Le sous-développement et la pauvreté sont des problèmes aux dimensions planétaires qui risquent de persister, voire de s’aggraver de façon dramatique, dans certaines régions du monde si des mesures déterminées et globales ne sont pas prises de toute urgence. On s’aperçoit que cette dynamique est perçue dans les PMA, considérée comme le fief de l’extrême pauvreté.
Dans le tableau 23 ci-dessous, nous présentons la carte mondiale de la pauvreté dans les PED&E, avant de mettre l’accent sur sa nature et sa dynamique dans les PMA, à travers l’analyse des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
| Population vivant avec moins de 1$ par jour (en %) |
Population vivant avec moins de 2$ par jour (en %) |
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| Région | 1990 | 2001 | 2015* | 1990 | 2001 | 2015* | |
| Asie de l’Est & Pacifique | 29,6 | 14,9 | 0,9 | 69,9 | 47,4 | 11,3 | |
| – Chine | 33,0 | 16,6 | 1,2 | 72,6 | 46,7 | 9,7 | |
| – Hors Chine | 21,1 | 10,8 | 0,4 | 63,2 | 49,2 | 14,7 | |
| Europe & Asie centrale | 0,5 | 3,6 | 0,4 | 4,9 | 19,7 | 5,2 | |
| Amérique latine & Antilles | 11,3 | 9,5 | 6,9 | 28,4 | 24,5 | 19,6 | |
| Moyen-Orient & Afrique du Nord | 2,3 | 2,4 | 0,9 | 21,4 | 23,2 | 11,9 | |
| Asie du Sud | 41,3 | 31,3 | 12,8 | 85,5 | 77,2 | 54,2 | |
| Afrique subsaharienne | 44,6 | 46,4 | 38,4 | 75,0 | 76,6 | 69,2 | |
| TOTAL | 27,9 | 21,1 | 10,2 | 60,8 | 52,9 | 32,0 | |
| Hors Chine | 26,1 | 22,5 | 12,9 | 56,6 | 54,9 | 38,6 | |
| * Prévisions. | |||||||
Source : Banque mondiale (2005).
D’après le tableau 23, la réduction de la pauvreté semble saisissante. Cependant, à examiner de près, on s’aperçoit que l’évolution de la pauvreté est complètement disparate et tend globalement à la hausse 762 . En effet, tandis que certains pays (l’Indonésie, la Chine 763 , l’Inde, etc.) ont réduit de façon significative le nombre (en valeur absolue) de personnes vivant dans la pauvreté extrême, grâce à une forte croissance 764 , dans d’autres régions, en particulier dans les PMA, ce nombre a augmenté. Les succès réalisés dans les pays asiatiques et en Europe de l’Est 765 sont en fait compensés par la forte remontée de la pauvreté dans les PMA africains et asiatiques ; tandis que les chiffres stagnent quasiment en Amérique latine.
La dynamique de la pauvreté internationale peut être perçue à travers les conjectures sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui est la « feuille de route » de la communauté internationale à l’horizon 2015 pour vaincre la pauvreté. Adoptés par l’ONU, en 2000, et pilotés par les IFI, ils constituent un moyen de mesurer l’écart qui existe entre les efforts engagés par les acteurs du développement et de la lutte contre la pauvreté, notamment la BM, et les objectifs réellement atteints 766 .
Aussi louable soit-elle, cette ambition semble avoir peu de chance d’aboutir et plusieurs cibles sont très difficilement réalisables d’ici à l’échéance prévue. Ainsi, nous tenterons de faire une conjecture sur la faisabilité de ce projet, en indiquant les avancés concrets sur ses principaux points, notamment ceux qui reflètent l’état et la dynamique de la pauvreté internationale..
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Objectifs |
Panorama |
Obstacles |
Observations : conjectures et défis à relever |
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Réduire de moitié la faim et l’extrême pauvreté |
** Extrême pauvreté : 20% de la population mondiale (1,2 mds) ; ** Faim : 852 millions d’individus |
Manque de progrès à plus grande échelle en matière de croissance économique ; carence de financement du développement... | ** Le rythme actuel des augmentations des taux de croissance dans les PMA africains ne permet pas d’atteindre les objectifs.. ** Accroissement du volume et de l’efficacité de l’APD ; régulations des relations économiques internationales, permettant de favoriser la croissance et les consommations privées... |
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Garantir un cycle complet d’études primaires à tous les enfants |
** Forte progression du taux de scolarisation primaire dans tous les PMA, mais à un rythme encore insuffisant.. | ** Insuffisances des moyens ; faible mobilisation due à la pauvreté, des contraintes à l’éducation des filles.. ** Cultures religieuses, coutumes et traditions.. |
** Les tendances actuelles sont encourageantes, mais ne permettent d’atteindre l’objectif... ** Il faut des politiques publiques volontaristes contre les obstacles, tels que le travail des enfants, les coutumes hostiles à l’éducation des filles, etc... ** Investir dans l’éducation / changement des mentalités |
| Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes | |||
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Réduire de 2/3 le taux de mortalité des enfants de – de 5 ans |
** Evolution alarmante dans le monde : 158 pour 1 000 dans les PED&E, en 2002. | ** Des circonstances défavorables pour l’accouchement, état d’infrastructures sanitaires, persistance de certaines maladies ravageuses (Sida), conflits (Afghanistan, Irak), eau impure,... | ** Aucune région ne réalise la baisse de 4,4% nécessaire pour atteindre l’objectif et plus de la moitié des 188 pays concernés (en Afrique et dans les pays de l’Est) sont bien loin du compte. ** L’objectif peut être atteint à condition qu’un financement pérenne soit disponible et qu’il soit accompagné d’un engagement national fort et d’une mobilisation de ressources humaines adéquates à tous les niveaux du système de santé... |
| Réduire de 3/4 le taux de mortalité maternelle | |||
| Stopper la propagation du VIH/Sida et inverser sa tendance ; maîtriser le paludisme et d’autres maladies | ** Sida : 40 millions de séropositifs en 2005 contre 35 millions en 2001. ** 1,3 millions de morts du paludisme par an (90% en Afrique). |
** Manque de fonds nécessaires (seulement 20% des fonds annuels nécessaires sont disponibles) ; ignorance et problèmes de sensibilisation et d’instruction.. | ** L’Afrique réalise un relatif progrès contre le sida, mais l’évolution est plus perçue ailleurs (Europe centrale, Asie,...). Le paludisme et les autres maladies demeurent persistantes.. ** La réalisation de l’objectif nécessite un surcroît d’efforts financier et de volonté politique... ! ** En cas d’échec, les conséquences sur le développement des pays pauvres et sur la prospérité mondiale seraient inestimables. |
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Assurer un environnement durable et un accès universel aux ressources essentielles (eau, air, énergie) |
** Dégradation des ressources naturelles, pas d’amélioration sensible des conditions de vie et de travail des plus pauvres,... | ** Manque d’engagements réels des Etats en raison de la priorité aux objectifs économiques immédiats | ** Difficilement atteignable, tant qu’il le caractère collectif et mondial du développement durable n’est pas admis. ** Les objectifs de Kyoto ne seront pas remplis avant 2012. |
| Mettre en place un partenariat mondial pour le développement | ** Echec des négociations ou léthargie des mesures globales en faveur du développement et de la lutte contre la pauvreté. | ** Plus de promesses que d’actions concrètes et défaillance de la coopération internationale... | ** L’objectif de croissance du PIB de 7 % fixé dans le nouveau Programme d’action en faveur des PMA est ambitieux. ** Nécessité de réguler la mondialisation au profit des pays les plus pauvres... ! ** Fournir une assistance logistique et financière aux pays du Sud.. |
Source : l’auteur ; d’après PNUD (2003), Chavagneux (2005) ; Site de l’ONU sur les OMD ( http://www.un.org/french/millenniumgoals/news )
On s’aperçoit à la lueur du tableau 24 ci-dessus que les OMD risque d’être un vœu pieux de la communauté internationale. Les modestes avancées et les défis à relever, comparés, d’une part, aux faibles moyens que se donnent les acteurs impliqués dans la tâche 767 et, d’autre part, aux erreurs stratégiques qui atténuent les résultats 768 , permettent de douter de la faisabilité de ce projet 769 .
L’acuité de la pauvreté internationale est donc perçue à travers son caractère généralisé 770 et sa dynamique 771 dans les PMA, qui constituent ainsi le principal foyer d’extrême pauvreté dans le monde. Et, l’exacerbation de l’état de la pauvreté mondiale pourrait s’expliquer essentiellement par la situation du continent africain, devenu une vraie gageure régionale. Ainsi, selon Le Boucher 772 , « La pauvreté était asiatique au XIXème siècle, elle sera africaine au XXIème» 773 . Ce constat semble une évidence et toutes les statistiques tendent à le confirmer ; ainsi, le constat de la BM (2004) sur l’évolution de l’intensité de la pauvreté en Afrique est pour le moins accablant : dans les pays situés en dessous du Sahara, l’espérance de vie à la naissance est passée de 65 ans en 1985 à 37 ans en 2005, sans perspective d’une amélioration en raison des ravages que cause le sida 774 , sans compter qu’un Africain sur cinq vit dans une zone en proie à des graves conflits et de troubles intérieures ; le PIB ayant baissé de 15%, la pauvreté a augmenté de plus de 80% et plus des trois quarts des gens ne disposent pas d’un minimum de 2 dollars par jour. En outre, alors que le nombre de personnes sous-alimentées devrait considérablement diminuer dans la plupart des parties du monde avant 2015 775 , il est probable qu’il augmentera en Afrique d’environ 10 millions par an tout au long de prochaine décennie 776 . Plus accablant, constituant 13% de la population mondiale, l’Afrique participe aux échanges internationaux à hauteur de 1,6% 777 et ne bénéficie que de 1% seulement des investissements directs étrangers. Autant dire que le continent noir est à la marge de la mondialisation.
Sans prétendre à approfondir les raisons qui font de l’Afrique un continent en perdition 778 , nous estimons que les problèmes de ce continent sont essentiellement politiques et de gouvernance 779 et que les crises politiques sont en grande partie à l’origine des situations de famine 780 , des guerres civiles 781 , de la mauvaise gouvernance 782 , de l’engrenage de la pauvreté,... et des échecs des stratégies de développement en Afrique 783 . Elles expliquent également, pour une bonne part, l’incapacité des pays africains à s’affirmer et à s’ériger une position idoine sur l’échiquier international 784 .
Cependant l’explication de l’état grandissant du sous-développement et de la pauvreté par la gageure africaine ne doit pas conduire à sous-estimer leur ampleur et à l’optimisme béat dans la rude tâche de les éradiquer. Car, ce double fléau fait des ravages sous d’autres cieux, notamment dans certaines parties de l’Asie et de l’Amérique latine, où le nombre des personnes défavorisées ne cesse d’augmenter également, la misère s’aggrave dans les campagnes et les inégalités se creusent dans les villes 785 . Par exemple, le nombre des personnes souffrant de malnutrition, dans le monde, est passé de 851 millions, en 2004, à 852 millions, en 2005 786 .
Enfin, si l’Afrique semble crouler sous les problèmes (guerres, coups d’Etat, crises politiques et sociales, dictatures, maladies, exodes,...), les raisons d’espérer abondent 787 . Dans plusieurs contrées, on peut observer le pullulement d’expériences qui témoignent d’une exceptionnelle vitalité. En effet, des le début des années 1990, les expériences démocratiques se multiplient et se prolongent 788 , des pratiques civiques originales en émergent, des femmes et des hommes luttent pour leurs droits et leur dignité, les créateurs, les artistes et les artisans font preuve d’une formidable vitalité, les sociétés de plus en plus urbanisées bougent, se transforment et se projettent avec confiance vers l’avenir. En outre, ce continent dispose d’immenses atouts, parmi lesquels ses ressources naturelles et humaines et un marché intérieur qui va atteindre 2 milliards de personnes dans les années à venir 789 .
Ainsi, si l’Afrique bénéficie d’une coopération régionale efficace et du soutien de la communauté internationale (IFI, pays développés, etc.), notamment pour l’accès à des biens collectifs internationaux tels que les technologies dans le domaine de la santé et de l’éducation, par exemple, le continent pourra surmonter sa crise de développement humain en une seule génération 790 .
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On s’aperçoit que quels que soient l’approche et le critère retenus pour estimer la carte de la pauvreté mondiale, les images faites de ce phénomène ne diffèrent pas considérablement 791 . Cela s’explique en effet par les interrelations fortes qui lient l’ensemble de ses facteurs, ainsi que les corrélations qui existent entre toutes les composantes du développement humain.
Ce paragraphe dresse un état peu reluisant de la pauvreté et du sous-développement et montre leur dimension globale et grandissante. Des fléaux d’autant plus redoutés que la chance de voir leur intensité baisser devient de plus en plus infime, notamment dans la principale région menacée : l’Afrique. Cette spécificité dramatique n’est peut être pas inouïe mais se révèle inquiétante d’autant qu’en 2050,l’Afrique comportera le quart de l’humanité 792 ..
En dépit des très fortes disparités qui subsistent, et vont se poursuivre au cours des années à venir, l’état de la pauvreté et du sous-développement mérite d’y accorder une attention particulière ; car les conséquences de telles situations peuvent affecter d’autres populations ainsi que l’économie mondiale.
Pour plus de précisions sur ces pays, voir les annexes (A3, A4).
Selon Clerc Denis (2004) : le nombre de personnes devant vivre avec moins de 1 dollar par jour avait sensiblement progressé, passant de 839 millions de personnes en 2000 à 971 millions en 2004.
Selon le FMI, 400 millions de Chinois sont sortis de l’extrême pauvreté entre 1981 et 2001 ; ce qui améliore largement la moyenne mondiale.
Sur le lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté, voir infra, p. 346.
Selon un rapport de la BM, le nombre de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour en Europe de l’Est et dans les pays de l’ex-Union soviétique a diminué de 40 millions entre 1998 et 2003. Cependant, ce même rapport indique que, malgré des progrès impressionnants, 61 millions de personnes vivent encore avec moins de 2 dollars par jour dans cette zone. Cf. World Bank - « Growth, Poverty and Inequality in Eastern Europe and the Former Soviet Union ». D’un autre côté, le maintien d’une croissance soutenue devrait permettre une poursuite de la réduction de la pauvreté en Asie de l’Est. Pour l’ensemble de la région, le taux de pauvreté extrême est tombé à un peu plus de 8 % en 2005 (soit 157 millions d'individus), alors qu’il s'établissait à 15 % en 1996, juste avant le déclenchement des crises financières.
Les OMD constituent un plan de 8 objectifs, conçus par la quasi-totalité des pays membres de l’ONU (191) et soutenus formellement par les pays du G8. Pour plus détails sur ces objectifs, cf. : http://www.un.org/french/millenniumgoals/news.shtml
Par exemple, en 2005, le déficit de financement des OMD s’élevait à plus de 52 milliards de dollars.
Le quart des fonds est souvent orienté vers secteurs d’exportation visant à favoriser l’intégration des pays pauvres dans le marché mondial ; tandis que quelque soit la compétitivité des entreprises des pays du Sud, elles ne pourraient pas concurrencer celles du Nord tant que certaines règles de concurrence ne sont pas respectées. Voir infra, p. 339.
Ainsi, selon le PNUD, au rythme actuel, l’Afrique n’atteindrait pas les OMD avant 2147. Pour plus de précisons sur les évaluations des besoins, voir le Handbook for Best Practice to Meet the MDGs, de United Nations Millennium Project (2005).
La « pauvreté généralisée » indique une situation dans laquelle la plus grande partie de la population dispose d’un niveau de revenu à peine suffisant pour satisfaire ses besoins essentiels, et dans laquelle les ressources disponibles de l’économie, même équitablement réparties, ne suffisent pas pour assurer durablement les besoins fondamentaux de la population. Ainsi, la proportion de la population totale qui vit dans la pauvreté absolue dans les PMA dépasse les 50 %. De même, selon une étude de la CNUCED (2002) couvrant 91 % de la population totale des PMA, la consommation privée moyenne par habitant des 50 % de la population des PMA qui vivaient en dessous du seuil de pauvreté de 1 dollar était de 0,64 $/j ; et la consommation privée moyenne par habitant des 81 % de la population des PMA qui vivaient en dessous du seuil de pauvreté de 2 $ n’était que de 1,03 $/j (en dollars PPA de 1985). Cette consommation moyenne est à comparer avec la consommation privée moyenne par habitant de 7 à 10 dollars par jour pour les 10 pays les plus riches.
La dynamique de l’extrême pauvreté augmente globalement dans les PMA. Selon le rapport 2002 de la CNUCED sur les PMA, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a plus que doublé au cours des 30 dernières années, passant de 138 millions d’individus dans la seconde moitié des années 60 à 307 millions dans la seconde moitié des années 90 dans ces pays. La même analyse indique que le nombre total de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour était de 495 millions, sur une population totale de 613 millions de personnes dans cette période.
Cité dans le Monde du 15 mai 2004.
Sur les 55 pays les plus pauvres du monde, 33 se situent en Afrique subsaharienne.
On estime que 25 millions de personnes vivent avec le VIH/sida en Afrique subsaharienne et, en 2004, 2,3 millions de personnes en sont mortes. Les effets du sida sur les générations montantes sont exponentiels. Entre 1990 et 2003, la proportion des orphelins africains du sida est passée de 2% à plus de 28%. Selon l’Unicef, d’ici 2010, 18,4 millions d’enfants pourraient avoir perdu non seulement leurs pères et mères à cause du virus, mais aussi tout soutien de famille. En outre, le virus fauche les moins de 15 ans par millions. Quant aux traitements pédiatriques, ils n’intéressent ni la recherche ni l’industrie pharmaceutique, tournées vers les marchés du Nord.
Rappelons que 2015 marque la date que la communauté internationale s’est fixée comme échéance pour réduire le nombre de personnes sous-alimentées de moitié ; soit de 800 à 400 millions de personnes.
Sur les 852 millions de personnes sous-alimentées, 200 millions se trouvent en Afrique et 8 millions de personnes sont directement menacées par la faim ; un enfant meurt toutes les 10 secondes, en Afrique, à cause de la pauvreté. La sous-alimentation est la première cause de mortalité infantile dans cette partie du monde (55 % de décès d’enfants). Sur les 53 pays africains, 43 disposent d’un faible revenu et connaissent un déficit alimentaire. Non seulement ils ne produisent pas assez pour nourrir leur population, mais ils n’ont pas les ressources suffisantes pour importer les aliments qui combleraient l’écart..
Tandis que sa part dans les échanges internationaux s’élveiat à 5 % en 1980.
Pour une analyse détaillée de la pauvreté en Afrique, voir, notamment, Report of the Commission for Africa (2005).
Car ce ne sont pas les richesses, naturelles et humaines, qui font défaut à ce continent, mais en raison des conflits et de la mauvaise gouvernance, ces richesses (l’or, le diamant et le pétrole) portent une responsabilité dans l’émergence et la persistance des crises. Par exemple, plusieurs pays africains (comme le Nigeria, l’Angola, le Congo-Brazaville ou le Cameroun) exportent depuis longtemps le pétrole, qui constituent souvent plus de 80% de leurs recettes fiscales et 90% de leurs exportations, mais leurs indicateurs de développement n’en sont pas meilleurs pour autant. La hausse des gains du secteur pétrolier et gazier fait brusquement grimper les coûts des biens, des services et des salaires, ce qui affecte la compétitivité des autres secteurs, notamment le secteur manufacturier qui travaille pour l’exportation. Troisième producteur du pétrole de l’Afrique subsaharienne, la Guinée-équatoriale est, à cet égard, exemplaire : depuis 1997, son PIB a progressé de 36% en moyenne par an, mais les conditions de vie de la population ont, pourtant, continué à se dégrader.
Il faut remarquer que les famines résultent surtout des sécheresses et des conflits. Les troubles armés qui ont ravagé les pays d’Afrique subsaharienne entre 1970 et 1997 ont entraîné des pertes de production agricole de l’ordre de 52 milliards de dollars, soit l’équivalent de 75 % de toute l’APD reçue au cours de la même période.
Pour plus de détails sur les effets persistants des guerres civiles, sur la santé publique et les conditions de vie des populations, par exemple, voir Ghobarah, Huth et Russett (2004).
Certes certaines ressources requises pour l’éducation et la santé font défaut. Mais la volonté est ce qui manque le plus cruellement. L’Afrique a à son actif certaines des collectivités locales les plus dynamiques au monde, et pourtant les services que celles-ci reçoivent viennent généralement d’institutions déficientes, trop centralisées, considérées comme inaccessibles et inefficaces par ceux qu’elles sont censées aider. La déconcentration de la prestation de services par le biais des collectivités locales pourrait avoir un effet positif.
Et ce, en dépit des progrès réalisés pendant la 2ème moitié des années 1990 ainsi que des forts taux de croissance globalement dans cette zone ( 5% en moyenne ces dernières années), la croissance démographique dans cette zone va plus vite que sa croissance économique, aggravant les inégalités et l’exclusion. Or, selon le projet OMD de l’ONU, l’inégalité extrême entre les pays et à l’intérieur des pays est identifiée comme étant un des principaux obstacles au développement humain et un frein puissant à l’accélération des progrès vers l’accomplissement des OMD.
En matière de politique étrangère, plusieurs pays commencent à développer une diplomatie autonome, en particulier les géants du continent (Afrique du Sud, Nigeria, Egypte,...), mais sans efficacité. Tandis l’Afrique souffre de nombreux handicaps dans l’ordre économique mondial actuel : sa faible part dans les échanges mondiaux (1,6%), notamment à cause des difficultés d’accès des produits agricoles africains aux marchés des PD ; le poids de l’endettement public extérieur demeure trop lourd (200 milliards de dollars) ; la fuite massive de capitaux et une perte de compétences (humaines,...) au profit d’autres régions ; retard dans le progrès des technologies de l’information, etc. autant de facteur qui engendre et entretient le sous-développement. Pour plus de détails sur la spécificité africaine, voir le rapport de la « Commission for Africa » (2005).
D’abord, un certain nombre de pays d’Amérique latine (Venezuela, Brésil, Pérou, Nicaragua, Bolivie…), étranglés par la dette et victimes des plans d’ajustement du FMI. La montée de la pauvreté est, pour eux, le résultat d’une gouvernance mondiale plus soucieuse du paiement des dettes que du sort des habitants. Ensuite, des pays victimes de guerres civiles ou de cliques ayant confisqué l’Etat à leur profit. Le problème, là, est celui de la démocratie et de l’aide internationale, dramatiquement insuffisantes.
D’après les chiffres publiés lors du soixantième anniversaire de la FAO, en 2005, à Rome (Italie).
Si certaines parties de l’Afrique déplorent guerres et catastrophes naturelles, d’autres en revanche suscitent de plus en plus l’intérêt des entreprises nationales et étrangères et des investisseurs. En effet, nombreux sont les pays qui ont entrepris des réformes économiques importantes, dans le sens de l’amélioration de la gestion macro-économique, de la libéralisation cohérente des marchés et du commerce, de l’élargissement de l’espace destiné aux activités du secteur privé, etc... Des réformes, soutenues et favorisées par l’absence de troubles civils, ont permis de relever le niveau de croissance et de revenu tout en favorisant le recul de la pauvreté.. Toutefois, cette nouvelle conjoncture n'a pas suffi à compenser des années de baisse des revenus ni à effacer d’autres séquelles laissées par une longue période de déclin économique, notamment la dégradation des capacités, l’affaiblissement des institutions et l’insuffisance des infrastructures.
Actuellement un peu plus de la moitié des 53 pays d’Afrique ont un pouvoir exécutif issu d’élections concurrentielles ; proportion similaire à celle constatée dans le reste du monde en développement. Cf. Karray (2005).
Autrement dit, l’Afrique peut être un continent prospère et pacifique qui sera une force dynamique dans la communauté mondiale. Un projet de présence est donc possible pour l’Afrique. Mais « à quelle condition ? A quel prix ? Quand finira l'Afrique des mauvais indicateurs, des statistiques toutes plus sinistres les unes que les autres ? ». Autant de questions que se posent des observateurs et dont les réponses ne sauraient être que globales, émanant de la communauté internationale.
Ainsi, un rapport de l’ONU, intitulé « investir dans le développement », rédigé par 265 experts mondiaux, à la demande du secrétaire général, Kofi Annan, indique que, tel un tsunami silencieux, le paludisme tue trois millions d’enfants en Afrique et que les pays riches pourraient facilement mettre fin à cette tragédie, en investissant dans la fourniture de moustiquaires et de traitement contre la malaria.
Cf. Rapport CNUCED sur les PMA (2002).
Cf. Rapport (2005) de l’ONU sur les perspectives de la population mondiale.