4.3. Modèles de comportement stratégique observables.

Certaines des stratégies évoquées sont observables (prise de notes, consultation de dictionnaire), d’autres intimement mentales (réflexions au sujet de la lecture…). Cependant, grâce aux entretiens et à l’enregistrement des réflexions à haute voix (thinking aloud), les chercheurs arrivent à collecter des données sur l’utilisation consciente des stratégies de lecture.

Les recherches de Sherrey et Mokhtari (2001, 2002), citées par Anderson, témoignent que les étudiants en langue seconde (lecture sur papier) emploient plus de stratégies de lecture que les étudiants lisant en langue maternelle. Aucune différence signifiante ne fut relevée entre les lecteurs de sexe masculin et féminin, à part le fait que les filles soulignent plus souvent l’information dans le texte. Shrerrey et Mokhtari écrivent que « les lecteurs compétents… sont plus habiles à repérer les processus cognitifs qui se déroulent lors de la lecture. Ils sont non seulement conscients des stratégies qu’ils choisissent, mais essayent également de devenir plus efficaces dans l’utilisation et la régulation de leurs stratégies. » (cité par Anderson 2003 : 8)

Selon les observations d’Altun (2003 : 2), malgré le fait que les ressources numériques sont de nature non-linéaire, plusieurs lecteurs l’approchent de manière linéaire et séquentielle.

Selon les observations de Anderson (2003), menées auprès de 247 lecteurs en anglais langue maternelle et langue seconde, les lecteurs en langue seconde ont plus de mal à mettre en route des stratégies métacognitives de résolution des problèmes. Pourtant, c’est cette catégorie de stratégies métacognitives qui est privilégiée par les 2 groupes de lecteurs confrontés aux textes difficiles. Voici le palmarès des stratégies les plus usitées :

  1. J’essaye de retourner sur mes pas quand je suis déconcentré. (Résolution de problème)
  2. Quand le texte on-line devient difficile, je le relis pour mieux le comprendre. (Résolution de problème)
  3. Quand le texte on-line devient difficile, je fais plus d’efforts pour me concentrer sur ce que je lis. (Résolution de problème)
  4. Je lis lentement et attentivement pour m’assurer que je comprends ce que je lis on-line. (Résolution de problème)
  5. Quand je lis on-line, j’essaye de deviner le sens des mots et expressions inconnus. (Résolution de problème)
  6. J’essaye de comprendre l’idée globale du texte on-line que je lis.(Globale)
  7. Je me souviens de ce que je connais au sujet de la lecture pour m’aider.(Globale)
  8. Dans les textes on-line, je sais distinguer le fait reporté de l’opinion personnelle de l’auteur sur ce fait. (Résolution de problème)
  9. J’essaye de m’imaginer visuellement l’information que je lis pour m’aider à la retenir. (Résolution de problème)
  10. Lors de la lecture on-line, je décide ce que je vais lire attentivement et ce qu’il vaut mieux ignorer. (Globale)
  11. J’ajuste la vitesse de ma lecture conformément à ce que je lis on-line. (Résolution de problème)
  12. Je survole le texte on-line pour décider si ce texte-là est conforme à mes objectifs, avant de choisir de le lire. (Globale)

Les résultats de cette recherche montrent également que les techniques de support sont reléguées aux dernières place par les lecteurs des deux groupes.

« Il ne suffit pas d’être au courant de l’existence des stratégies, le lecteur doit savoir les mettre à l’œuvre stratégiquement. » (Anderson 2003 : 9) C’est pour cela que l’apprentissage de ces stratégies, de leur sélection et gestion, est d’une importance cruciale, selon l’avis de nombreux chercheurs.