Section 2. Le FMI est-il un garant fiable de la stabilité financière internationale ?

Préoccupée par les conséquences désastreuses des crises financières sur la croissance économique et le bien-être des populations, la communauté internationale a amplement agi, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour améliorer le fonctionnement du SFI. Des IFI, telles que le FMI, la Banque mondiale, la Banque des Règlements Internationaux (BRI), créées pour la plupart à cet effet, ont œuvré pour dresser les systèmes financiers des pays émergents et améliorer la gestion des risques dans les pays industrialisés. Ces institutions contribuent différemment, selon les outils spécifiques de chaque organe, à consolider le SFI.

Les turbulences financières observées dans le sillage des crises financières asiatiques ont eu des immenses conséquences économiques et sociales au niveau mondial. Elles ont tout de même été plus graves dans les pays où les institutions de régulation financière (Grabel, 2001) et la redistribution de richesses étaient peu efficaces - ou quasi-inexistantes. Cependant, certaines voix estiment que le drame aurait pu être réduit, voire évité, si des IFI (particulièrement le FMI), épaulées par des institutions régionales adaptées, avaient joué leur rôle de garant de la stabilité financière internationale. Une idée plausible, d’autant plus que le FMI est chargé, en vertu de ses statuts, de la régulation du SMFI. L’un de ses objectifs principaux est en effet de veiller à la stabilité financière au niveau mondial. Et pour réaliser cet objectif, les IFI, sous la bannière du FMI, attisées par l’internationalisation des activités financières, ont élaboré des normes et des codes à vocation internationale qui assureraient la bonne marche des institutions et des systèmes financiers dans les différents pays.

La fréquence et l’ampleur des récentes crises financières soulèvent maintes questions au sujet de l’efficacité des dispositifs et des mesures engagés par les IFI, en particulier le FMI, en matière de stabilité financière internationale. Les questions ne portent pas sur le rôle ou les actions du FMI dans ce domaine. Il s’agit en fait de savoir si les actions en faveur du bon fonctionnement du SFI sont à la hauteur de l’ampleur de l’instabilité financière, et si le FMI est réellement à même d’assumer la tâche de garantir la stabilité financière internationale, qui préoccupe désormais toute la planète.

Cette section vise à répondre à ces questions où, dans un premier temps, les objectifs du FMI - en tant que principal défenseur de la stabilité financière internationale - et les instruments qu’il emploie pour assurer ce BCI spécifique seront analysés. Mais cette tâche, impliquant la prévention 463 des crises financières systémiques et la régulation du SFI, s’avère difficile – voir impossible – si l’on se réfère à la fréquence de ces crises et à leur intensité - même en recourant à l’aide massive des pouvoirs publics. Il importe donc d’envisager un cadre de résolution permettant à l’institution de Bretton Woods de réduire leur incidence ainsi que leurs coûts (2.1). L’analyse des difficultés que rencontre le Fonds dans l’accomplissement de ces missions débouchera sur des propositions de réformes substantielles qui vont au-delà de la structure et le mode de fonctionnement du Fonds pour aborder le renforcement de l’architecture financière internationale (AFI). Mais, cette dernière proposition semble ingénue du fait qu’elle ne s’inscrit pas dans une vision globale, permettant d’impulser l’action collective internationale qu’exige la réalisation de ce BCI spécifique (2.2). En effet, cette tâche requiert une gestion efficace de la mondialisation financière à l’aide d’un dispositif international de prévention et de gestion des crises financières systémiques (2.3).

Notes
463.

Au sens de "prévenir" qui révèle à la fois "anticiper" et "éviter". Cf. Plihon et al (2003).