1.2.2 - Le développement global et la réduction de la pauvreté dans l’arène des biens collectifs mondiaux

Le paragraphe précédent nous enseigne clairement que l’état de la pauvreté internationale est tel qu’il convient de parler d’échec des efforts visant à l’éradiquer des décennies durant. La tâche dans cette partie consiste à examiner en quoi le développement et la réduction de la pauvreté internationale correspondent-ils à la définition de BCM, et comment la communauté internationale pourrait-être saisie de cette question cruciale et globale..

Etant donné notre définition de BCIM 804 , le développement et la lutte contre la pauvreté pourraient quasiment s’assimiler à cette catégorie de biens 805 , du fait de l’intérêt qu’ils revêtent pour les PED&E, mais aussi pour les pays développés. Ce raisonnement peut être analytiquement décomposé en deux dimensions : prouver que le développement et la réduction de la pauvreté revêtent les caractéristiques de BCM ; et vérifier que la tâche de garantir ce double phénomène adhère au mode de fourniture des BCM. Cette analyse pourrait s’appuyer sur l’étroite relation qu’établit la Banque mondiale entre les BCM et le développement et la réduction de la pauvreté. Ainsi, l’institution financière internationale considère que les BCIM incluent des produits, des ressources, des services, ainsi que des systèmes de règles ou des régimes politiques qui, tout en procurant des avantages à l’échelon individuel, local ou national, ont des externalités transnationales importantes pour le développement et la réduction de la pauvreté et ne peuvent être produits en quantité suffisante qu’au prix d’une coopération et d’une action collective de la part des pays développés et des PED&E 806 . De ce fait, la BM offre une définition pratique des BCM qui tient compte de leur nature « mixte » influant sur le développement.

Le premier point conduit à décrire les avantages collectifs du développement et de la réduction de la pauvreté dans les pays du Sud. Pour ce faire, il convient de souligner l’idée de Kindleberger (1986), selon laquelle la croissance du revenu national, dont profitent l’ensemble des citoyens et sa distribution en accord avec l’éthique de la communauté, constitue un bien collectif important à l’échelle nationale 807 . En effet, dans un contexte plus global, le développement économique et la réduction de la pauvreté dans les pays du Sud ne sont-ils pas un complément dans une économie mondiale de plus en plus intégrée où les pratiques visent la planète entière, aussi bien en termes de débouchés pour les marchandises que pour les investissements productifs ? La réponse ne saurait qu’être positive quand on admet que les progrès économiques de ces pays ne se feront pas aux dépends des autres pays ou populations. Car, il est évident que le décollage économique des pays pauvres constituerait de nouveaux marchés pour les industries et entreprises des pays développés et contribuerait à la prospérité mondiale. Favorisant leur meilleure intégration dans l’économie mondiale, il constitue également un moyen d’assainir leurs économies et de résoudre définitivement le problème de surendettement des pays du Sud ; ce qui, par voie de conséquence, sauverait les banques occidentales, en leur évitant le débours et la faillite, et arrangerait donc les économies des pays industrialisés.

Ainsi, l’hypothèse du développement économique favorisant le développement financier 808 permet de prouver la globalité des avantages de la lutte contre le sous-développement et la pauvreté dans les pays du Sud. En effet, le développement économique et les améliorations des marchés émergents et, globalement, des marchés financiers internationaux favoriseront la diversification des risques et faciliteront la mobilité internationale de capitaux. Cette situation crée des conditions favorables aux investissements de capitaux, permettant d’augmenter les rendements et la production mondiale 809 . Elle pourrait en effet constituer de mécanisme de financement du développement et de la stabilité financière 810 . Ainsi, O. Davanne (1998) estime que le recyclage de l’épargne des pays industrialisés et vieillissants vers les pays pauvres et jeunes peut contribuer au financement du développement chez les uns et faciliter le paiement des retraites chez les autres 811 . D’un autre côté, il n’est nul doute que les progrès économiques dans les pays du Sud signifient l’apport des milliards de personnes dans la consommation mondiale et donc l’élargissement des marchés mondiaux, dont les effets d’entraînement n’excluent aucune nation.

Enfin, la définition du développement économique se rapportant au concept de développement « durable » ou « soutenable » permet d’assurer les critères de non-exclusion et de non-rivalité à la lutte contre la pauvreté et le sous-développement. En effet, considéré comme celui qui doit assurer le bien-être des générations présentes sans compromettre celui des générations futures 812 , ce concept incarne parfaitement l’équité intergénérationnelle, qui caractérise les BCIM. Cependant débouchant sur l’idée de « décroissance », qui trouve un écho favorable au sein d’une partie des écologistes et des altermondialistes, le concept du développement « durable » ou « soutenable » se heurte à une contradiction majeure, notamment lorsqu’il s’agit d’ordonner uniformément la décroissance à ceux qui regorgent de tout et à ceux qui manquent de l’essentiel 813 .

La question de l’universalité des bénéfices de la croissance et du développement économique suscite un certain nombre de questions, dont celle de savoir si la croissance économique des pays étrangers est directement favorable ou non à l’économie domestique. A priori, il n’y a pas de réponse limpide à cette question 814 . Il apparaît néanmoins un certain degré d’interdépendance entre la croissance économique des pays participants aux échanges mondiaux et le commerce mondial. Cette interdépendance passe par les termes de l’échange. Ce qui renvoie à analyser les opportunités de l’intégration des pays dans l’économie mondiale 815 .

La conclusion que l’on retient du contraste entre la conscience de l’importance du BCM qu’est la préservation des ressources naturelles planétaires et le pragmatisme qui impose l’accélération de la croissance économique, nécessaire à la réduction de la pauvreté dans les pays du Sud, semble unanimement recevable, même si les formules diffèrent. En effet, on admet que l’utilisation planétaire des ressources doit être organisée de telle sorte que les pays pauvres puissent enclencher la croissance nécessaire à la satisfaction des besoins essentiels (eau potable, alimentation équilibrée, soins, éducation, démocratie, etc), et que les plus riches deviennent économes. Au nom de l’équité mondiale, les populations pauvres ont droit à un temps de croissance économique, de laquelle aucun responsable politique ou économique ne veut dissocier le développement et la réduction de la pauvreté 816 .

Le seconde volet évoque lesconditions de fourniture de BCIM ; ceux-ci ne pouvant pas être produits efficacement par le marché. Ainsi, un critère formel implique que le développement global et la réduction de la pauvreté ne sauraient être garantis, ou seulement insuffisamment, par les mécanismes du marché. En transposant ce raisonnement au plan mondial, l’incapacité du marché à réaliser le BCM, en l’occurrence le développement et la réduction de la pauvreté internationale, s’aperçoit à travers l’insuffisance des flux de capitaux privés à destination des pays pauvres 817 . Ceux-ci étant exclusivement guidés par la logique de la rationalité, du profit et de l’accumulation, et ce, au détriment de la satisfaction des besoins essentiels des millions de personnes 818 . Ce qui explique au demeurant la fausseté de l’approche du financement du développement fondée sur les apports en capitaux privés. Ainsi, les dérégulations que prônent les IFI, conduisant notamment à la suppression des restrictions aux investissements dans tous les domaines (finance, service, etc.) ne comportent pas les avantages escomptés pour les pays pauvres. Le volume des investissements à destination des pays du Sud – notamment des plus pauvres d’entre eux – ne représente qu’une portion infime dans les flux globaux d’IDE 819 .

Dans le même ordre d’idée, l’incapacité du marché à garantir développement global et la réduction de la pauvreté internationale est observable à travers la flambée des cours du pétrole et ses conséquences sur la croissance mondiale, notamment sur les économies du Sud. En effet, selon une étude de la BM, le renchérissement du pétrole est un facteur qui pèse lourdement sur l’expansion de l’économie mondiale 820 . Les auteurs du rapport indiquent en effet que les hausses intervenues depuis 2004 devraient se traduire, pour les pays pauvres importateurs de pétrole, par « d’importants coûts économiques » qui ne se reflètent pas dans les chiffres du PIB. « Si l’on analyse la situation en termes de revenus dans les pays en développement, on constate que le ralentissement y est bien plus prononcé, avec une baisse des revenus de l’ordre de 3 %. », estime M. Burns, l’un des auteurs du rapport. Selon lui, si des mesures ne sont pas prises pour aider les plus vulnérables des pays à faible revenu importateurs de pétrole, ceux-ci vont devoir couvrir la charge supplémentaire représentée par l’alourdissement de leur facture pétrolière en réduisant les dépenses dans d’autres domaines (santé, éducation, infrastructures,...) et au final « cela, nous en avons peur, aura un fort impact sur la pauvreté dans ces pays » conclut-il 821 .

De ce fait, si les marchés de capitaux privés n’apportent pas la réponse voulue – en termes de prêts nécessaires et favorables aux PED&E – les gouvernements des pays riches doivent veilleur au maintien des flux financiers à destination des pays qui en ont le plus besoin 822 . La communauté internationale se trouve ainsi devant la tâche difficile qui consiste à créer un ordre mondial, permettant d’impulser les bases de décollage économique dans les zones où le revenu par tête d’habitant équivaut à peine à ce qu’il était en Europe et en Amérique d’avant-guerre 823 . La création de mécanismes appropriés de financement du développement nécessiterait un surcroît de ressources publiques, assorties de conditions de faveurs pour les PED&E. Or, force est de constater que l’engagement international dans cette tâche n’est pas avéré ou du moins à la hauteur des enjeux 824 . L’action internationale du développement et de la lutte contre la pauvreté se compromet à son tour par l’inexistence d’un gouvernement mondial susceptible de la soustraire de la logique narcissique.

A cette fin, les IFI devraient être davantage sollicitées afin de compléter le tarissement des flux de capitaux privés – en direction des pays du Sud 825 – et le déclin des apports publics en matière de financement de BCM, en l’occurrence le développement et la réduction de la pauvreté. Cela se justifie par les opportunités de la délégation des compétences à des instances publiques supranationales dans la réalisation des objectifs globaux. Ainsi, la Banque mondiale, en sa qualité d’institution supranationale, mais aussi le FMI et l’OMC, sont censées corriger les défaillances de marché, de réduire l’asymétrie d’information et d’impulser le décollage économique des PED&E. En effet, la contribution de la BM est à ce niveau très décisive 826 . L’action de l’ONU en la matière n’est pas non plus dérisoire 827 et reflète l’intérêt de l’action collective internationale pour le développement et la lutte contre la pauvreté.

Par ailleurs, compte tenu de la pertinence de la subsidiarité comme moyen de fourniture de certains BCIM, le développement et la réduction de la pauvreté peuvent être conçus dans leurs dimensions régionales, nationales et locales. Ainsi, les mesures en faveur de la lutte contre la pauvreté et le sous-développement doivent s’associer à de meilleures politiques dans les pays du Sud. En d’autres termes, il s’agit de veiller à l’appropriation des stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté par les populations locales directement concernées. C’est en effet, la logique même d’une action collective internationale qui impliquerait tous les acteurs de développement à tous les niveaux du processus.

La tâche de favoriser la croissance et le développement économique des pays les plus pauvres constitue est une responsabilité mondiale, nécessitant l’engagement de toute la communauté internationale dans le cadre d’une action collective concertée et durable. Le rôle des IFI, notamment de la Banque mondiale, est donc de contribuer à faciliter cette action collective internationale..

*

Enfin, on observe que le concept de BCIM semble tout à fait pertinent pour cerner la question du développement et de la lutte contre la pauvreté. Car, d’un côté, les externalités relatives au sous-développement et à la pauvreté ne font pas de doute et sont caractérisées par le phénomène de contagion : « la pauvreté des uns sape la prospérité des autres » 828 .

Et de l’autre, le développement global et l’éradication de la pauvreté dans le Sud seraient économiquement efficaces, écologiquement et socialement soutenables et démocratiquement fondés ; ils correspondent ainsi à la définition d’un BCM et ne sont garantis qu’à travers une action collective internationale, impliquant tous les acteurs ; comme le prétend la théorie de BCIM.

Conclusion – section 1.

Compte tenu du caractère multidimensionnel de la pauvreté et du sous-développement, les moyens efficaces pour les combattre sont ceux qui les abordent sur tous leurs aspects, tels que l’exclusion, le silence forcé ou l’insuffisance des revenus des pauvres. La tâche consiste donc à créer des emplois, garantissant des revenus décents aux travailleurs, à adopter les mesures et les réformes institutionnels qui s’imposent et à améliorer la prestation des biens et services collectifs essentiels, y compris la gouvernance, ainsi que les actifs environnementaux.

L’ampleur et de la dynamique de ce double fléau éclairent que le développement global et l’éradication de la pauvreté sont possibles, mais pas inéluctables. Ils requièrent une réelle considération de la communauté internationale à l’image des autres questions mondiales. Car, au-delà de leur valeur morale, le développement global et la réduction de la pauvreté revêtent un caractère de bien collectif mondial en ce sens qu’ils apportent d’innombrables avantages à la prospérité mondiale. Inversement, nous avons montré que la persistance de la pauvreté internationale génère des externalités négatives qui – avec certes une certaine nuance – n’épargnent aucun pays, aucune population, voire aucune génération future.

Cette évidence est lourde de conséquence. En effet, elle dévoile le sens des engagements collectifs et la responsabilité de la communauté internationale, pour améliorer le sort des millions d’individus vivant dans l’extrême pauvreté de par le monde.

Les efforts de la communauté internationale, portés par les IFI, notamment la Banque mondiale, sont-ils à la hauteur de la tâche de lutter contre le sous-développement et la pauvreté internationale ?

Notes
804.

Voir supra, p. 41.

805.

Ainsi, contrairement à la stabilité financière internationale qui écarte tout un pan de populations et de pays, nous considérons que le développement global et la réduction de la pauvreté cadrent mieux avec le concept de BCM qu’avec celui de BCI, dans la mesure où ces questions et les enjeux qu’elles recèlent transcendent les bords inter-étatiques pour impliquer toutes les nations et les générations futures, notamment avec le concept de développement durable.

806.

Cf. Banque mondiale (2001c).

807.

Rappelons en effet qu’un théoricien des finances publiques australien, John G. Head (1962) – Cité par Kregel (2002) – considère que le plein emploi est un bien collectif.

808.

Cf. Eichengreen (2003), op. cit. ; Andersen et Tarp (2003).

809.

Faisons tout de même fi du débat de plus en plus vif qui oppose les partisans d’une « décroissance soutenable », ordonnant le recul de l’économie monétaire, aux tenants d’un « développement durable » permettant de concilier croissance et écologie.

810.

Car ces transferts pourraient améliorer la stabilité financière sur les marchés émergents dévastés par une crise de liquidité ; étant donné que la quasi-totalité des crises financières dans les pays émergents est suivie de crises de liquidité.

811.

M. Bergsten estime au contraire que, dans dix à vingt ans, les économistes analyseront peut-être les effets des flux de capitaux en provenance des PED&E vers les pays industrialisés, à mesure que les déficits budgétaires et, peut-être, les déficits extérieurs se creuseront sous l’effet du vieillissement de la population. Ainsi, les Etats-Unis sont déjà lourdement tributaires des entrées de capitaux, à raison d’environ 500 milliards de dollars par an, dont une bonne partie en provenance des pays émergents. Voir infra, p. 354.

812.

La question est sérieuse d’autant plus que le globe forme un ensemble à l’intérieur duquel l’homme ne peut dépasser les limites de ses ressources et de son espace. Or l’« empreinte écologique » – la surface nécessaire pour accueillir toutes les activités humaines sans détruire les équilibres écologiques – atteint déjà 120 % de la planète et, compte tenu des disparités de développement, il faudrait quatre ou cinq planètes si toute la population mondiale consommait et déversait autant de déchets que les habitants des Etats-Unis. Cf. www.rprogress.org/

813.

L’enjeu de cet autre BCM a en effet terni l’enthousiasme chez certains en faveur de la croissance et le développement économique, pourtant nécessaires à la réduction de la pauvreté et du sous-développement dans les pays du Sud. En effet, poussant la démarche théorique, certains analystes prônent de renoncer au développement, celui-ci ne pouvant selon eux être dissocié d’une croissance sinistre. Ils récusent toute tentative qui viserait à réhabiliter le développement puisqu’il ne pourrait être différent de celui que reconnaît le capitalisme, ordonné par le règne de la production marchande.

814.

Une croissance économique du reste du monde plus forte que la croissance locale peut avoir des effets ambigus ; d’un côté, elle favorise la croissance des exportations de l’économie locale, mais de l’autre, elle engendre davantage de concurrence. De même, une croissance de l’économie locale plus forte que celle du reste du monde lui permet d’accroître son offre d’exportation mais peut aussi engendrer une baisse de prix des biens exportés et dégrader ainsi ses termes de l’échange.

815.

Cette question sera abordée dans la section suivante.

816.

Adepte de l’approche de la décroissance, Latouche S. (2003), semble en être conscient de cette réalité lorsqu’il finit par convenir que ce mot d’ordre de décroissance pour tous les peuples est inadéquat. Il note : « En ce qui concerne les sociétés du Sud, cet objectif n’est pas vraiment à l’ordre du jour : même si elles sont traversées par l’idéologie de la croissance, ce ne sont pas vraiment pour la plupart des “sociétés de croissance” ».

817.

Voir infra, p. 357.

818.

En témoigne la carence d’investissements par les industries pharmaceutiques dans les domaines de « maladies de pauvreté » (tuberculose, paludisme, etc.) ou encore leur refus de tenir compte des pouvoirs d’achat des populations du Sud dans la détermination des prix des médicaments pour le traitement de VIH/Sida.

819.

 Il n’est que de 1,5 % du total mondial dans les pays ACP, qui comptent 42 PMA. Alors même que ces dérégulations ne laissent aucun choix à ces pays de sélectionner eux-mêmes les types d’investissements étrangers qui les conviennent et de définir quel type de sociétés ils entendent construire. Cette imperfection en matière de financement du développement peut s’expliquer par le retard des pays pauvres dans le processus d’innovation. Comprenant des coûts fixes et des économies d’échelle, les pays qui sont à la traîne de ce processus sont moins bien placés pour se mettre à innover, et, inversement, les pays qui y participent sont les mieux placés pour innover à nouveau. Le risque d’exclusion qui en résulte va à l’encontre de l’hypothèse de convergence qui caractérise la théorie traditionnelle de la mondialisation. Cf. Jacquet et al (2002).

820.

Une éventuelle perturbation des approvisionnements pétroliers constitue le principal de ces risques. Selon le rapport, un choc au niveau de l’offre pourrait porter les prix à des niveaux encore plus élevés, provoquant éventuellement un recul de 1,5 % de la production mondiale sur plusieurs années. Cf. Rapport de la BM sur les Perspectives économiques mondiales pour 2006.

821.

L’évolution future des taux d’intérêt, qui restent faibles en dépit des récentes hausses, est un autre facteur d’incertitude cité par les auteurs du rapport. Selon eux, la persistance des déséquilibres mondiaux, les signes de poussée inflationniste et les craintes que suscite la viabilité à long terme des finances publiques dans les pays industrialisés sont autant de facteurs susceptibles d’engendrer une hausse des taux et, éventuellement, de provoquer un ralentissement plus sérieux encore de l’économie mondiale.

822.

Le financement du développement par l’APD s’inscrit dans ce cadre. Ses orientations visent à surmonter les corollaires de la pauvreté, qu’il s’agisse de la lutte contre certaines maladies ravageuses ou de la diffusion du savoir..

823.

De ce fait, la décision des pays les plus riches, dans le cadre du G8, de doubler l’APD an faveur de l’Afrique doit être accueillie avec optimisme et intérêt. Même si elle ne saurait constituer un fondement permettant de réduire sensiblement la pauvreté et d’amorcer décollage économique dans cette zone. Voir infra, p. 374.

824.

L’échec de la coopération entre Etats en matière de lutte contre la pauvreté ne fait plus de doute. On sait en effet d’expérience – et comme le souligne la théorie de la coopération de crise – que la mobilisation internationale en faveur des BCIM n’est concrète qu’en période de forte menace et de crise. Pour preuve, l’idée du SG de l’ONU, K. Annan, concernant l’approvisionnement d’un fonds mondial d’urgence, pour contrer les situations de grave famine dans les pays du Sud, demeure un vœu pieux. Ainsi, en 2003, 53% seulement des appels pour une aide d’urgence lancés dans le cadre de la procédure des appels globaux des Nations Unies en 2003 étaient financés (Iraq exclu). A noter toutefois que ce projet ne coûterait qu’un demi-milliard de dollars, soit à peine 0,02 % des dépenses militaires annuelles des pays de l’OCDE.

825.

Voir infra, p. 389.

826.

Ainsi, sans réellement s’engager à prêter de façon contracyclique, elle s’est attelée à la tâche de combler la faille dans les flux des capitaux en direction des pays pauvres. Elle a de ce fait accru ses prêts à un moment où les capitaux privés et l’aide publique étrangère accordée par les principaux contributeurs s’étaient amenuisés.

827.

En septembre 2000, elle a organisé une conférence mondiale sur le financement du développement, qui a servi de base aux objectifs du Millénaire pour le développement, visant notamment à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.

828.

Pour parodier Kaul (2005).