pose cette tâche et ce, à la lumière des approches théoriques précédemment énoncées (3.1). Ensuite, l’analyse abordera une seconde question, d’ordre financier, cherchant à définir qui va payer, quand et comment financer la fourniture de ce type de biens (3.2).
Signalons par ailleurs que la distinction entre la production et le financement ici s’explique par la nature de certains BCIM dont la fourniture optimale exige davantage de ressources financières. C’est ainsi le cas de la lutte contre l’endémie du Sida ou l’épizooties de la grippe aviaire. Tandis que, la stabilité financière internationale n’exige pas – à priori – de déblocage des fonds collectifs mondiaux.
Crises de liquidités internationales dues à l’instabilité financière internationale, pauvreté et misère dues à l’inégalité des richesses et à la mauvaise répartition des ressources à l’échelle mondiale, guerres et instabilités politiques dues à l’absence d’un ordre mondial fiable, etc.