B) Exemples illustrés

  • i) Mouchette  : dès le départ de sa vie romanesque, une tierce instance intervient et renforce une relation binaire. Par exemple, pour son baptême, le curé s’oppose au père Malorthy à propos de prénom à donner à sa fille (elle est donc l’objet de leur discussion). Dans cette relation opposée, le curé introduit la troisième instance : ‘la permission de l’évêque’ (p.13), qui renforce le pouvoir du curé pour que la fille ait un nom chrétien : Germaine.
    ‘Mme Gallet’ (p.57-67) assure un troisième instance (toute puissance) pour le docteur Gallet. Pendant son absence, Gallet fait l’amour avec Mouchette. Mais après la révélation du meurtre que lui fait Mouchette, Gallet devient l’opposant décisif. A la fin de cette scène, Mme Gallet devient alliée de Gallet pour s’opposer à Mouchette qui devient folle. Ce n’est pas tout à fait le changement d’un camp à un autre d’une relation binaire ... Gallet s’est transformé par sa rencontre avec Mouchette, devient son opposant décisif, donc cette rencontre leur est devenue une rencontre-événement avec le résultat négatif qui a renforcé la relation binaire.
  • ii) L’abbé Donissan  : après son 1er entretien avec l’abbé Menou-Segrais, pour répondre à l’appel à la ‘sainteté’, il décide le combat contre Satan prenant ses mortifications comme pouvoir-faire : Donissan (+ mortifications) – les pécheurs (objet) – Satan (rival). Dans ce cas, la sainteté sera l’objet-message (la récompence) de son combat.

Dans le cas du miracle raté (p.236-237), le curé de Lumbres appelle un tiers actant (l’instance transcendante) en vue de vaincre Satan qu’il a rencontré dans les yeux de l’enfant mort, et il construit une structure de combat : Lui (+ le recours de Dieu) – l’enfant (objet) – Satan (rival). Cette fois-ci, il change seulement sa compétence (pf) : au lieu de compter sur sa pénitence, il prend Dieu comme sa modalité du ‘pouvoir-faire’. A ce moment-là, le curé de Lumbres élargit un peu plus son champ de bataille, puisqu’il y introduit Dieu, et cette structure reste binaire.

Ainsi les structures binaires que l’abbé Donissan construit sont comme celles de Mouchette, Saint-Marin, Mme Havret. Pour ces structures, s’il y a un troisième acteur, il assure le rôle adjuvant ou opposant pour la réalisation d’un PN. Dans ces cas, l’autre (le tiers personnage) intervient dans la phase de compétence, tantôt pour renforcer la modalité du pouvoir-faire, tantôt pour empêcher la réalisation d’un PN.

Dans « la lettre de l’évêque », l’évêque intervient en tant que destinateur dans un scandale provoqué par Donissan. Dans ce scandale, le vicaire et les parents sont en opposition. L’intervention de l’évêque occupe la place d’un Tiers actant (l’instance transcendante) pour juger , l’évêque est donc un Destinateur du fait réalisé comme dans les contes. Cependant ce tiers (évêque) intervient avec ses valeurs propres (humaines) qui renforce le camp des parents. L’intervention de l’évêque n’est donc qu’une nouvelle forme d’opposition pour l’acteur Donissan.