2.1.1 - La Banque mondiale, à l’avant-garde de la lutte contre la pauvreté internationale

Institution spécialisée des Nations Unies et comptant 184 pays membres, la BM se livre une bataille résolue contre la pauvreté au plan mondial depuis quelques décennies. En vertu de son statut d’institution de prêt et de savoir, axée sur l’appui au développement des pays, elle est l’un des principaux bailleurs d’aide au développement qui appuie les efforts que déploient les gouvernements des PED&E, grâce à ses apports financiers et techniques, dans le but d’éradiquer la pauvreté dans le monde. Ainsi, en 2004, elle a fourni des financements à hauteur de 20,1 milliards de dollars et poursuivi des opérations au profit de plus de 100 PED&E au titre de programmes déterminés, visant à améliorer les conditions de vie des populations, en fournissant des services sociaux, en protégeant l’environnement et en stimulant la croissance économique.

Nous décrivons succinctement les objectifs de la BM, son mode de fonctionnement et ses actions contre la pauvreté internationale à l’aide des panoramas suivants :

Encadré 1 : Aperçu sur la Banque mondiale
Encadré 1 : Aperçu sur la Banque mondiale

Source : l’auteur, d’après diverses sources et le site de la BM : www.worldbank.org

Somme toute, pour lutter contre la pauvreté internationale, la Banque mondiale fournit des moyens financiers, savoir et connaissances ainsi que des conseils aux pays membres emprunteurs, tout en essayant d’adapter cet ensemble particulier d’instruments aux défis que chaque pays doit relever. Elle apporte également son aide pour s’occuper de problèmes d’ordre mondial et régional, comme les menaces qui pèsent sur l’environnement et les maladies transmissibles, mais elle s’attache essentiellement aux problèmes qui se trouvent à l’échelle de chaque pays, en aidant les peuples à se sortir eux-mêmes de la pauvreté.

S’agissant des actions de la BM, elles peuvent être énoncées à travers un ensemble de thèmes de développement, qui incorpore les aspects ayant trait aux BCIM, et définissant l’engagement, l’appui et les contributions de l’institution internationale en matière de lutte contre la pauvreté et le sous-développement. Voir le tableau 26 ci-dessous.

Tableau 26 : Extrait des actions de la Banque mondiale dans divers domaines se rapportant au développement et à la lutte contre la pauvreté

Domines d’intervention

Aperçu...

Procédés de la BM...

 


Environnement

** La dégradation de l’environnement mondial aggrave l’intensité de la pauvreté internationale et contrarie les efforts pour éradiquer ce phénomène... ** Fonds destinés aux actions de lutte contre les changements climatiques et aux émissions de gaz à effet de serre (Fonds pour l’environnement mondial "FEM", Fonds prototype pour le carbone "PCF",...)
** Gestion et protection des forêts ; gestion des ressources en eau (barrages, adduction en eau potable,..).

Education
et
savoir


** Le savoir est un bien commun à tous les secteurs d’activité et donc un moteur essentiel de développement. D’où la nécessité de doter les pays pauvres des compétences nécessaires, des technologies permettant d’acquérir et de gérer le savoir, les connaissances, des informations nécessaires.. ** Doter les pays de cadre juridique et réglementaire, permettant d’exploiter les possibilités de connexion à l’échelle mondiale..
** Appui de l’éducation et promotion des programmes portant sur le savoir mondial..
** Investissement dans les infrastructures d’information, les technologies de l'information et les pratiques novatrices ; appui de partenariat et réseaux mondiaux, des centres de documentation..


Santé

** La maîtrise des maladies pour garantir la santé publique mondiale est unanimement considérée comme un BCM.
** Des maladies ravageuses entravent le développement global et la lutte contre la pauvreté..
** Participation aux programmes et projets nationaux contre la propagation de certaines maladies.
** Participation à des partenariats internationaux ciblés sur certaines maladies spécifiques (ONUSIDA, GAVI,...)
** Contribution (technique ou financière) au capital initial pour le lancement d’actions sanitaires internationales (recherche de vaccins, programmes d’orientation et de communication visant à éradiquer certaines maladies,...).



Commerce

** Le commerce et l’intégration mondiale constituent un moteur de croissance axée sur la réduction de la pauvreté. D’où, l’intérêt de consolider les structures commerciales des pays pauvres (secteur privé, dispositifs institutionnels,...) leur permettant de tirer un meilleur parti de la mondialisation pour promouvoir un développement général et équitable... ** Analyse les obstacles à l’intégration commerciale pour les pays pauvres et soutien financier aux infrastructures, à l’administration douanière, aux investissements et aux cadres réglementaire et juridique, visant à soutenir les mesures et réformes indispensables.
** Soutien à l’application de politiques commerciales plus favorables au développement...
** Conseils aux décideurs pour faciliter l’engagement dans un cadre régional et multilatéral (négociations d’adhésion à l’OMC, arrangements régionaux,..).


Stabilité financière


** Une architecture financière robuste est indispensable pour prévenir les crises financières qui fragilisent les économies des PED&E..
** L’importance du secteur financier est avérée pour le soutien à la croissance, la mobilisation de l’épargne et l’octroi des crédits et donc pour la lutte contre la pauvreté..
** Participation aux instances visant à ériger une nouvelle architecture financière internationale (FSAP ; ROSC ; Projet de développement du secteur financier "PDSF" ; gestion de la dette publique "PPTE" ; lutte contre le blanchiment de capitaux et les abus financiers,...)
** Collaboration au renforcement des capacités institutionnelles et des cadres réglementaires visant à contrer les crises financières internationales.

Financement du développement
** Les transferts internationaux des ressources destinées à financer les BCIM dans les domaines de la santé, de l’environnement, de la diffusion de savoir, etc. déterminent l’efficacité des actions de lutte contre la pauvreté internationale. ** La contribution de la BM au financement du développement est perçue dans le contexte plus large des dispositifs et moyens internationaux de financement du BCIM. Environ 16 milliards de dollars seraient destinés chaque année aux PED&E..

Source : l’auteur ; D’après des multiples rapports d’étape de la Banque mondiale, sur le commerce, la stabilité financière, la réduction de la pauvreté, l’environnement..

On retient globalement de ces nomenclatures que la Banque mondiale s’attache au développement global, la réduction de la pauvreté et à la résolution des problèmes structurels et sociaux dans les PED&E. Ses actions pourraient donc s’articuler autour de trois sphères. D’abord, elle contribue au renforcement de la gouvernance économique et financière au niveau global, en apportant des soutiens (financiers et logistiques) déterminés aux Etats membres les plus pauvres 839 . En effet, comme les distorsions économiques aggravent la pauvreté, la BM aide les pays pauvres à améliorer leurs politiques économiques et sociales afin d’accroître l’efficacité et la transparence, de promouvoir la stabilité et de favoriser une croissance économique équitable. Elle fournit des financements, des conseils sur les politiques à adopter et une assistance technique afin d’aider les pays à mener à bien les réformes engagées pour réduire les déficits budgétaires, maîtriser l’inflation, libéraliser les échanges et l’investissement, privatiser les entreprises publiques, mettre en place des systèmes financiers rationnels, renforcer les systèmes judiciaires et garantir les droits de propriété. Ces réformes contribuent à réunir les conditions nécessaires pour permettre de dégager des gains commerciaux et à faciliter l’application des politiques commerciales plus favorables au développement. L’objectif final étant de favoriser une croissance durable, réduire la pauvreté et d’intégrer favorablement les pays du Sud dans l’économie mondiale 840 .

Deuxièmement, la charge globale de lutte contre la pauvreté de la BM s’opère à travers ses engagements dans des initiatives conçues pour avoir une portée mondiale. Fort de son statut particulier d’organisme de développement multilatéral, la BM agit par le biais d’accords de partenariats et de coopération, en coordonnant ses actions avec celles d’autres organismes internationaux. Ainsi, dans le cadre du programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), elle représente la plus importante source de financement à long terme des programmes de lutte contre ce fléau ravageur 841 . De même, sa collaboration avec le FMI et les pays du G8, dans le cadre de l’initiative renforcée en faveur des PPTE, constitue un exemple typique de sa contribution à une action internationale contre la pauvreté dans le monde.

Enfin, l’institution de Bretton Woods a élargi ses domaines d’intervention et privilégie de plus en plus les projets axés sur l’amélioration des conditions de vie et le bien-être des populations et susceptibles d’avoir un impact réel sur la pauvreté à grande échelle. Ceux-ci recouvrent en effet un plus large éventail de facteurs, tels que l’accès aux soins de santé et à l’éducation, la solidarité et la stabilité sociale. Ainsi, elle participe activement aux initiatives en faveur du développement durable visant à améliorer la qualité de vie des millions de populations autochtones à l’échelon mondial 842 . Les actions destinées à régler les conflits et les problèmes d’ordre culturel contribuent également à promouvoir un développement qui profite à tous. Ainsi, elle participe à plus de 1 800 projets, couvrant pratiquement tous les secteurs et tous les PED&E. Ces derniers varient entre l’octroi de micro-crédits, la sensibilisation des communautés à la lutte contre le VIH/SIDA, en passant par l’appui aux programmes encourageant la scolarisation des filles ou la mise en place des filets de protection sociale pour protéger ceux qui risquent le plus de pâtir des effets de la restructuration économique, et la reconstruction des zones dévastées par des catastrophes naturelles 843 .

*

Cependant, au-delà de ces exploits en termes de discernement et de traitement de la question de la pauvreté dans sa dimension protéiforme et complexe, une question mérite d’être posé : pourquoi ces efforts éminents et bien ciblés de la Banque mondiale n’ont-ils pas permis d’affecter - positivement - l’intensité et la dynamique de la pauvreté au niveau mondial, au point que les prévisions sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) incitent à la prudence- voire à l’inquiétude ?

Notes
839.

Ainsi, elle fournit une assistance au gouvernement sur les questions touchant à la réorganisation de l’Etat, telles que la décentralisation.

840.

Ces actions, dans le cadre du projet d’appui aux sources de la croissance, visent le soutien à la croissance économique, l'amélioration de la qualité et de la compétitivité des entreprises, la création d'un cadre réglementaire et -juridique favorable aux investissements et aux systèmes fin­anciers ainsi qu'un environnement des affaires propice au développement de l'initiative privée. Cependant, cette assistance de la BM s'est concrétisée autant par le soutien aux réformes économiques et aux opérations de privatisation que par des projets. Voir infra, 333.

841.

Des engagements estimés à ce titre à plus de 1,3 milliard de dollars, dont la moitié pour des pays d'Afrique subsaharienne.

842.

Cf. Banque mondiale (2004a ; 2004b).

843.

On constate une ainsi des changements importants dans les priorités de crédit de la BM. En 1980, les investissements dans le secteur de l’énergie électrique et dans d’autres projets d’infrastructure à grande échelle représentaient plus de 21 % des prêts de la Banque, tandis que le soutien aux services sociaux, comme l’éducation, la santé, la nutrition et les pensions, ne représentait que 5 %. Aujourd'hui, environ 7 % seulement des prêts de la Banque sont consacrés au secteur de l’énergie électrique tandis que les services sociaux obtiennent 22 %. Au cours des 15 dernières années, la Banque mondiale a financé plus de 100 fonds sociaux dans 60 pays, pour un total de près de 4 milliards de dollars. Cet argent sert à reconstruire des communautés déchirées par la guerre, à fournir des services sociaux et à renforcer les organisations communautaires. Pour plus de détails sur les actions humanitaires de la BM, cf. site de la BM : www.worldbank.org