Dans ce monde d’interdépendance croissante, le bien-être des populations dépend non seulement d’un équilibre méticuleux entre les biens collectifs et privés mais aussi entre les biens collectifs nationaux, régionaux et internationaux. D’où l’importance d’avoir une définition claire et compréhensible des biens collectifs internationaux et mondiaux. Nous avons ainsi défini les BCIM comme étant des résultats (ou des biens intermédiaires) à caractère universel en ce sens que leurs bénéfices s’étendent à plus d’un groupe de pays, et n’excluent aucun groupe de populations ou de générations, présentes ou futures.
Cette définition n’est dissociée de l’importance de ce type de biens, révélée par la prise de conscience globale de leur caractère indispensable à un monde, plus que jamais intégré et interdépendant. La liste de ces biens est longue est s’allonge à mesure qu’ils mettent en évidence le danger que leur sous-production peut susciter à l’échelle mondiale : menaces sur l’atmosphère, péril nucléaire, dégradation des ressources naturelles, flux migratoires incontrôlés, risques de contamination sanitaire, instabilité des marchés financiers, etc.
Les approches théoriques relatives aux BCIM apportent une contribution significative à la compréhension des crises qui ébranlent l’économie mondiale et mettent en relief la nécessité de ces biens pour le bien-être mondial. Elles permettent également de montrer que les hypothèses sous-jacentes à l’efficience du marché étaient trop fortes pour être vérifiées et que la proposition selon laquelle la concurrence entre les territoires aboutissait à un optimum de type parétien (hypothèse Tiebout, 1956) ne tenait que dans des conditions très restrictives (Stiglitz, 1983). On en reteint en outre que les Etats-nations constituent la pierre angulaire dans le processus de fourniture de BCIM ; même si, dans le contexte de la mondialisation et d’interdépendances croissantes, certaines circonstances viennent à imposer la création des formules institutionnelles originales qui se substituent à l’autorité de l’Etat pour la production optimale de ces biens.
En effet, le déplacement des problèmes vers le domaine du global, les divergences des priorités et des objectifs, ainsi que l’absence de cadre international chargé de les considérer sont apparus comme étant une source de disfonctionnements. Un certain nombre de questions se posent vivement aux décideurs politiques : quels BCIM produire et en quelles quantités, et quels mécanismes faut-il mettre en place pour en assurer le financement de la fourniture de ces biens ?
Les sources de financement pour la fourniture certains BCIM sont abondantes. Les succès dans certains domaines et pour certains BCIM tiennent notamment au fait qu’ils font l’objet d’un regain d’appui et d’attention de diverses entités et que des efforts considérables sont souvent engagés pour les produire et financer leurs activités. Mais, compte tenu de la part considérable des dispositifs financiers qu’exige la fourniture de la plupart de BCIM, il est indispensable d’envisager d’autres sources de financement. La nature de ces biens appelle des financements globaux fondés sur l’équité et la solidarité. Diverses initiatives de taxations mondiales émergent, mais aucune ne semble aujourd’hui réellement acquérir un assentiment mondial.
Ainsi, devant une tâche aussi cruciale que la production de BCIM, il est à craindre qu’à moins de construire des approches efficaces et politiquement viables permettant de surmonter les obstacles auxquels elle se heurte, nous nous trouvions face à des situations non coopératives, dépourvus de stratégies concrètes pour produire ces biens. Par exemple, il est évident que l’idée d’une fiscalité mondiale pour le financement de BCIM demande un effort de la part de tous et que sa mise en oeuvre sous-entend bien des sacrifices et des compromis. Or cela n’est possible qu’à travers un ensemble de stratégies globales et bien coordonnées.
Dans cette perspective, des approches contemporaines apportent les éléments de réponse concernant la hiérarchisation et la coordination des objectifs multiples qui fondent une action collective internationale, nécessaire à la fourniture de BCIM.