Le parcours de l’abbé Donissan est marqué aussi par deux rencontres-événements : l’entretien avec l’abbé Menou-Segrais (dans la nuit de Noël) ; la rencontre inattendue avec Mouchette. Ces deux rencontres s’enchaînent ensuite avec les autres rencontres dans son parcours. Celle avec l’abbé Menou-Segrais lui révèle un but à poursuivre : la ‘Sainteté’. Pour parvenir à ce but, il lutte contre Satan par des mortifications. Mais un autre moyen lui est donné, c’est son ministère (les confessions). Grâce à ces deux moyens, il remporte des succès jusqu’à sa rencontre avec Mouchette. C’est par le suicide de celle-ci que la valeur des deux moyens pour atteindre la ‘Sainteté’ est annulée. Dans la dernière partie de SSS, l’abbé Donissan devenu curé de Lumbres poursuit son parcours à l’aide de ces deux moyens (mortification et confession) qui ont perdu leur valeur. Il n’en voit plus l’utilité pour ‘sauver les pécheurs’. Cependant dans sa paroisse, tout le monde l’appelle ‘le saint’, malgré lui. La dernière partie de SSS rapporte un seul miracle que paradoxalement le curé a essayé d’obtenir mais qui a échoué. C’est par cet échec que le curé de Lumbres retrouve son espoir, et sa vraie fonction de prêtre : être le médiateur entre Dieu et les pécheurs.
Programme imaginé | Programme réel | |
Manipulation | Un appel à la sainteté | Envoyé (devoir) |
Compétence | Mortification, confession + vision | Obéissance |
Performance | Sauver les pécheurs / miracle | Ecoute ou être là |
Sanction | Sainteté Echec (suicide de Mouchette / miracle raté) |
Sainteté à recevoir |
Le programme imaginé échoue, parce qu’il bute sur Mouchette. Cet échec fait suite à l’enthousiasme de l’abbé Donissan. En conséquence, pour le deuxième programme, le curé de Lumbres, donc l’ancien vicaire de Campagne, n’a plus d’enthousiasme pour ses exercices. La cause de l’échec du deuxième programme aussi vient du réveil de son enthousiasme (encouragé par l’abbé Sabiroux) pour la réalisation d’un miracle chez Havret. Ce dernier échec lui fait découvrir son véritable ministère. Le parcours de l’abbé Donissan est donc marqué par deux rencontres qui se sont soldées par un échec. Le premier échec enlève tout enthousiasme à l’abbé Donissan, et il bascule dans le désespoir. Le deuxième échec au contraire lui redonne l’espérance, et lui fait découvrir la juste place de son ministère. Il retourne alors dans sa paroisse, et assume son ministère avec foi. C’est à ce moment-là (après le deuxième échec) qu’il fait un contrat fiduciaire avec sa vocation.
Vision (valeur = sainteté) → rencontre-événement → vision (valeur ?)
Mme Havret appelle chez elle le curé de Lumbres dans l’espoir d’un miracle. Il entend une voix mystérieuse au seuil de cette maison qui lui suggère le miracle comme un signe de sainteté. Avec cette conviction, il entre dans la chambre de l’enfant mort. SSS donne divers points de vue sur cet événement. Le curé de Lumbres quitte la chambre persuadé que le miracle a eu lieu et repart vers Lumbres. Cependant il connaîtra sur son chemin de retour que l’enfant n’est pas ressuscité et que Mme Havret est devenue folle. La figure ‘saint’ reviendra dans son dernier discours 154 .
Miracle (valeur = sainteté) → rencontre-événement → espérance (≒ sainteté)
↘ ? (=sainteté) ↗
Dans son parcours, Donissan traverse deux rencontres-événements 155 qui lui permettent de découvrir la vraie signification de la sainteté dans l’espérance.
p.284 « Nous ne sommes point ces saints vermeils à barbe blonde que les bonnes gens voient peints, et dont les philosophes eux-mêmes envieraient l'éloquence et la bonne santé. Notre part n'est point ce que le monde imagine. Auprès de celle-ci, la contrainte même du génie est un jeu frivole. Toute belle vie, Seigneur, témoigne pour vous ; mais le témoignage du saint est comme arraché par le fer. »
voir note 130