C’est pour empêcher que se reproduisent les graves désordres économiques de l’entre deux-guerres – liés à la persistance de crises de paiement et de change et à une dépendance excessive vis-à-vis des flux de capitaux à court terme – que les institutions de Bretton Woods ont été créées. Ainsi, le FMI a été fondé officiellement le 27 décembre 1945, après la ratification par 29 pays des statuts adoptés à la conférence monétaire et financière de Bretton Woods tenue aux Etats-Unis en juillet 1944. Il a été créé en vue de réguler le SMI de changes fixes, et de mettre fin aux fréquentes dévaluations, en mettant temporairement, moyennant des garanties adéquates, ses ressources à la disposition des Etats membres qui ont des difficultés de balance des paiements.
Cependant, le rôle du FMI a largement évolué au cours des trente dernières années 464 , notamment avec la fin de la fixité des taux de change en 1971, qui entraîne la disparition du premier rôle du Fonds. Apartir de 1973, avec la flexibilité officielle des taux de change, il redéfinit pratiquement ses missions et devient un instrument de régulation financière et d’aide aux pays en développement, chargé de permettre à ces pays de surmonter des crises temporaires de financement de leur déficit de la balance des paiements. Ainsi, son action consiste à prêter des fonds aux pays connaissant ce type de difficultés, ceux-ci devant en contrepartie s’engager à collaborer avec le Fonds pour mettre en oeuvre des politiques d’ajustement et de réformes susceptibles de faciliter l’alignement de leurs dépenses et recettes afin de corriger le déséquilibre des leurs balances des paiements, d’assurer le maintien de régimes de change ordonnés et de redresser leurs perspectives de croissance. Le Fonds s’est en outre vu renforcée sa tâche de promouvoir la stabilité économique et financière internationale 465 , qui était jadis définie par les articles I et IV de ses statuts 466 . Il assiste ainsi les Etats membres dans l’objectif d’assurer de façon continue les conditions de base ordonnées nécessaires à cette stabilité. Il veille par ailleurs à rendre les pays plus favorables aux investissements étrangers et à leur permettre de recueillir davantage de devises étrangères pour rembourser la dette 467 , au point de devenir aujourd’hui le principal acteur de la dette des PED&E 468 .
Cette configuration est à l’origine de la tentative d’évaluer la profondeur et la pertinence des instruments du FMI visant à traiter convenablement, à un niveau réellement mondial, la question de la stabilité financière dont il a officiellement la charge. La réponse à cette question nous conduit à examiner l’ensemble des dispositifs dont dispose le Fonds, destinés principalement à prévenir les crises et à garantir la stabilité financière internationale.
Sur l’évolution du FMI, voir, par exemple, Aglietta et Moatti (2000).
Car l’expression de la stabilité a aussi évolué dans le temps. Elle outrepasse désormais le domaine des parités de change et s’étend aux systèmes bancaires et aux marchés financiers internationaux. Voir supra, p. 165.
En effet, dans le cadre de l’article I de ses statuts, le FMI doit favoriser l’expansion et la croissance équilibrée du commerce international ; promouvoir la stabilité des taux de change ; aider les pays membres à éviter les mesures d’ajustement qui contrarient la prospérité nationale et internationale ; et réduire la durée et l’ampleur des déséquilibres des balances de paiement internationaux des pays membres. Quant à l’article IV, il met en place une structure chargée d’aider les pays membres à honorer l’engagement qu’ils ont pris d’orienter leurs politiques économiques et financières dans un sens favorable à une croissance économique ordonnée, accompagnée d’un degré raisonnable de stabilité des prix, ainsi que de coopérer à la création d’une assise économique et financière cohérente et d’un système monétaire peu sujet à dérèglements imprévisibles.
Cf. FMI (2001).
Ainsi, l’élargissement du champ d’action du FMI le conduit parfois à interférer avec les compétences de la Banque mondiale et pose la question de la concurrence (ou de la complémentarité) entre les deux organisations. Ainsi, au sujet de l’augmentation de la mobilisation des ressources internes par les gouvernements, la Banque mondiale jugeait une augmentation de 4 points de pourcentage en Ouganda trop faible pour réduire la pauvreté, tandis que pour le FMI, la même augmentation paraissait trop forte. Cf. Rapport PNUD (2005) : « Investir dans le développement : plan pratique de réalisation des OMD ».