2.4 Conclusion provisoire

Nous avons fait l’analyse de la rencontre ténébreuse dans l’ordre suivant : le découpage, l’ampleur de son corpus, la problématique de l’analyse narrative. Un simple découpage des scènes figuratives permet de relever déjà un grand nombre d’éléments propres au texte ; la seule analyse narrative ou la seule analyse thématique ne pouraient rendre compte de la richesse énonciative du texte. Une rencontre ne peut pas être programmée. La rencontre ténébreuse finit sur un mode onirique, comme un cauchemar. De plus, après la rencontre lumineuse, se trouvant seul, Donissan s’en souvient encore comme d’un rêve. Ces rencontres lui laissent l’impression d’une illusion extraordinaire (comme une douce rêverie). Peut-être à ce stade, la nécessité de sa rencontre avec Mouchette s’impose-t-elle cette nuit-là. Rencontrer un personnage qui résiste à son illusion ... Cette jeune femme rencontrée sur le chemin de son retour à Campagne, ne l’a-t-elle pas fait revenir à la réalité, et ne lui a-t-elle pas révélé le réel d’autrui qui ne se soumet pas à son illusion, mais qui lui demande plutôt une écoute attentive et active ...

La rencontre ténébreuse finit par l’impression onirique. A 1ère vue, il semble qu’on retrouve un schéma ressemblant à celui de la structure-modèle de la rencontre (II.4.4). En effet, il y a une subtile (ou grande) différence entre ces deux schémas (voir ci-dessous). Observer cette rencontre sous cet angle-là peut nous donner une meilleure compréhension de la vraie Rencontre. Après les avoir observés, nous terminerons ce chapitre par un mot sur l’égarement (énigmatique) de Donissan sur la route d’Etaples, sur la figure d’ami (ou plutôt sur la nature de l’amitié) et sur la vision.