A l’instar des biens collectifs, la production et le financement de BCIM pâtissent de difficultés analogues, même si celles sont amplifiées par l’absence d’un gouvernement mondial, dotés d’un pouvoir coercitif, permettant de collecter les ressources nécessaires afin de garantir les BCIM. En effet, les divergences d’intérêts, de vocations et des rapports de force entre les Etats incarnent les entraves institutionnelles à une fourniture optimale de ces biens. Les limites des approches citées permettaient de porter les expectatives sur la délégation de pouvoirs étatiques à des institutions internationales qui se chargeraient de défendre des intérêts communs globaux. Mais, la pratique des relations internationales, les traditions de certains pays – comme les Etats-Unis – et les préférences nationales pour l’indépendance – surtout dans des domaines comme la fiscalité – militent contre l’idée de céder une parcelle de souveraineté à une instance internationale. Il peut en effet leur sembler que le coût d’acceptation de la coercition est supérieur à ses bénéfices probables. Une des questions centrales soulevées par la théorie de l’intégration est de savoir comment des telles institutions pourraient être créées et admises de tous 190 . Ce qui fera l’objet du chapitre suivant.
Tous les Etats devraient déployer des efforts concertés pour assurer le financement de BCIM à travers la coordination et la coopération inter-étatique, ainsi que par le biais des institutions internationales, notamment les institutions de Bretton Woods. Mais, comme souligne Delaye (2002), la réponse à la question de financement de BCIM ne peut pas se limiter aux financements publics ; la réflexion doit aller plus loin. Il est essentiel de mettre au point des méthodes novatrices qui font appel à de nouvelles sources de financement publiques, privées, multilatérales ou bilatérales, permettant de favoriser une affectation des ressources et promouvoir la fourniture de BCIM. La taxation internationale est dès lors une option à ne pas sous-estimer ; des efforts devraient porter sur la façon de bannir les obstacles politiques et techniques auxquels elle se heurte.
Enfin, les interactions entre le financement de BCIM et l’APD ont quelque part le mérite de légitimer cette dernière autrement que par des justificatifs de solidarité ou d’éthique et de refonder la coopération internationale en retrouvant un fondement théorique ou idéologique aux politiques publiques. Toutefois, dès lors que les bénéficiaires de l’APD ne sont ceux dont les priorités en matière de BCIM priment (ex : lutte contre la pauvreté internationale, éradication du Sid,...), la fourniture de ressources additionnelles, de sorte que l’APD, peu abondante, ne soit pas détournée pour financer des BCI semblables à des biens de club.
Cf. Bruce and Sullivan (1971).