2.2 L’analyse de discours et la pragmatique

Pendant longtemps l’AD s’est maintenue à distance du courant pragmatique, dont les présupposés théoriques lui semblaient opposés aux siens.

Certes, la pragmatique s’intéresse aux actes de langage, aux normes qui régissent l’activité de langage, à l’argumentation, aux genres de discours, etc. (D. Maingueneau, 1991). Mais, pour les pratiquants de l’AD, sa définition et celle de ses hypothèses demeurent instables du fait de sa diversité disciplinaire. La pragmatique représente un champ interdisciplinaire vaste impliquant tout un ensemble de chercheurs en sciences humaines : linguistes, philosophe, psychologue sociologue etc.

En pragmatique on considère que le « discours est une suite non arbitraire d’énoncés ». Ainsi dans le cadre de la théorie de la pertinence, lorsque le locuteur produit un énoncé on postule qu’il a deux intentions, « une intention informative (l’intention de rendre manifeste ou plus manifeste à son interlocuteur un ensemble d’assomptions) et une intention communicative (l’intention de rendre mutuellement manifeste qu’il a cette intention informative). L’interlocuteur a l’intention de récupérer l’ensemble d’assomptions qui font l’objet de l’intention informative du locuteur. L’ensemble du système repose sur l’idée que la communication dépend de façon cruciale de la capacité à attribuer à autrui des croyances et des intentions ». (Reboul et Moeschler, 1998 : 2).

Si l’analyse de discours traite encore le discours comme un phénomène linguistique qui se compose de phrases, la pragmatique le considère comme un phénomène à la fois de nature différente et constitué d’unités différentes. (Reboul et Moeschler,1998)

Au terme de cette présentation rapide, nous pouvons dire que la notion de discours se prête à diverses interprétations. Il en est de même pour l’AD dont la définition est encore une question d’actualité. Comme nous l’avons vu, le problème réside dans la complexité de son champ disciplinaire. D. Maingueneau (1996 : 8) annonce que « les difficultés que l’on rencontre pour délimiter le champ de l’analyse de discours viennent pour une part d’une confusion fréquente entre analyse du discours et (l)es diverses disciplines du discours (analyse de la conversation, analyse du discours, théories de l’argumentation, théories de la communication, sociolinguistique, ethnolinguistique…- la liste n’est pas exhaustive)». En effet, chaque discipline appréhende le discours à partir de son propre cadre d’analyse.