5.1.1 Créer des vrais enjeux de communication

Si l’on est bien d’accord sur le fait que la langue est un instrument de communication et que savoir communiquer signifie préparer les étudiants aux échanges naturels avec des locuteurs natifs, les activités de classe qu’on veut construire doivent donc respecter les conditions naturelles de la communication. En communication naturelle, en effet, d’une façon générale, il existe toujours une « chute d’information ». C’est-à-dire qu’on parle avec quelqu’un pour savoir quelque chose qu’on ne connaît pas. C’est une bonne raison de l’écoute et de la prise de parole. C’est ainsi ce que l’on désigne sous le terme d’« enjeu communicatif ».

Cette « chute d’information » implique donc, dans le cadre du cours de langue, de ne pas donner à tous les étudiants la même information dans leur tâche à accomplir. C’est un principe essentiel dans la mesure où il provoque la prise de parole, comme le montre l’exemple suivant :

Activité 1
Activité 1

Décrire cette image peut être un bon exercice de pratique du vocabulaire de la mode (style asiatique, coiffure japonaise, robe chinoise en soie avec dessins imprimés, col, front, oeil, maquillage...).

Si l’on montre à toute la classe et si l’on demande aux étudiants de le décrire tour à tour, on pourra avoir une réaction d’ennui chez les étudiants, parce que les explications des uns et des autres ne sont pas utiles, du fait que tout le monde a déjà l’image sous les yeux. Il n’y a pas de réelle communication dans cette situation, donc ni d’enjeu à la prise de parole et à l’écoute.

En revanche, les étudiants peuvent être répartis en binômes. L’un a entre les mains l’image et doit le faire reproduire à l’autre au seul moyen de ses explications orales, sans montrer l’image et sans gestes. L’autre est totalement libre de prendre la parole comme il le souhaite pour faire répéter, préciser, demander une explication supplémentaire, etc. L’évaluation se fait par la comparaison entre l’image originale et l’image réalisée. Les rôles des étudiants peuvent être ensuite inversés pour une autre image. Dans ce cas, l’exercice est généralement mené avec une attention soutenue de bout en bout, parce que l’étudiant qui parle a une bonne raison pour le faire : l’autre ne connaît pas l’image et a besoin de ses explications pour réussir sa tâche. Son partenaire a également une bonne raison d’écouter et de comprendre. La réussite de leur tâche dépend de leur échange de paroles. Il y a donc un vrai enjeu de communication dans cette situation.