Chapitre 2
Les approches "contemporaines"
de la production de BCIM

Introduction – chapitre 2

Le cadre théorique dans le chapitre précédent, incluant l’analyse conceptuelle et les approches relatives aux BCIM, enseignent sur le rôle déterminant que jouent et devraient jouer les Etats-nations dans la résolution des problèmes mondiaux de nos jours. La nature de ces biens exige une action collective qui dépasse les frontières nationales, pouvant couvrir le monde entier. Mais la combinaison des efforts globaux pour résoudre des questions mondiales est souvent contrariée par la hiérarchisation faite de ces dernières par les Etats, dont les besoins prioritaires et les exigences peuvent différer largement. Les pays développés tiennent plus au bon fonctionnement des marchés financiers internationaux que les PMA, dont la priorité pourrait être la lutte contre certaines maladies ravageuses, telles que la tuberculose ou le VIH/Sida ; même si les deux questions semblent préoccupantes pour toute la planète.

Une production optimale de BCIM doit donc tenir compte de façon équitable des exigences de tous les pays et concilier les priorités de toutes les populations. Ce qui implique une réelle coordination et une véritable coopération internationale entre Etats-nations. Pour déclencher l’engagement de tous les Etats dans ce processus, il est indispensable de suggérer un outil qui permet de montrer que la meilleure réponse aux besoins de toutes les nations passe par la réalisation de buts communs et la coopération internationale.

Ainsi, la théorie de la coopération internationale a fait ses preuves dans ce domaine pendant un certain temps. Fondée sur les consentements mutuels et le processus de négociation, la coopération internationale a servi d’instruments pour résoudre des questions mondiales dans les domaines économique, commercial, politique, sécuritaire, sanitaire, etc. Cependant, depuis ces dernières années, la coopération entre Etats connaît de plus en des limites, en partie, en raison de l’élargissement du cadre coopératif (la coopération étant toujours plus facile entre un nombre restreint de partenaires), et du fait du renforcement des acteurs de la société civile, de plus en plus exigeants et vigilants auprès de leurs gouvernants (section 1). La tentative de dépasser celles-ci a débouché sur la proposition de promouvoir des institutions publiques internationales afin de leur confier la tâche de résoudre des problèmes globaux alarmants de nos jours et de garantir des gains mutuels globaux, en fournissant les BCIM. Une option, qui est soutenue également par les pays développés et émergents qui n’ont pas voix au chapitre dans la conception, par le G-8, des orientations économiques mondiales (section 2). La défaillance des institutions internationales, notamment des IFI, dans certains domaines, est de plus en plus perçue comme la conséquence de l’inadéquation de leurs structures et gouvernance par rapport à l’ampleur des tâches globales qui leurs sont assignées. De même, le phénomène de la mondialisation et de l’amplification des interdépendances entre les sociétés du monde s’est accompagné de l’émergence d’une « société civile internationale ». Ce qui devrait conduire à examiner le processus de prise de décisions collectives à l’échelle mondiale, en envisageant l’implication réelle des autres acteurs concernés par les questions mondiales, à savoir la société civile et le secteur privé. L’approche de la gouvernance mondiale est ainsi considérée comme une disposition permettant d’équilibrer les relations économiques internationales et d’éviter la marginalisation de tout un pan de l’humanité (section 3).