Conclusion de la deuxième partie

Avant d’aborder le chapitre 4, nous avons d’abord posé une question: peut-on considérer la rencontre comme une figure, puisqu’elles sont toutes deux susceptibles de s’investir dans une structure ? Au cours de l’élaboration du modèle figuratif de la rencontre, nous nous rendons compte que la rencontre n’assure pas tout à fait la fonction qu’une figure assure dans un texte.

Nous savons qu’on peut observer une figure à partir de trois éléments figuratifs : acteur, temps, espace. En construisant le modèle figuratif de la rencontre, nous avons découvert qu’une rencontre fonctionne plutôt comme cadre (spatio-temporel) dans lequel les figures d’acteurs trouvent à se confronter. Elle dispose pour eux d’un lieu et d’un temps (figuratif) favorable, dans lesquels les acteurs se re-positionnent (se redéfinissent) par rapport à la vérité révélée et à la nouvelle valeur telles que la rencontre les met à leur portée.

Si donc on ne peut pas dire que la rencontre n’est pas une figure d’acteur, peut-on considérer une rencontre comme une figure d’espace ou une figure du temps ? Notre réponse est plutôt négative, car une rencontre est à la fois l’espace et le temps dans lesquels jouent les figures d’acteur. Faisons donc une hypothèse : même si une rencontre est susceptible de recevoir une structure comme une figure, elle n’entre pas dans une des catégories figuratives qui sont acteur, temps, espace. Par conséquent, la rencontre, bien qu’elle forme une structure en soi, n’est pas une figure, mais elle est autre chose qu’une figure. La troisième partie du présent travail nous sera favorable pour définir le statut de la rencontre. Nous reviendrons sur ce problème dans la quatrième partie.

Une autre question a été soulevée pendant l’élaboration du modèle figuratif de la rencontre que nous venons de construire. Ce modèle est construit à partir de l’énoncé-texte (SSS). L’observation de la recatégorisation des rôles thématiques des acteurs dans la syntaxe discursive est cependant intéressante pour la suite de l’élaboration (théorique) sur le plan de l’énonciation 402 , puisque cette recatégorisation est aussi offerte au lecteur par rapport à sa rencontre avec le texte lorsque la lecture devient événementielle. Par exemple, à la fin de SSS, le lecteur constate une énonciation énoncée un peu particulière 403 qui semble s’adresser à Saint-Marin, mais à cause du dispositif actoriel, cette parole ne s’adresse à aucun personnage du roman, elle va directement du narrateur-énonciateur au lecteur-énonciataire. Tous ceux qui reçoivent cette dernière parole de SSS (pendant la lecture), font une expérience semblable à une rencontre-événement que les personnages de SSS font dans leur parcours être traversé (ou percé) par une Parole –Op-. Par conséquent, selon la position que prend le lecteur pendant sa lecture par rapport à l’appel particulier qu’il entend, il peut être recatégorisé suivant le ‘schéma II.4.3.2.B.c’. Nous approfondirons ce problème dans la quatrième partie.

Notes
402.

‘énonciation non énoncé’ selon l’expression de J. Delorme.

403.

p.284, surtout : « ‘Tu voulais ma paix’, s’écrie le saint, ‘Viens la prendre !’ »