Conclusion - Chapitre 4

Le développement global et la réduction de la pauvreté constituent depuis le sommet du millénaire de l’ONU, en 2000, une préoccupation planétaire, engageant tous les Etats. Ceux-ci, étaient censées coopérer entre eux pour résoudre cette question, à l’instar de toutes les questions à caractère mondial (telles que la lutte contre le terrorisme international ou l’éradication des maladies endémique). Mais, la coopération dans ce domaine est pour le moins défaillante. L’état du 8ème objectif du millénaire pour le développement permet de dévoiler le décalage entre les engagements globaux et les actions concrètes en matière de la lutte contre la pauvreté internationale. Une situation d’autant plus préoccupante qu’il n’existe pas un gouvernement mondial, capable d’assumer la tâche de la communauté internationale dans ce domaine.

L’idée de délégation de pouvoirs à une institution internationale, à l’instar de l’OMC dans le domaine de la libéralisation des échanges, devrait constituer d’alternative à cette défaillance. Ainsi, la Banque mondiale, portait les espoirs des partisans de cette nouvelle approche (tels que Stiglitz, 1998 ; 2002 ), qui estimaient qu’elle devrait évoluer de manière à répondre effectivement au besoin de promouvoir le développement global et de remédier à la pauvreté internationale.

Ainsi, privilégiant les approches relatives aux BCIM pour discerner les enjeux globaux de la pauvreté internationale, en avançant, d’une part, le caractère contagieux de ses externalités négatives et, d’autre part, les avantages globaux qu’enferme le développement global, nous avons démontré que l’éradication de la pauvreté dans le monde constitue une disposition économiquement performante, écologiquement soutenable et socialement équitable. Cette démonstration a également révélé les exigences de la fourniture de ce type de BCM. Lesquelles exigences ne sont pas satisfaites par la Banque mondiale, censée combler la carence de la coopération internationale et l’absence d’un gouvernement mondial pour résoudre cette question mondiale. En effet, l’omission, dans ses stratégies, du caractère de BCM que revêtent le développement global et la lutte contre la pauvreté internationale, explique – en partie – ses contre-performances dans cette tentative. De même, son incapacité face aux disparités de l’ordre économique mondial, reflétées par l’asymétrie des avantages de la mondialisation économique et financière, vient aggraver ce désastre.

Cependant, partant de l’hypothèse que le décollage économique des pays pauvres passe une meilleure intégration à l’économie mondiale, comment peut-on expliquer l’incapacité de la Banque mondiale à réguler la mondialisation en faveur du développement global et de la lutte contre la pauvreté ?

Une des réponses que nous privilégions à cette question trouve son expression dans la nature de cette institution supranationale, qui est commandée par les pays développés, dont l’intérêt pour la question de l’éradication de la pauvreté n’est pas à la hauteur des engagements qu’exige cette tâche. Et, cela s’explique à son tour par la nature de ce BCM. En effet, le caractère inconsistant des avantages globaux liés à l’éradication de la pauvreté internationale et la lenteur de la contagion de ses externalités négatives desservent son classement dans la hiérarchisation des BCM. La paix et la sécurité mondiales – vraisemblablement réduites à la lutte contre le terrorisme international et à l’étouffement des Etats "faillibles" – semblent susciter plus d’ardeur et de détermination que la lutte contre la pauvreté dans le monde 1153 . Ce qui devrait expliquer la spécificité de l’action collective internationale nécessaire pour garantir ce genre de BCM. C’est une action collective qui transcende le cadre inter-étatique pour requérir l’engagement et l’intervention de tous acteurs intervenant dans la sphère du développement. La nature des contributions et les modes d’interventions étant assurément fonction de chaque acteur et des objectifs visés.

Ces efforts globaux peuvent être ordonnés dans trois domaines : la régulation de la mondialisation, le financement du développement et la réalisation des tâches concrètes, qui répondent aux besoins immédiats des populations démunies. Ils doivent également satisfaire deux critères, qui commandent la fourniture efficace de tout BCM : l’équité et la solidarité. Ainsi, équilibrer les relations économiques internationales par les Etats implique de respecter des normes internationales garantissant des intérêts globaux, mais aussi de faire fi de la logique du marché pour privilégier des démarches généreuses en faveur des plus démunis. Le financement du développement et de la lutte contre la pauvreté nécessitent des charges moins rentables, mais globalement plus utiles en termes de constance, car elles se rapport au développement durable. De même, au nom de cette solidarité, et dans une cause d’équité – ici éthique –, des actions sont menées, par les Etats, les IFI et la « société civile internationale », au plus près des populations pauvres dans les pays du Sud, qui permettent de changer instantanément leurs conditions de vie, contribuant à simuler l’intensité et la dynamique de la pauvreté internationale.

Ainsi, sans prétendre à trouver la réponse à la question du développement global et de l’éradication de la pauvreté internationale, notre étude a permis de dévoiler le caractère urgent des engagements collectifs à l’échelle mondiale, dans le cadre d’une collective internationale, dont l’"aiguillonneur" et le catalyseur serait les divers acteurs de la société civile. Ceux-ci, à travers des actions de sensibilisations, d’information et de pressions, peuvent susciter une prise de conscience générale sur la pertinence du caractère de BCM assigné au développement global et à la lutte contre la pauvreté internationale.

Enfin, s’agissant du rôle positif des IFI, particulièrement de la Banque mondiale, en matière du développement et de la lutte contre la pauvreté internationale, celui-ci est défaillant, mais pas superflu. Car, au-delà de leurs apports matériels et financiers, elles doivent coordonner cette action globale, en formulant un cadre multilatéral et pluraliste, permettant à chaque acteur de développement de jouer pleinement son rôle dans une logique de défendre des intérêts globaux. Les ONG internationales agissant pour promouvoir le développement et la lutte contre la pauvreté ont ainsi besoin du partenariat de la Banque mondiale, ne serait-ce que pour l’échange d’informations et la planification des programmes d’actions, mais aussi en matière de mobilisation des ressources.

Notes
1153.

Du moins, si l’en s’en tient aux moyens financiers déployés pour chaque objectif.