Le caractère de BCM assigné à l’éradication de la pauvreté mondiale étant établi 891 , il convient de noter que celle-ci relève de la catégorie de BCM dont la fourniture efficace s’effectue à travers l’assistance aux maillons les plus faibles de la communauté 892 .Et, partant d’une double hypothèse – propre en outre aux IFI 893 – selon laquelle l’intégration à l’économie mondiale comporte d’immenses avantages en termes de croissance économique et celle-ci offre des opportunités pour lutter contre la pauvreté 894 :

la meilleure stratégie globale de lutte contre la pauvreté consisterait donc à dresser les conditions qui permettraient aux pays pauvres de tirer un maximum de bénéfices de la mondialisation libérale afin d’amorcer leur décollage économique et de réduire sérieusement la pauvreté.
De ce fait, dans le contexte d’une économie mondiale libéralisée, dominée par la logique de la compétitivité et de la rentabilité, où chaque Etat se comporte comme un acteur « privé », se souciant de ses propres intérêts, il est intéressant de souligner que l’appui aux économies pauvres, visant à accélérer leur processus d’intégration à l’économie mondiale, ne devrait pas se borner à consolider le poids et la capacité du secteur privé, à renforcer les bases institutionnelles et les infrastructures du marché dans ces économies. Car, cette disposition ne suffit guère à garantir à ces pays les avantages globaux attendus de la mondialisation, tant que des conditions convenables ne sont pas régies à leur faveur. D’où, la nécessité de réguler davantage la mondialisation de telle sorte que les avantages collectifs qui en découlent soient symétriques 895 .
Or, si l’on s’adonne à examiner les efforts de la Banque mondiale dans ce domaine, force sera de constater que l’institution internationale a échoué à ériger un ordre économique mondial plus cohérent, comportant l’équité mondiale qui fonde les exigences de la lutte contre la pauvreté internationale 896 . Sachant que l’équité internationale est une dimension primordiale de la fourniture de BCIM 897 . Cet échec de la BM n’est toutefois pas faute de volonté ou de détermination, mais c’est faute d’aptitudes à éliminer les dysfonctionnements majeurs que revêt l’ordre économique mondial actuel, handicapant les efforts en matière de lutte contre la pauvreté internationale 898 . Ces déséquilibres se révèlent dans le système mondial du commerce marqué par une iniquité manifeste envers les pays du Sud (2.2.2.1) et à travers les écueils de la finance mondiale (2.2.2.2) 899 .
Voir supra, p. 317.
Voir supra, p. 49.
A noter que la mondialisation pourrait bien favoriser la lutte contre la pauvreté et le sous-développement à travers les avantages des échanges commerciaux, d’investissements, d’apports technologiques, etc. Ces opportunités favorisent sans doute la croissance économique, qui, une fois équitablement repartie, pourrait accroître la prospérité et améliorer le niveau de vie des populations. Toutefois, la croissance dépend de bien d’autres facteurs que les seules vertus de l’intégration à l’économie mondiale et du commerce international. Elle peut être à l’origine d’une réduction de la pauvreté et les politiques visant à réduire la pauvreté peuvent avoir une répercussion négative sur la croissance. Ces contrastes font ressortir la complexité du lien qui existe entre, l’intégration à l’économie mondiale, la croissance et la pauvreté, conduisant à plus de prudence dans l’interprétation des avantages de la mondialisation, tant du point de vue théorique que de la considération des exemples souvent fournis.
Un raisonnement est consacré aux avantages de l’intégration à l’économie dans les annexes, voir annexe yy.. !
En effet, la meilleure façon de soutenir un allié dans un conflit n’est pas de l’armer davantage, mais d’éviter ce conflit. Or, la mondialisation de nos jours a pris la tournure d’une guerre économique et commerciale sans précédent.
Rappelons que les actions de la BM visant à renforcer les capacités commerciales et la compétitivité des pays et à faciliter leur intégration dans l’économie mondiale s’expriment essentiellement à travers quatre axes d’intervention prioritaires : le soutien aux administrations nationales dans l’application des réformes économiques nécessaires, l’appui aux infrastructures du marché, l’appui à la mise en oeuvre des programmes d’ajustement structurel et l’amélioration de la compétitivité des entreprises privées. En d’autres termes, il s’agit d’ajuster les structures économiques et commerciales de ces pays aux exigences de la mondialisation et ce, à travers l’application des PAS dans ces pays. Or, les échecs de ces politiques ne font plus de doute.
Cf. Kaul (2005), op. cit.
Au demeurant, c’est l’inégalité de la représentation des intérêts dans les instances internationales qui fait l’objet de maintes et violentes contestations de la part des mouvements altermondialistes.
Ce choix traduit une tentative d’évaluer la pertinence des approches en termes de BCIM comme moyens de considérer correctement la question du sous-développement et de la pauvreté au niveau mondial, qui est désormais au centre des préoccupations de la communauté internationale. Il permet également de mettre en relief l’intérêt de l’action de l’action collective pour réguler la mondialisation..