2. Des constructions spécifiques aux discours académiques

Les modes de diffusion du savoir sont nombreux. Face à chaque situation didactique, l’enseignant fait appel à un certain nombre de procédés linguistiques qui correspondent au raisonnement de l’enseignement souhaité. Lors de ses différentes activités discursives, il présente, définit une notion, établit des rapprochements entre des phénomènes économiques ou sociaux, émet des hypothèses les infirme ou les confirme en employant des outils linguistiques appropriés.

Nous avons constaté que les discours académiques d’économie politique se caractérisent par la présence de constructions syntaxiques qui permettent de construire le sens des phrases et établissent des liens sémantiques entre les énoncés de différentes manières. La construction du passif, par exemple, est très fréquente dans le discours scientifique. Elle suppose l’effacement de l’énonciateur...

L237P :«… les auteurs classiques et notamment Adam Smith étaient contemporains de la révolution industrielle (…) donc il est normal que en faisant des analyses économiques à cette époque ces auteurs soient imprégnés par cet aspect des choses ».

(1ère heure de CM d’économie politique 1er semestre année 2001).

…de la définition

L611P :«… alors le turnover c’est le fait que les salariés changent rapidement d’entreprise (…) et plus le turnover est important plus celle qui tout simplement l’entreprise va voir la durée moyenne d’emploi de ces salariés diminuer c’est-à-dire qu’un employé va rester ne serait-ce que six mois un an deux ans dans une entreprise et ben il va partir il va changer il va aller dans une autre entreprise… »

(1ère séance de TD d’économie politique 1er semestre année 2001)

ou de l’hypothèse

L112P :« si l’on croit la première hypothèse il est évident que si delta x est positif delta u le sera également (… ?) par exemple si delta x est positif ça veut dire que la quantité consommée de bien x x deux est supérieur à x un x 2 > x 1 …».

(5e heure de CM d’économie politique 1er semestre année 2001).

Dans le deuxième extrait, l’introduction du concept « turnover » est précédée de deux constructions syntaxiques le turnover «… c’est le fait… » et « c’est-à-dire ». Elles permettent respectivement, la définition du concept spécialisé et l’explication concrète de son contenu.

De la même manière, dans le troisième extrait, les constructions syntaxiques « si l’on croit » permet l’introduction de l’hypothèse dans le discours et « ça veut dire » l’ajout d’une information supplémentaire rendant l’hypothèse plus explicite.