2.2 La rhétorique classique

Depuis 1630, la rhétorique devient l’étude des figures. Nous nous contenterons ici de rappeler qu’au XIIIe siècle, Snorri Sturluson établit un glossaire complet de métaphores. Celui-ci est considéré comme un acte anti-poétique par les rhétoriciens contemporains selon G.Genette 200  : « Réduire chaque Kenning au mot qu’elle représente n’est pas dévoiler des mystères c’est annuler le poème » 201 . Puisque la littéralité du langage apparaît aujourd’hui comme l’être même de la poésie, dit G.Genette, les décodages de métaphores (une allégorie sans mystère) sont ainsi vivement critiqués. Mais alors d’où viennent ces décodages ?

La rhétorique antique peut en effet être divisée en trois parties : elocutio (le travail du style : rhétorique de l’expression), dispositio (rhétorique de la composition), inventio (rhétorique du contenu : répertoire des thèmes). Parmi ces trois parties, c’est dans la première ‘elocutio’ que les figures ont la plus grande place. C’est ‘l’ancêtre de la sémantique et de la stylistique modernes’, que Dumarsais et Fontanier nomment par commodité « rhétorique » tout court. Ainsi la rhétorique devient l’étude des figures.

Notes
200.

Par exemple, Kenningar de la poésie scandinave: « le puissant bison de la prairie de la mouette » est une laborieuse équation du second degré, dont la prairie de la mouette, c’est la mer, le bison de cette prairie, c’est le navire. Ce type de l’interprétation est ensuite vivement critiqué par les rhétoriciens modernes en disant : « l’auteur n’a pas voulu dire (cela). S’il avait voulu dire, il l’aurait dit. »

201.

G. Genette, 1966, p.205