A. La figure et son appartenance propre au discours

J.Geninasca, s’intéressant au mode d’existence des figures dans le discours, remarque que l’étude des figures que mène Greimas 284 est exclusivement celle d’un lexicologue. Il s’oppose à la conception greimassienne qui accorde la priorité aux ‘figures’ comme simulacres inscrits dans le discours des unités-signes de la sémiotique du monde naturel. Il trouve une double difficulté dans une telle conception 285 , car le rapport de la sémiotique de la langue naturelle avec celle du monde naturel n’est jamais de biunivocité. D’une part, même s’il est vrai que les figures, en tant qu’objets cognitifs, n’ont d’existence dans le discours qu’à travers les formants de la langue naturelle, le lexème ‘tête’ dans l’expression de ‘tête d’épingle’ par exemple, ne renvoie pas à une ‘partie du corps’ du monde naturel, mais appartient au syntagme dans son ensemble ; celui de porter le trait nominal et de ‘dénoter’ une figure (partie d’une totalité non-animée), munie, à l’intérieur du rôle thématique : couturière, du rôle actantiel : instrumental. (Cet exemple montre que la figure mise en discours inclut en elle-même le classème : non-animé.) D’autre part, « à toute figure ne correspond pas un formant défini de la langue naturelle », car les discours sont en mesure de construire des figures inédites. Ces deux remarques donnent à la figure son premier caractère spécifique dans le discours. Même au niveau d’un lexème, le classème qui permet l’isotopie n’est pas exclu de la construction d’une figure dans une phrase. C’est en fonction du contexte.

Notes
284.

A.J. Greimas, 1966.

285.

J. Geninasca, 1985, p. 204.