« Grande est notre faute si la misère de nos pauvres découle non pas de lois naturelles, mais de nos institutions » ;Charles Darwin.
Nous avons démontré précédemment l’intérêt des approches en termes de BCIM pour saisir les origines des problèmes globaux de la planète, qu’il s’agisse des inégalités et la pauvreté, du réchauffement climatique ou de l’instabilité économique et financière internationale. En effet, dans le mouvement actuel de la mondialisation, de nombreuses questions, anciennes ou nouvelles, sont aujourd’hui traitées en termes de BCIM. Ces approches ont permis de rendre compte de la nécessité de la coopération internationale et de l’action collective pour produire cette catégorie de biens. Car les questions globales doivent dorénavant être traitées à l’échelle globale. De même, il semble que les problèmes globaux ne peuvent être réglés par des accords entre quelques Etats, même les plus puissants. Leur traitement efficace nécessite un consensus international minimal associant l’ensemble des pays de la planète. L’éradication du terrorisme international, par exemple, n’a aucune chance d’aboutir si l’on n’associe pas tous les pays du globe à cette tâche.
Mais, la difficulté majeure rencontrée par la communauté internationale est l’absence d’une instance mondiale légitime – à l’instar de l’OMC dans le domaine du commerce international – pour piloter les actions en faveur du traitement de ces problèmes globaux, qui préoccupent l’humanité entière. En d’autres termes, l’une des questions essentielles que soulève la production de BCIM étant de savoir comment coordonner les actions des différents acteurs et combiner les instruments nécessaires à leur production, le défi auquel sont confrontées les organisations internationales est donc de rendre cet environnement accessible et plus probable. L’architecture des organisations internationale constitue en effet le cadre idéal pour intégrer et organiser le traitement de ces biens. Elles contribuent en effet à concrétiser les bénéfices de la coopération à travers leur capacité à converger les positions des acteurs, notamment des Etats-nations, vers une solution idoine profitant à tous.
Eu égard à l’ampleur des problèmes globaux et, notamment, à leurs conséquences sur l’économie réelle, cette tâche pourrait devenir la principale justification des institutions économiques et financières internationales (telles que le FMI, la BM, l’OMC, la BRI, le GAFI,...), qui jouent un rôle prépondérant dans le système de gouvernance mondiale. Elles contribuent à créer des incitations appropriées et des mécanismes de coordination susceptibles de conduire les autorités nationales à s’engager dans la résolution des questions globales afin de préserver des intérêts collectifs mondiaux ou d’internaliser les externalités liées à l’ordre économique mondial.
Ainsi, les objectifs des institutions de Bretton Woods sont de promouvoir la stabilité économique et financière, renforcer la croissance économique et combattre la pauvreté au niveau mondial. Pour les atteindre, les institutions de Bretton Woods suivent des démarches plus ciblées, liées à leurs compétences respectives. En sa qualité de garant de la stabilité monétaire et financière internationale, le FMI s’intéresse de près à des normes et codes de bonne conduite de portée mondiale en matière de gestion économique et financière, permettant de réduire les risques de crises financières et de garantir la stabilité financière à l’échelle mondiale. En cas de crises financières, il intervient, à travers une panoplie d’instruments dans le but d’en atténuer les conséquences. De son côté, la Banque mondiale, chargée de soutenir le développement économique durable au niveau mondial, collabore étroitement avec les autres partenaires de développement pour atteindre cet objectif et combattre la pauvreté dans les pays du Sud.
Cependant, les IFI ont certes un mandat mondial, mais elles ont une vocation essentiellement économique et, en conséquence, demeurent sous l’influence des principaux contributeurs qui régissent leur fonctionnement. Elles opèrent souvent dans le domaine public, avec les gouvernements nationaux comme interlocuteurs ou partenaires 351 . Une telle conjoncture n’est pas sans poser certains problèmes d’ordre pratique, tels que le degré réel d’autonomie des IFI et leur aptitude à imposer certaines normes universelles. Compte tenu de ces aspects ainsi que de la portée des problèmes mondiaux, il importe de s’interroger sur la pertinence des ces institutions, et de savoir si leur compétence thématique leur permet de considérer parfaitement les questions globales dont elles ont la charge ; ou, plus précisément, de savoir si les IFI sont à même de produire les BCIM qui reflètent les besoins de l’humanité dans le domaine économique.
Pour répondre à ces questions, il convient de dépasser partiellement le cadre théorique pour examiner les actions des IFI d’un point de vue plus empirique. Ainsi, il sera question d’examiner, dans un premier temps, le rôle que pourraient et/ou devraient jouer les IFI (particulièrement le FMI) pour assurer la stabilité financière internationale. L’analyse sous l’angle des approches relatives aux BCIM serait d’une grande utilité pour mettre en filigrane les enjeux réels que comporte cette tâche (chapitre 3). Ensuite, notre étude portera sur les démarches de la Banque mondiale, qui contribue fortement aux actions de fourniture de BCIM, avec comme cas concret le développement global et la réduction de la pauvreté internationale. L’objectif étant d’apporter une contribution à cette vision, en proposant une meilleure base d’analyse pour l’élaboration de politiques globales destinées à entraver la dynamique du sous-développement et de la pauvreté internationale, qui constituent le double fléau de ce siècle (chapitre 4).
Ainsi, l’essentiel des financements de la Banque mondiale ne peut bénéficier qu’aux Etats.