Le système financier international a connu des changements importants avec le phénomène de la globalisation financière. Cette dernière impliquant une intégration de plus en plus poussée des marchés financiers et la libre circulation des capitaux par delà les frontières nationales, s’est traduite par une libéralisation des systèmes bancaires et financiers 391 , par une privatisation des banques et des institutions financières et par l’abolition graduelle des contrôles de changes. Conséquence directe de l’absence de cadre réglementaire, ce phénomène a caractérisé, depuis le début des années 80, l’ensemble des pays développés ; mais il a commencé aussi à s’étendre, à des degrés divers, aux PED&E eux-mêmes. Cependant, nonobstant ses opportunités énormes pour les acteurs financiers, il constitue une nouvelle source d’instabilité financière, dans la mesure où il a suscité une fragilité accrue et une instabilité persistante, en particuliers, sur les marchés émergents. Celles-ci se reflètent sur la détermination des prix des actifs financiers, bouleversant l’allocation de l’épargne à l’échelle mondiale et débouchant sur des crises systémiques. La répétition des crises financières depuis le début des années 1990 et leur propagation sur les marchés financiers internationaux ont suscité des inquiétudes quant à leur prévention et, par conséquent, au sujet de la stabilité financière internationale.
Ainsi, la stabilité financière internationale est un phénomène relativement nouveau, qui a pris de l’ampleur avec la mondialisation financière. Comme le note Issing (2003), plusieurs auteurs trouvent plus facile de définir l’instabilité financière internationale que sa contrepartie positive. D’où, la tendance à se référer à l’absence d’instabilité et des crises pour indiquer la stabilité financière internationale. Ainsi, elle est souvent considérée comme une situation dans laquelle le fonctionnement du SFI – impliquant les institutions financières, les marchés, les systèmes de compensation et de règlement internationaux, ainsi que leurs interférences – s’effectue de manière saine, durable et sans saccades brutales. Ces dernières étant de nature à affecter les marchés financiers et y amplifier sensiblement les problèmes d’asymétrie d’information, de sorte qu’ils ne sont plus capables d’orienter efficacement les fonds vers les agents dont les projets d’investissement sont les plus rentables. Il s’ensuit une forte contraction de l’activité économique. Cette définition large met l’accent sur l’approche systémique pour considérer la solidité du SFI pour une composante clé de la stabilité financière internationale (Crockett, 1997 ; Mishkin, 1997 ; Haldane et al, 2001 ; Padoa Schioppa, 2003). De ce fait, une faillite bancaire individuelle ne mine pas forcément la stabilité financière au niveau mondial. Elle peut même la renforcer si elle conduit à une restructuration du système bancaire.
Cette définition semble large car, d’une part, elle exige le fonctionnement efficace des principales institutions financières, permettant de croire qu’elles peuvent honorer, de façon permanente, leurs engagements contractuels sans assistance extérieure et, d’autre part, elle suppose que la stabilité des marchés financiers s’exprime par la stabilité des prix des actifs, au point de servir d’estimateurs valables des valeurs fondamentales – comme l’indique la théorie des marchés efficients. Si bien qu’elle connaît des limites d’un point de vue pratique. En effet, elle pose le problème de l’identification des institutions financières dont le fonctionnement efficient est déterminant pour la stabilité financière internationale. De même, il est difficile de préciser à partir de quel degré de stabilité sur les marchés (monétaire, des actions ou des prix) le SFI serait considéré comme stable. En outre, il convient de noter que l’absence des crises financières ne permet pas forcément de porter une appréciation claire sur la stabilité du SFI.
La défaillance de la stabilité financière internationale peut s’observer à travers la volatilité des marchés financiers, qui se mesure par la volatilité des prix ou des rendements de leurs composantes. Tandis qu’il est admis que la meilleure diversification des portefeuilles permet de gérer cette volatilité et en accroître le rendement. Cependant, ces dernières décennies, marquées par une forte instabilité des différents marchés financiers (« spreads » des obligations privées, krachs boursiers, crises jumelles des pays émergents,...) ont monté les limites des stratégies de diversification et des capacités à gérer l’instabilité financière. Celle-ci ne peut donc être exclusivement réglée par des gestions micro-économiques appropriées. Elle reste une question de régulation macro-économique et marco-financière globale 392 .
Ainsi, c’est l’imperfection des systèmes financiers qui justifie l’intérêt accordé à la stabilité financière internationale car, avec des systèmes financiers « parfaits », il n’y aurait jamais de crise, étant donné que le risque serait toujours précisément reflété dans les prix. C’est pourtant ce que révèle l’existence du risque systémique.
La libéralisation financière et les innovations dans les modes de communication et de gestion ont considérablement accru la variété des instruments financiers nouveaux (notamment les instruments de couverture du change,...) et le nombre d’intervenants (emprunteurs souverains, des firmes multinationales, banques et autres intermédiaires financiers,...) dans la sphère financière, y compris sur les marchés financiers internationaux.
Voir, pour plus de précisions, cf. Schwartz (1986), Brealy et al (2001), Ferguson (2002), Issing (2003), Padoa Schioppa (2002, 2003), Schinasi (2003).