B. Prologue (espace plein)

A part le chapitre premier, le prologue se passe en 3 jours : le soir de l’événement, le jour de l’assassinat qui commence la veille où il y a un court dialogue entre Mouchette et ses parents , et une soirée chez le docteur Gallet. Nous avons remarqué plus haut que la plupart des personnages restent dans leur espace propre et seuls deux personnages (le père Malorthy, Mouchette) franchissent les espaces. Mme Gallet (Zéléda), à laquelle se juxtapose le déplacement du jardinier, a une fonction spécifiquement figurative par son absence de la maison et sa présence. Ces déplacements d’acteurs dans l’espace s’articulent avec le déroulement du temps du récit. Dans la schématisation de l’ensemble du prologue : ‘schéma I.4.1.1.B’, les chapitres du roman ne correspondent pas avec notre découpage.

« schéma I.4.1.1.B » :
« schéma I.4.1.1.B » :

Dans ce schéma, nous avons repéré seulement le déplacement essentiel des acteurs en fonction du temps qui permet un découpage des scènes figuratives du prologue.

Ainsi, chaque fois que les deux Malorthy se déplacent dans des lieux différents, les propriétaires de ces lieux les reçoivent comme des gens embarrassants. Ils ne songent qu’à se débarrasser d’eux. Il n’y a qu’un lieu qui les accueille, c’est leur maison. Et c’est ce qui est tragique, pour Mouchette, car cette maison est pleine d’anti-valeurs : « Que craindre au monde, sinon la solitude et l’ennui ? Que craindre, sinon cette maison sans joie ? » 131

Ces observations discursives nous permettent de dégager les transformations qui sont l’effet d’une rencontre, et nous avons remarqué que ces rencontres sont événementielles (rencontre-événement 132 ). Parmi ces transformations, nous verrons seulement celle que subit Mouchette. Mouchette se transforme un matin du mois de juin, après avoir rencontré M. le marquis. Cette rencontre lui permet d’orienter son désir jusqu’ici resté immanent. Elle sera l’objet de notre analyse au chapitre 1er de la troisième partie de ce présent travail.

Notes
131.

p.25

132.

‘La rencontre-événement’ doit avoir plusieurs conditions : 1) les personnages doivent subir une transformation à cause de l’aspect surprenant d’une rencontre (voir schémas II.4.3.1.a et b) ; 2) les personnages doivent recevoir un appel particulier au moment du premier contact (voir II.4.2.2) ; 3) les personnages doivent avoir un temps d’interprétation pendant ou après la rencontre où ils sont traversés par l’objet parlé (voir II.4 et IV.2) ; 4) on doit voir apparaître une re-catégorisation du statut de ces personnages (voir schéma II.4.3.2.B.c)