B. Topos/topique

La Topique est une partie de l’Inventio chargée de fournir des contenus au raisonnement. La définition de Dumarsais, entre autres, est intéressante à souligner (en lien avec la ‘langue naturelle’ dans l’étude languistique) : « Les lieux sont les cellules où tout le monde peut aller prendre, pour ainsi dire, la matière d’un discours et des arguments sur toutes sortes de sujets. » 208

a) Trois définitions de la topique :

A la topique, on attribue en général trois définitions : ① une méthode ; ② une grille de formes vides ; ③ une réserve de formes remplies.

C’est dans la deuxième définition, la ‘topique-grille’, que l’Antiquité et le classicisme ont produit plusieurs topiques, définies soit par le groupement affinitaire des lieux, soit par le choix des sujets. Pour le premier groupement, Lamy donne trois lieux : la grammaire, la logique, la métaphysique, c’est une topique aristotélicienne. Le deuxième groupement se divise en quatre genres : i) la Topique oratoire qui comprend trois topiques : une topique des raisonnements, une topique des moeurs (ethè), et une topique des passions (pathè) ; ii) une topique du risible ; iii) une topique théologique ; iv) une topique sensible ou topique de l’imagination. C’est dans cette quatrième (topique sensible) que Barthes voit une ancêtre de la critique thématique qui procède par catégories et celle de Bachelard (« en somme : l’ascensionnel, le caverneux, le torrentueux, le miroitant, le dormant, etc., sont des ‘lieux’ auxquels on soumet les ‘images’ des poètes » 209 ).

b) La topique oratoire

La Topique proprement dite est celle de oratoire (aristotélicienne), elle comprend deux parties : les lieux communs et les lieux spéciaux.

1. Les lieux communs, pour Aristote, sont au nombre de trois : possible/impossible, existant/non-existant (ou réel/non-réel), plus/moins. Ces trois lieux conviennent chacun à l’un des trois genres oratoires : le premier convient au délibératif (est-il possible de faire ceci ?), le deuxième au judiciaire (le crime a-t-il eu lieu ?), le troisième à l’épidictique (éloge ou blâme).

2. Les lieux spéciaux (éidè, idia) sont des lieux propres à des sujets déterminés.Ce sont les vérités expérimentales attachées à la politique, au droit, aux finances, à la marine, à la guerre, etc.

A l’aide du topos/topique, nous pouvons pratiquer l’analyse thématique des textes.

Notes
208.

R. Barthes, L’aventure sémiologique, p.137

209.

Communication, n°16