Chapitre Premier. Les ‘figures’ en rhétorique

Gérard Genette publie cinq volumes sous le titre de ‘Figures’. Dans son premier volume, un article est consacré aux « figures ». Il s’agit de clarifier et de tirer profit de la ‘figure’ de la rhétorique classique, sujet de ‘traités’ multiples, en vue d’établir ‘un code’. A la fin de cet article, G.Genette réaffirme que la rhétorique des figures vise à établir ‘un code des connotations littéraires’. Suivant la théorie de Roland Barthes 174 , il s’agit ‘des Signes de la Littérature’, sous-entendant un déplacement de statut de la ‘figure’ rhétorique. Dans un autre article de ce premier volume (« L’envers des signes »), G.Genette utilise en effet le schéma de la connotation de Barthes pour décrire la rhétorique. Dans ce schéma, il place la ‘figure’ au-dessous de la ‘signification 1’ 175 . Ce rapprochement nous invite à regarder de plus près la théorie de la connotation de Barthes tel qu’il la présente dans『Mythologies 176 . Nous savons que la connotation de Barthes est une théorie de la lecture. Le rapprochement que fait G.Genette entre la ‘figure’ (de la rhétorique classique) et la ‘signification’, du schéma de『Mythologies』, nous suggère qu’il y a une place pour la ‘figure’ dans la théorie de l’énonciation (au sens de la sémiotique greimassienne). Par ailleurs, Barthes propose de traduire elocutio, désignant l’étude des figures de l’ancienne rhétorique, par ‘énonciation’ ou à la rigueur par locution 177 .

L’objectif de notre travail est donc de déceler comment G.Genette déplace la conception des ‘figures’ de la rhétorique à l’aide de la connotation barthésienne. Ensuite, nous voyagerons dans l’histoire avec Barthes, pour observer comment la ‘figure’ a eté conçue et a évolué. Selon lui, l’elocutio, qui est une des trois parties du discours, a fini par ‘absorber’ toute la Rhétorique. L’étude de G.Genette, « la rhétorique restreinte », Figures III 178 , facilitera notre parcours. Dans cet article, G.Genette présente la rhétorique classique comme une suite de restriction des figures qui finalement convergent en une seule figure ‘la métaphore’. Diverses définitions des figures pas toujours aisées, selon G.Genette, suivront ensuite. Enfin, nous finirons ce chapitre en envisageant comment la nouvelle rhétorique intègre la théorie de l’énonciation. Nous restreindrons notre étude au point de vue de G.Genette, initiateur de la ‘narratologie’.

Notes
174.

G. Genette, Figures I, Paris, Seuil, 1966, p.220 : « La rhétorique des figures a donc pour ambition d’établir un code des connotations littéraires, ou de ce que R.Barthes a appelé les Signes de la Litérature. » ; voir Roland Barthes, Le degré zéro de l’écriture, à l’introduction.

175.

G. Genette, 1966, p.193

176.

R. Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1957.

177.

R. Barthes, Communications, n°16, 1970

178.

G. Genette, Figures III, Paris, Seuil, 1972.