C’est dans『Figures III』, que G.Genette revient à la rhétorique des figures. Dans son article intitulé « la rhétorique restreinte », il pose l’affirmation que l’histoire de la rhétorique, ‘de Corax à nos jours’, est celle d’une ‘restriction généralisée’. Il y remarque en premier lieu l’apparition simultanée de trois textes rhétoriques dans les années 1969-1970. Il s’agit de『Rhétorique générale』du groupe de Liège, de l’article de Michel Deguy, « Pour une théorie de la figure généralisée », et de l’article de Jacques Sojcher, « La métaphore généralisée ». Ces trois textes montrent unanimement que le parcours historique de la rhétorique n’a cessé de se rétrécir : Rhétorique-figure-métaphore. Pourtant dans la Rhétorique d’Aristote, une théorie des figures n’y méritait encore aucune mention particulière : ‘quelques pages seulement sur la comparaison et la métaphore, dans un Livre (sur trois) consacré au style et à la composition’, rappelle G.Genette.
L’objectif de son étude est de parcourir les ultimes étapes de l’enquête historique donc le passage de la rhétorique classique à la néo-rhétorique moderne. Il vise ainsi s’interroger sur leur signification, afin d’introduire une nouvelle discipline ‘l’étude du récit (narratologie)’ dans la lignée de la rhétorique traditionnelle.
Il commence par le traité de Dumarsais, Des Tropes, publié en 1730, que G.Genette considère non comme celui d’un rhétoricien, mais d’un linguiste ou d’un sémanticien (à la suite de Bréal). Car l’auteur de Des Tropes place au centre des études rhétoriques, la théorie des figures du sens, donc il met au centre de la pensée rhétorique l’opposition du propre et du figuré 202 .
Fontanier impose un traité des figures mais le principe est purement tropologique. Donc le trope installé au coeur paradigmatique (de ce qui n’est plus qu’une théorie des figures), la théorie des figures devient la classification des tropes. Dumarsais a déjà établi une liste de dix-huit tropes, et proposé la possibilité de les hiérarchiser. Vossius a déjà indiqué les quatre principes de la hiérarchie des tropes : la métaphore, la métonymie, la synecdoque, et l’ironie. Dumarsais avec ses principes de similitude, contiguïté, et opposition, réunit la synecdoque et la métonymie dans un même principe de relation et de liaison. Quant à Fontanier, il exclut l’ironie des tropes en le considérant comme figure ‘d’expression’ 203 . Ainsi le trope est réduit au couple figural : métaphore et métonymie.
Cette réduction s’observe dans les études de formalisme russe, dès l’ouvrage de Boris Eichenbaum sur Anna Akhmatova en 1923 204 , ainsi que dans le livre de Roman Jakobson, Deux aspects du langage et deux types d’aphasie (1956). Jakobson y propose deux axes linguistiques : paradigme et syntagme.
Pourtant la réduction ne s’arrête pas là. Une nouvelle réduction est faite sur la seule métaphore par l’introduction de la notion du ‘modalisateur’ 205 . C’est ainsi qu’au regard d’un sémioticien, se trouve une rencontre entre la figure et son sujet d’énonciation, au centre de la rhétorique des figures.
G. Genette, 1972, p.23
trope en plusieurs mots et donc pseudo-trope
G. Genette, 1972, p.25. Dans cette étude, on observe double équivalence : métonymie = prose, métaphore = poète.
G. Genette, 1972, p.27-30 (voir surtout p.29 note 1)