5.1 La paraphrase et la reformulation

Nous proposons dans un premier temps d’étudier la question de la reformulation à travers l’ouvrage de C. Fuchs (1994) intitulé « Paraphrase et énonciation » et dans un deuxième temps d’étudier d’autres aspects de la reformulation à travers l’article de C. De Bueger-Vander Borght (1996) intitulé « la reformulation, ses procédures et ses niveaux d’analyse de discours pour la formation des enseignants en sciences expérimentales ».

Au début de son livre C. Fuchs présente deux théories de la paraphrase qui ont vu le jour successivement au fil de l’histoire de la linguistique. La première la désigne sous l’appellation de "reformulation". Il s’agit d’étudier la paraphrase comme une action effectuée par le sujet dans une situation de discours donnée. Cette approche s’est développée pendant la période de la linguistique structurale. Elle s’est répandue également, avec les recherches de pragmatique, vu l’importance de la reformulation dans le discours en construction.

La deuxième approche est plus classique qui définit le concept de paraphrase en langue. La paraphrase est étudiée dans une conception « logique, en termes d’équivalence » 58 . Mais, ce que l’on reproche à cette recherche théorique, c’est qu’elle restreint la paraphrase à une équivalence sémantique au niveau phrastique. L’activité de reformulation est extraite de sa dimension discursive et analysée indépendamment des critères de variabilité et de déformation intrinsèque au fonctionnement sémantique des énoncés à l’intérieur même du discours.

Par ailleurs, avant de décrire la relation de paraphrase au niveau des énoncés, il serait opportun de soulever la question de la "signification des énoncés" ce qui nous renvoie à la problématique de l’interprétation des énoncés, lors de leur production par le sujet, et de leur compréhension par le co-énonciateur. Vu la polysémie des énoncés, ces derniers sont soumis à plusieurs types d’interprétation d’où la nécessité de ne pas restreindre la relation de paraphrase à une équivalence sémantique. L’analogie sémantique entre énoncés doit être prise en considération dans le cadre d’une dynamique sémantique. Cette dernière peut subsister jusqu’au point où l’on s’aperçoit d’une discontinuité de signification, d‘une rupture de sens entre les énoncés.

Notes
58.

- Fuchs C., (1994), Paraphrase et énonciation, Paris, OPHRYS, p 1