C’est avec la création des Nations Unies, en 1945, sous la bannière des Etats-Unis, et la création d’une multitude d’agences spécialisées, effectuant différentes tâches, que les institutions internationales ont commencé à jouir d’une attention considérable au niveau international. Cependant, les recherches académiques dans le domaine des relations internationales ont permis d’illustrer le rôle que jouent les institutions internationales pour promouvoir l’action collective au niveau mondial. Ce qui permettra de trouver les moyens nécessaires pour résoudre des problèmes mondiaux qui préoccupent de nos jours l’humanité. Le caractère indispensable de ces institutions dans la promotion de la coopération internationale se mesure à travers les axes stratégiques suivants : i) elles affectent les conséquences des actions des Etats, par le fait qu’elles trouvent des moyens institutionnels pour permettant de discipliner les attitudes des Etats et de contenir leur "égoïsme" dans des limites acceptables, en coordonnant et harmonisant des stratégies et politiques publiques – au niveau mondial –, permettant la réalisation des objectifs communs et de défendre des intérêts globaux ; ii) elles favorisent la connaissance au moment ou les acteurs font leur choix, car au niveau cognitif, elles perçoivent l’état de la connaissance scientifique dans les domaines qu’on veut réglementer et jouent un rôle primordial en matière d’harmonisation et de définition des normes permettant la lecture universelle des statistiques publiées par les autorités et organismes nationaux ; ce qui permet de forger une conscience globale sur l’existence et l’acuité d’un problème mondial ; iii) elles influencent les valeurs fondamentales au moment ou les acteurs interagissent et ce, en se constituant de champ d’influence de l’opinion publique mondiale sur certaines questions, telles que la protection de l’environnement, le respect des Droits de l’Homme, le financement du développement, etc. permettant d’orienter les comportements dans une logique collective favorable à la fourniture de BCIM.
Ainsi, dans le contexte actuel de la forte imbrication des économies nationales où chaque Etat, pris individuellement, est incapable de faire face aux incertitudes économiques et financières prévisibles, l’intérêt des IFI se révèle dans leur capacité à forger et coordonner l’action collective internationale nécessaire pour répondre aux besoins de l’environnement international actuel 260 . Au demeurant, la plupart des institutions internationales créées au cours du siècle dernier ont pour tâche de faciliter cette action collective – dans divers domaines – nécessaire à la production de BCIM. Et l’interdépendance croissante entre ces biens explique en partie et sans surprise la similitude entre les mandats de ces institutions 261 . Le FMI, par exemple, contribue aux efforts internationaux d’harmonisation des statistiques, à travers l’élaboration des standards internationaux, reconnus de tous, dans une variété de domaines économiques et financiers 262 . D’autres IFI, publiques, semi-publique ou privées, contribuent au renforcement de la compatibilité et de la transparence, ainsi que de la surveillance des banques, à l’échelle mondiale (ex : le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire 263 ), des marchés de valeurs mobilières (ex : l’Organisation internationale des commissions de valeurs mobilières) et du marché de l’assurance (telles que l’Association internationale des autorités de contrôle de l’assurance). Cependant, nonobstant des succès effectifs dans l’actif de ces différentes institutions, certains théoriciens concluent à l’inutilité ou la superfluité de leur rôle en arguant par leurs agissements au service de la mondialisation et des objectifs purement libéraux.
Ainsi, nous nous attachons à étayer ces raisonnements à l’aide de quelques modèles théoriques qui offrent un éclairage sur l’aptitude des institutions internationales à forger un cadre consensuel favorable à la production de BCIM. Nous pouvons ainsi distinguer deux approches des relations internationales.
Et ce, à travers les règles et normes générales qu’elles conçoivent et veillent à leur application, permettant de réaliser des objectifs globaux. Cf. Macleod, Dufault et Dufour (2004).
Voir infra, partie 2.
Notamment dans la supervision bancaire, la surveillance des assurances, des titres et de système de paiement, la transparence des politiques monétaires, financières et budgétaires, etc. Voir infra, chapitre 3.
Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, créé en 1974, regroupe des banques centrales et des organismes de réglementation et de surveillance bancaires des principaux pays industrialisés dont les représentants se rencontrent au sein de la BRI, à Bâle, pour discuter des enjeux liés à la surveillance prudentielle des activités bancaires. Son rôle principal est d’établir des normes et des lignes directrices générales et de formuler des recommandations à l’égard des pratiques exemplaires. Voir infra, p. 278.