Section 3. La perspective de « la gouvernance mondiale » pour la production de BCIM

Les difficultés rencontrées par les institutions internationales, lorsqu’il s’agit de coordonner les actions des gouvernements dans l’identification des questions globales et la définition des moyens d’action pour les résoudre, s’expliquent par l’inadéquation entre cette forme de gouvernance et les défis mondiaux actuels. Les asymétries des relations économiques et financières internationales (inégalités des gains des échanges mondiaux, distorsion sur les taux d’intérêts et d’échanges, irrégularités des flux financiers, etc.) tendent à ternir la légitimité des IFI, censées internaliser les externalités liées à ces phénomènes, et à créer les conditions de leur désapprobation. Ce qui a conduit à la création d’autres lieux de discussion et d’expériences. En effet, de nombreuses analyses montrent l’efficacité des coalitions ad hoc pour tenir les engagements pris, le rôle des entreprises, de la société civile, l’importance stratégique de l’échelon régionale, pour définir des normes d’action collective permettant de traiter les questions globales et de produire les BCIM.

Ainsi, l’approche de la « gouvernance mondiale » souligne l’intérêt d’un cadre global où un ensemble de principes, de pratiques et institutions communes concourent à la formation de normes collectives qui s’imposent aux Etats, à la définition des orientations de l’action collective, ou à la fixation des règles directement applicables aux acteurs privés 295 . Cette résolution implique en effet de réfléchir sur la façon dont l’économie mondiale est gouvernée, se rapportant au problème de base de l’organisation économique internationale : comment gouverner sans gouvernement 296  ? Fondée sur une nouvelle vision du monde et des principes de gouvernance globalement admis et reconnus de tous, cette approche tient compte des interdépendances accrues entre les sociétés et entre l’humanité et la biosphère, favorisant ainsi l’adoption d’instruments nouveaux plus à même de relever les défis du monde actuel 297 . Il est clair aujourd’hui que la résolution mondiale du développement durable exige l’implication des acteurs jadis ignorés sur l’échiquier international, à savoir les acteurs de la société civile et les entreprises privés.

Ainsi, suivant les questions considérées et la nature de BCIM à fournir, les nouvelles pistes pour débloquer le processus intergouvernemental global sont de nature très différente ; allant d’initiatives intergouvernementales à des initiatives strictement privées, en passant par différentes configurations d’acteurs.

Notes
295.

Cf. Jacquet et al (2002).

296.

Ibid.

297.

Pour plus de précisions sur le concept de la gouvernance mondiale, voir Smouts (1998).