La citation de Racine éclaire la nature de la figure rhétorique classique : « Je ne pense pas mieux que Pradon et Coras, mais j’écris mieux qu’eux. » Par là, Racine parle d’un écart qui existe entre la pensée et l’écrit (manière de donner une pensée). Cet écart possède une forme qu’on appelle figure. « Il y aura autant de figures qu’on pourra trouver de formes à l’espace à chaque fois ménagé entre la ligne du signifiant (la tristesse s’envole) et celle du signifié (le chagrin ne dure pas) », dit G.Genette.
‘« L’esprit de la rhétorique est tout entier dans cette conscience d’un hiatus possible entre le langage réel (celui du poète) et un langage virtuel (langage simple et commun) qu’il suffit de rétablir par la pensée pour délimiter un espace de figure. » 212 ’Donc pour la rhétorique, cet espace de figure n’est pas vide, car l’art de l’écrivain en dessine les limites par son style, corps visible de la Littérature 213 . Incluant dans le style, non seulement le style figuré, mais le style simple et le degré zéro (figure zéro), G.Genette dit que le langage de la rhétorique est saturé de figures. Il conclut que la rhétorique est un système de figures. Cet espace vide, comblé d’un sens plein grâce à l’art de l’écrivain, se rapproche de la figure sémiotique, où la place de l’écrivain est vide pour le lecteur et ne sera jamais comblée. Cette place vide appelle une instance d’énonciation.
G. Genette, 1966, p.207
c’est le code rhétorique : métaphore, métonimie, synecdoque, litote, etc...