3.2.2 Interviewer

L’interview est un outil de recherche depuis les années 1920 où l’enquête de terrain a pris son véritable essor à Chicago avec les travaux de deux sociologues. Piaget a montré comment la méthode clinique peut s’imposer comme seule approche possible d’un problème donné. Il est un outil différent du questionnaire dans la mesure où ce dernier provoque une réponse alors que l’interview fait construire un discours. C’est pourquoi il est plus utilisé dans la collecte des données pour le FOS.

Comme M. Jean-Marc Mangiante et Mme Chantal Parpette le disent (2004 : 57),

‘"Deux types de données fournis par le terrain peuvent être distingués : d’une part, les discours existants qui circulent naturellement ; d’autre part, les discours sollicités par le concepteur pour les besoins de la formation dont le rôle d’explication des situations traitées est essentiel."’

L’interview est donc un outil de provoquer « les discours sollicités », c’est-à-dire de faire expliciter les situations de communications, les informations concernées, les données culturelles, etc...

L’interview dans la démarche de FOS sert non seulement comme source des informations, mais également aux supports pédagogiques. Il y a donc une demande plus stricte par rapport aux discours envisagés. En plus, on ne peut pas ignorer l’influence psychologique exercée par la mise en place des enregistrements. Compte tenu de tout cela, j’ai expliqué à mes interviewés, avant des interviews finalement enregistrées, le motif et l’objet de mon étude : c’est pour telle raison que je prends contact avec vous pour solliciter une interview enregistrée à tel endroit et de telle durée et dans laquelle je vous poserai telles questions.

En fait, l’interview, pour nous, apparaît comme un dispositif technique visant à produire un discours. Nos interventions peuvent modeler les discours de l’interviewé. Pour favoriser la production d’un discours linéaire et structuré, et vu ainsi mon propre niveau de français, j’ai appliqué une technique spécifique: formuler des questions introduisant des thèmes mais ne dirigeant pas le discours. Ces questions, ou ces consignes, sont formulées comme des demandes de réponse discursive concernant soit les représentations de l’interviewé, soit ses expériences. Dans le premier cas, la consigne induit un discours d’opinion; dans le second cas, la consigne induit un discours de narration. En tout cas, chaque consigne introduit une séquence de thématique nouvelle. L’ensemble des consignes traduit la structuration des discours produits. Cette technique nous a permis donc à la fois d’obtenir un discours librement formé par l’interviewé, et un discours répondant aux questions de notre étude (voir Annexe 2).

D’ailleurs, nous avons recouru au chinois lors des interviews avec les étudiantes chinoises afin d’éviter l’expression insuffisante à cause de la difficulté linguistique et d’assurer une communication plus naturelle (voir Annexe 3). Cela peut ajouter ainsi la variété aux activités pédagogiques que nous allons proposer plus tard, une comparaison entre la représentation des étudiants chinois et celle des étudiants français, par exemple (cf. Chapitre 5).