Chapitre 2. Les rencontres de l’imaginaire

Ce chapitre contient trois analyses des textes de la rencontre : la rencontre de rêve de l’acteur ‘Mouchette’, et les deux rencontres (‘ténébreuse’ et ‘lumineuse’) de l’acteur ‘l’abbé Donissan’.

L’acteur Mouchette se transforme doublement à travers une heureuse rencontre avec le marquis de Cadignan : D’abord elle découvre un personnage idéal dans la personne du marquis, et elle devient le sujet de la quête de cette relation, lorsqu’elle comprend que cette relation s’oppose à l’idéologie de son père. Autrement dit, en rencontrant son idéal (marquis), elle constate aussi que son père sera un opposant à cette relation (anti-PN). Cette constatation transforme Mouchette en un sujet de quête. (1ère transformation : S → O) Cette 1ère transformation prend ensuite une modalité (face à l’anti-sujet qui est le père) sur le plan du paraître car un secret naît en elle. C’est dire que, pour la réalisation de sa quête, elle se sert du secret comme d’une compétence. Ainsi, à travers la rencontre, son désir trouve une orientation, elle devient à présent le sujet d’une attente (2ème transformation : S ← O (figure du temps)), et elle attend ‘le moment d’oser et de vivre’, mûrissant en elle la compétence (« savoir-aimer ») en vue de son objectif, elle creuse en profondeur son désir ardent pour vaincre l’obstacle, l’idéologie du père.

L’abbé Donissan, de son côté, découvre sa compétence (‘vision mystérieuse’) à travers deux personnages : le maquigon et le carrier, pendant la nuit sur la route d’Etaples. Ensuite il se formule à lui-même avec clarté la part qui lui revient dans sa mission christique : ‘être le dispensateur de la paix pour les pécheurs’ 437 . Après cela il s’investit pleinement dans cette mission christique telle qu’il se l’est formulée.

Pourtant les deux acteurs (Mouchette et Donissan) subissent des échecs dans le parcours entrepris. Qu’y a-t-il dans leurs découvertes ? Pourquoi ces échecs malgré les compétences des deux acteurs qui apparemment sont bien équipés pour réaliser leur projet ? Et de surcroît, ne serait-ce pas que la signification de l’échec lui-même s’est déplacée à travers leurs parcours ? Dans les analyses ultérieures, notre intérêt porte sur la question : ‘comment les compétences de ces deux acteurs se sont-elles construites à travers leur rencontre décisive ?’

Notes
437.

p.145